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Quand l’entreprise retrouve du sens…

Dans un monde matérialiste en quête de sens, on ne l’attendait pas sur ce terrain, mais elle s’y installe de plus en plus ; et manifestement s’y plaît. Qui ? L’entreprise, bien sûr.

 Il fallait être mercredi 30 janvier à la Halle Tony Garnier où avaient pris place plus de trois mille patrons de TPE et de PME, pour s’en convaincre.

 Cette soirée a pour une fois magnifié l’entreprise, non pas sur son angle business, profit et taux de croissance, mais sur celui de son engagement social et sociétal, bref sa RSE ou Responsabilité Sociale et Environnementale.

 Comme dit Alain Mérieux, « j’en ai assez des colloques, des commentateurs, des spécialistes qui parlent à longueur de journée. Nous chefs d’entreprise, ce qui nous intéresse, c’est l’action et là, nous avons un vaste champ qui nous attend… »

 C’est François Turcas, président de la CPME qui a ouvert le bal.

« L’entreprise doit se réinventer »

 « L’entreprise doit désormais se réinventer. Il y a une prise de conscience très profonde désormais chez les entrepreneurs de leur responsabilité. Les entreprises doivent assurer un engagement sociétal et culturel fort : la quête de sens, est devenue fondamentale, non seulement chez les chefs d’entreprise, mais aussi chez leurs salariés et notamment les plus jeunes ».

 Il a été suivi par Alain Mérieux, l’un des deux parrains de la soirée venu présenter son très ambitieux et courageux projet impliquant directement les entreprises et leurs salariés : « l’Entreprise des possibles » qui vise à éradiquer le sans-abrisme dans la Métropole lyonnaise.

 L’entreprise doit intervenir au niveau social, scanda le président de l’Institut Mérieux.

 Vincent Carry, directeur d’Arty Farty, notamment créateur des Nuits Sonores à Lyon, rajouta une couche, musicale, théâtrale,etc. , cette fois pour convaincre les patrons présents que l’entreprise doit aussi être actrice de la culture ; via le mécénat, mais pas que.

 « Nous sommes sortis de la logique de la culture 100 % publique ; et là, les entreprises ont un rôle important à jouer : les entreprises épanouies ont besoin de s’exprimer dans une société épanouie. La culture est un creuset pour l’innovation…»

 En contrepoint de toutes ces interventions, une bonne partie des trophées décernés sur la scène de la Halle Tony Garnier traduisirent concrètement les propos tenus ce soir là.

Des trophées très RSE

 Qu’il s’agisse d’ « ABCR-une faim d’apprendre » qui, animé par deux Toques Blanches pratique la réinsertion par la cuisine (trophée de l’innovation sociale) ; voire encore de Desautel, le fabricant d’extincteurs qui a fortement réduit son empreinte carbone (trophée de l’environnement) ; ou encore de « Recettes et Cabas » qui, inspiré d’un concept suédois propose des sacs de course pré-remplis locavores et à haute qualité nutritionnelle ; et bien d’autres encore.

 Bref, ce soir là, l’entreprise s’est donné du sens et s’est retrouvée bienveillante et humaniste.

 La marque d’un infléchissement qui illustre une mutation profonde qui ne fait sans doute que commencer. Une inflexion indispensable si le capitalisme et l’économie de marché veulent se pérenniser.

 Ce n’est sans doute pas un hasard si cette évolution se révèle particulièrement sensible à Lyon, ville profondément marquée par le message social du catholicisme.

 Le capitalisme financier, sans âme, dévoué corps et âme au profit qui écrase l’homme, n’a pas d’avenir. S’il perdure, il va au-devant de graves désordres comme l’illustrent déjà l’irruption des populismes, des gilets jaunes. Une frange non négligeable des chefs d’entreprise l’a désormais compris.

 Vive le capitalisme entrepreneurial, ancré et solidaire de la Cité. Tel était le message délivré ce soir là à la Halle Tony Garnier…