Rapport Duron sur les grandes infrastructures : Lyon s’en tire bien
« Wait and see ». « Attendre et voir » : tel est le message qu’on retenu les observateurs à la lecture du fameux rapport Duron sur les grandes infrastructures programmées dans notre pays dans les vingt ans à venir. Il a été remis au gouvernement avec l’objectif d’effectuer un tri parmi les très nombreux projets entassés sur le bureau du ministre des transports.
A la trappe les liaisons à grande vitesse Rhin-Rhône ou Bordeaux-Hendaye. Le rapport ne retient qu’une seule liaison nouvelle pour les TGV : Bordeaux-Toulouse, à l’horizon 2030. Toutes les futures liaisons TGV sont repoussées aux calendes grecques.
Le POCL destiné à doublonner la ligne Lyon/Paris par Clermont et Roanne est mis entre parenthèse, sous réserve de saturation de la ligne actuelle qui on le sait bien, est déjà une réalité. Plus précisément, pour reprendre la terminologie technocratique de la commission, il s’agit de « de mieux cerner l’horizon d’opportunité du projet »…
Bref un vrai jeu de chamboule tout dont la région lyonnaise, finalement, sort presque indemne.
Deux gros dossiers qui ne figuraient pas en haut de la pile ont apparemment réussi à faire de l’escalade grâce à un intense forcing des élus rhônalpins dont Gérard Collomb et Jean-Jack Queyranne.
Un tunnel de 9 km pour faire sauter le « nœud ferroviaire »
Le premier concerne le fameux « nœud ferroviaire » lyonnais qui voit passer 1 100 trains par jour et entrave non seulement la circulation ferroviaire de Rhône-Alpes, mais s’agissant d’un passage obligé, de toute l’Europe. Les nouveaux sillons ferroviaires sont distribués au compte-gouttes, ce qui constitue un problème très compliqué à gérer pour Réseau Ferré de France.
La commission Duron ne pouvait fermer les yeux sur ce problème. La suppression du « nœud ferroviaire lyonnais » a ainsi été prise en considération. Le scénario que défend Gérard Collomb commence donc à reprendre de la consistance : la création d’un tunnel ferroviaire de neuf kilomètres, sous l’agglomération, de Saint-Clair à la Guillotière, aboutissant à la gare de la Part-Dieu qui serait, elle aussi, développée en souterrain.
Autre préconisation de la commission : la relance du fameux Contournement Ferroviaire de l’Agglomération Lyonnaise (CFAL), néanmoins classé en 2ème priorité, seulement.
Côté infrastructures routièrse, le président du Grand Lyon qui, en compagnie de Michel Mercier, s’est fait le thuriféraire de « l’Anneau des Sciences », version remixée du contournement Ouest de Lyon, voit sa stratégie confortée par la commission.
Gérard Collomb ne cesse de proclamer qu’il n’y aura pas d’ « Anneau des sciences », s’il n’y a pas de grand contournement autoroutier de Lyon, par l’Ouest ou l’Est, afin que le premier ne serve pas de contournement par défaut, avec saturation à la clef. Son coût est estimé entre 1,2 et 3 milliards d’euros. En conséquence : les études sur l’ « Anneau des sciences » vont se poursuivre.
Cette stratégie se trouve validée : « Le grand contournement autoroutier de Lyon vise à rétablir la fluidité du trafic au droit de Lyon, tout en contribuant aux objectifs du Plan de Déplacements Urbains de l’agglomération lyonnaise », explique le rapport Duron.
Et propose d’accéder à un souhait maintes fois exprimé : « Il conduit à déclasser les autoroutes A 6 et A 7 à l’intérieur du périphérique lyonnais et à supprimer, dès la mise en service du contournement, la continuité routière de l’agglomération. »
Bref, des décisions qui arrivent au bon moment pour le maire de Lyon, candidat à sa succession, à neuf mois des élections municipales.
A 45 et Lyon-Turin : oui, mais
Reste encore deux gros dossiers pour lesquels la commission est moins affirmative.
Concernant l’Autoroute A 45 Lyon-Saint-Etienne, la commisison estime « la poursuite des études indispensables », mais demande à ce que « soit trouvée une solution satisfaisante pour l’arrivée du projet dans l’agglomération lyonnaise afin d’éviter d’y aggraver les conditions de circulation ». Il s’agit en l’occurrence du pont de Pierre-Bénite sur l’A 7 où atterrit actuellement la seule partie de cette future autoroute déjà construite.
Le dernier projet évoqué en filigrane par le rapport Duron est le TGV Lyon-Turin. Estimant qu’il s’agit d’un projet international, la commission ne s’est pas trop apesantie sur le sujet, estimant simplement que la construction des accès au tunnel du côté français, devrait être ralentie. Pour le reste, qui ne dit mot consent…