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Reconfinement : les conséquences de ce nouveau coup de froid sur la croissance

Une vingtaine de milliers de commerces dits non essentiels sont à nouveau fermés en Auvergne-Rhône-Alpes ; le tourisme qui espérait de Pâques à nouveau à l’arrêt : même si les entreprises tournent normalement, le 3ème confinement certes moins drastique que le premier-les Français n’auraient pas supporté- va avoir des conséquences économiques non négligeables qui commencent à être chiffrées.

A Bercy on tablait cette année sur une reprise à 6 %, après un plongeon de 8,2 % l’année dernière.

Finalement après avoir fait tourner leurs calculettes, les conjoncturistes de Bercy voient plutôt une croissance de 5 % seulement cette année. Ce qui signifie qu’à la fin de l’année on ne retrouvera pas encore le niveau de 2019.

La faute bien sûr au troisième confinement, même s’il n’est pas expressivement dénommé comme tel par le gouvernement.

Ecoles, lycées aux portes closes pour quatre semaines, près de 20 000 magasins dit non essentiels en Auvergne-Rhône-Alpes, obligés de baisser leur rideau qui rejoignent les centres commerciaux déjà fermés : les conséquences économiques sont claires alors que l’on sentait, malgré les fermetures des hôtels et restaurants, comme un signe avant coureur de reprise. Ce ne sera pas cette fois encore !

Les professionnels du tourisme auralpins s’attendaient comme chaque année lors du long week-end de Pâques où en général 20 % des Français partent en vacances à une petite vague de réservations. Elle a fini par laisser place à une vaguelette.

Un chômage partiel accentué

En fait tous les secteurs vont être impactés pendant ces quatre semaines si le confinement n’est pas prolongé : la fermeture des établissements scolaires va obliger les parents à recourir massivement au chômage partiel, possible comme l’an dernier lorsqu’aucun parent ne peut télétravailler. Un chômage partiel susceptible aussi de désorganiser le fonctionnement d’un certain nombre d’entreprises, accentuant en tout cas le coût pour les finances publiques puisqu’on reste dans la doctrine du “quoiqu’il en coûte”.

Le ministère de l’Economie escomptait une perte de 7,5 milliard d’euros du PIB en avril, avant le reconfinement. La facture s’élévera plutôt aux alentours de 11 milliards d’euros sur le mois.

Ce reconfnement a fait monter une nouvelle fois au créneau les responsables professionnels.

Pour Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution, la fermeture à nouveau de dizaines de milliers de magasins est tout bonnement “catastrophique”.

« Ce nouveau confinement va être terrible pour les secteurs fermés. Ce doit être le dernier. Ouvrons-les tous le 15 mai », a immédiatement réagi sur Twitter le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieu

C’est là que se pose la question désormais essentielle : le nouveau pari du président de la République qui fixe la mi-mai comme échéance pour une réouverture progressive des bars, restaurants, salles de sport et de spectacles, des cinémas, a-t-il une chance d’être tenu ?

En fait, il base son hypothèse sur une accélération très rapide de la vaccination, seule possibilité de venir à bout du virus.

Douze millions de doses en avril

Le gouvernement regarde les courbes de mise à disposition des vaccins par les entreprises pharmaceutiques. On attend en avril près de 12 millions de doses. On va commencer dès mercredi 7 avril la fabrication de tout ou partie de vaccins en France : quatre usines vont produire dans l’Hexagone, selon Thierry Breton, l’ancien patron d’Atos, classé à trois reprises parmi les 100 patrons les plus performants au monde, reconverti en commissaire européen chargé des vaccins.

Ainsi, dès vendredi 2 avril, l’on a atteint pour la première fois le chiffre de 400 000 personnes vaccinées (première et seconde injection comprises). C’est ce rythme là qu’il va falloir tenir chaque jour ce ce mois d’avril pour arriver à 12 millions de doses. D’où les multiples initiatives destinées à augmenter la cadence, avec la multiplication des vaccinodromes, l’entrée dans la danse vaccinale du service de santé des armées, etc.

A Pfizer, le premier contributeur de doses et de loin en France, puis à Moderna et à AstraZeneca vont se rajouter à la mi-avril les vaccins de Janssen qui ne nécessitent, eux, qu’une dose.

Comme on le voit sur le graphe ci-dessous, cette montée en puissance de la livraison de doses doit s’appuyer principalement sur le vaccin Pfizer-BioNTech (près de 8 millions de doses en avril et plus de 10 millions en mai), selon les prévisions de la Direction Générale de la Santé.

Si, face au pic épidémique attendu au cours de la deuxième quinzaine d’avril, s’oppose un pic vaccinal d’ampleur, le mois de mai pourrait alors être regardé un peu plus sereinement.

Tel est le pari qui peut réussir, mais qui reste tout-de-même encore un pari…