Région : avec 1,3 M€ en sus, Laurent Wauquiez cajole les Festivals, mais pas tous, la subvention de l’Opéra de Lyon améliorée, celle du TNG sucrée
Une décision qui se situe en effet dans la droite ligne de la volonté de la collectivité régionale de mieux répartir les subventions pour que les théâtres hors des grandes villes puissent aussi bénéficier d’aides, bref, pour que la ruralité ne soit pas oubliée.
Car pour Sonia Rotkopf, vice-présidente à la Culture de la Région Auvergne-Rhône-Alpes en détaillant cette rallonge « les métropoles captaient jusque-là 60 % des subventions ».
Ainsi par exemple Jazz à Vienne, 2ème plus important Festival de jazz en France gagnera 20 000 euros de subventions en sus…
De même, le Printemps de Pérouges passe de 50 000 euros à 75 000 euro , tandis que le festival Musilac qui bénéficiait de 50 000 euros jusque-là passe désormais à 220 000 euros.
95 % des aides maintenues
La vice-présidente à la Culture s.e félicite ainsi de maintenir 95 % des aides sur plus de 100 lieux soutenus à travers toute l’Auvergne-Rhône-Alpes (sur 520 festivals répertoriés), »car il s’agit d’une culture de pérennité. »
Reste qu’un certain nombre de structures voient leurs subventions se raréfier ou carrément disparaître.
C’est le cas du centre chorégraphique national de Rillieux de Maguy Marin, du théâtre de Montluçon et de GRAME à Villeurbanne qui vont ainsi perdre environ 40 % de leurs subventions.
Explication de Sonia Rotkopf : « Les réajustements des marges suivent l’accompagnement des municipalités. » Bref, si une ville décide de diminuer sa contribution, la Région fait de même. Ce qui pour un Festival peut se révéler mortifère !
D’où cette injonction de la vice-présidente à la Culture pour qui « une subvention n’est pas une rente, les budgets augmentent et diminuent ».
Et d’enfoncer le clou « « ce n’est pas parce que le budget a été sanctuarisé à hauteur de 60 M€ que toutes les subventions vont rester les mêmes ! »
Mais la décision qui fait le plus polémique est celle concernant le Théâtre Nouvelle Génération (TNG) à Lyon qui voit ses subventions totalement sucrées.
Ceci en réaction de la tribune publiée dans Télérama par Joris Mathieu, directeur de l’établissement, mais aussi membre du bureau national du Syndicat des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac).
« Des propos insultants »
Il y a peu, ce dernier déclarait que Laurent Wauquiez président de la Région, instaurait un « climat de terreur » dans le monde culturel. »
Sonia Rotkopf ne s’en cache pas, il s’agit d’une mesure de rétorsion à cette prise de position: « Il n’a eu de cesse de mépriser la Région et les habitants. Il a eu des propos insultants envers le président et n’a pas saisi la main tendue. On en prend acte et nous retirons notre financement. »
La Région subventionnait le TNG à hauteur de 149 000 euros pour 1,3 M€ d’euros apportés par l’Etat.
Cette décision fait bondir l’opposition de Gauche au Conseil régional : « Laurent Wauquiez doit cesser de considérer les subventions de la Région comme de l’argent personnel qu’il attribue en fonction de ses calculs politiques et de ses humeurs. Cet argent, c’est celui de tous les contribuables ! La moindre des choses serait que les décisions du Président de Région respectent un minimum de transparence et qu’elles ne soient pas guidées par le seul impératif d’allégeance politique », s’enflamme-t-elle.
De facto, « elle condamne la décision honteuse du Président de Région de couper toute subvention au Théâtre Nouvelle Génération (TNG) à Lyon en réaction à la tribune de Joris Mathieu, directeur de l’établissement. Museler les structures culturelles, réduites au silence sous peine de voir leur subvention supprimée, faire régner la peur, voilà ce qu’est la « méthode Wauquiez ».
Rallonge sans Péristyle à l’Opéra de Lyon
Quid enfin de l’Opéra de Lyon qui comme l’a récemment expliqué Lyon-Entreprises a dû prendre des décisions douloureuses.
Il a lui aussi droit à une augmentation de 250 000 euros par rapport à 2022, portant le total à 2,5 M€. Bien que l’institution lyonnaise se soit plainte de baisses de subventions, Sonia Rotkopf considère que la fermeture n’a rien à voir avec la collectivité : « La fermeture est liée au mouvement de grève qui a entraîné des pertes financières.
» L’Opéra a en effet, à plusieurs reprises, baissé le rideau en soutien des manifestations contre la réforme des retraites.
Reste que malgré cette rallonge, l’Opéra a notamment supprimé le Festival du Péristyle qui animait jusqu’à présent la Presqu’île lyonnaise tout l’été, ce qui va provoquer un grand vide. Une suppression maintenue….
On peut facilement imaginer que le débat sera animé dans l’amphithéâtre de la région, lors du vote de ces subventions en séance, le 12 mai prochain. L’opposition à Laurent Wauquiez entend bien élever la voix à cette occasion. Mais cela ne devrait pas changer grand chose au tableau des gagnants et des perdants, résumé ci-dessus…