Qwant, l’anti-Google français a de beaux jours devant lui…
On le sait, malheureusement, ni l’Europe et a fortiori la France n’ont été capables de créer l’équivalent d’un Google ou d’un Facebook.
Faut-il pour autant baisser les bras et se faire une raison de la suprématie américaine ?
Pas si sûr. L’arrivée d’Emmanuel Macron à la présidence de la République, que l’on sait particulièrement sensible au Numérique, pourrait peut-être donner un coup de fouet à celles que l’on surnomme les « licornes », c’est-à-dire ces start-up devenues en quelques années des entreprises européennes, voire mondiales et dépassant le milliard d’euros de chiffre d ‘affaires.
« Un Google français en marche »…
Il en est une dont vous n’avez probablement pas encore tendu parler, pourtant son ambition est rien de moins que de concurrencer Google. Et ce, en proposant un modèle très différent de la firme de Montain View en Californie, c’est-à-dire le respect de la vie privé des Internautes en ne traçant pas ses utilisateurs. Un argument qui commence à faire sérieusement mouche.
Qwant, tel est le nom de cet anti-Google, créé par Eric Léandri, est né en 2013 en France, se proposant dès sa naissance comme « le » moteur de recherche européen sur Internet.
Nombreux étaient ceux qui ne donnaient pas cher de sa peau.
Après des débuts il est vrai un peu difficile, Qwant a commencé à prendre son véritable envol en avril 2015, accompagné des encouragements du gouvernement, via Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie. Ce dernier avait alors déclaré qu’un « Google français est en marche ». Sic !
Quarante millions de visiteurs uniques en ligne de mire
Depuis, Qwant est toujours là et ne cesse de marquer des points.
De vingt-six millions de visiteurs uniques fin 2016, Qwant vient de passer la barre des 36 millions. Les 40 millions sont en ligne de mire cette année.
De plus en plus d’acteurs croient en son modèle puisque cette entreprise tricolore vient de lever 18,5 millions d’euros auprès du groupe de presse allemand Axel Springer et de la Caisse des Dépôts française.
Européen, ce moteur de recherche croit aussi aux particularismes : il vient de lancer une version en corse, une autre en breton et une troisième en basque ; et ce, tout en ouvrant d’ici quelques semaines un bureau en Allemagne et d’ici la fin de l’année, un autre en Italie.
Qwant vient également de s’offrir un supercalculateur : DGX-1 qui a la puissance de 250 serveurs classiques. Ce qui va lui permettre de gagner en matière de calcul et surtout de développer ses capacités en matière d’intelligence artificielle. Ce qui va assurer au moteur de recherche européen une multiplication des entrées : via la vidéo, la protection des enfants, la compréhension des résultats d’Internet, la contextualisation des recherches, etc.
Objectif : entre 5 et 8 % de part de marché en Europe
Basé sur des critère positifs, en l’occurrence donc, le respect de la vie privée et la neutralité des résultats affichés sur l’écran, l’exact inverse de ce qui est reproché à Google, Qwant ne cesse donc de grossir. Son objectif est de se rapprocher au plus près les 5 à 8 % de part de marché en Europe en 2018/2019, ce qui serait déjà un beau résultat.
Si le moteur de recherche européen se développe surtout en direction des entreprises, il lorgne désormais aussi vers le grand public. Il va investir 20 millions d’euros pour se développer encore plus sur ce marché, en s’appuyant notamment sur les jeunes avec la déclinaison « Qwant Junior » et un partenariat avec l’Education Nationale.
Discret sur son chiffre d’affaires et ses résultats, Qwant se développe en tout cas et embauche : le moteur de recherche devrait passer de 60 salariés aujourd’hui, à 150 d’ici la fin de cette année et vise les 250 en 2018.
On est certes là loin des 72 000 salariés de Google, actuellement, mais Qwant apparaît bien comme un outsider de plus en plus sérieux. Et il y a fort à parier que son principal argumentaire, le respect de la vie privé et la neutralité des résultats va à l’avenir marquer des points.
Et n’oublions pas que chez Google, ils n’était que huit salariés, en 1999 ; alors…