Réindustrialiser, telle est la solution : pourquoi n’arrive-t-on pas à inverser la courbe du chômage…
Personne ne s’y attendait et encore moins sans doute François Hollande qui a fait de l’inversion de la courbe du chômage le préalable à une deuxième candidature aux plus hautes fonctions de l’Etat.
Autant le dire tout de suite : avec un bond impressionnant de 50 200 chômeurs supplémentaires, en août, pour lui, c’est plutôt mal parti. Une vraie douche froide.
Pourquoi cette inversion dans le mauvais sens, alors que ces derniers mois semblaient augurer une certaine embellie ?
Il y a d’abord eu la mauvaise surprise du 2ème trimestre, avec une contraction du PIB inattendue de – 0,1 %.
L’explication : le revenu des ménages a ralenti, du fait du ralentissement de la masse salariale. Autre facteur défavorable : le taux de marge des entreprises a aussi baissé : de 0,4 %. Mauvais.
Qu’est-ce qui coince ?
Bref, dès que l’économie sort la tête de l’eau un mauvais génie semble vouloir l’y replonger avec délice. Ce qui empêche la croissance, certes réelle-de l’ordre de 1,3 à 1,5 % cette année- de décoller véritablement. Ce qui résoudrait définitivement les montagnes russes du chômage que l’on connaît depuis de trop longs mois.
Qu’est-ce qui coince ?
Il y a un facteur que l’on ne regarde pas avec assez d’attention qui pourrait bien l’expliquer pour une bonne part.
Seule créatrice d’emploi, l’économie de services n’arrive pas à prendre le relais de la croissance. Elle progresse, mais insuffisamment.
Car parallèlement, l’industrie ne cesse de perdre du poids dans notre pays.
Elle ne représente plus que 11 % de la valeur ajoutée de l’Hexagone, contre 15 % en 1985 et contre…22,6 % en Allemagne.
Tout se passe comme si les services n’arrivaient pas à s’appuyer suffisamment sur le socle industriel de notre pays qui se dérobe.
Il faut réindustrialiser la France
Bref, il faut réindustrialiser la France. Telle est la solution. Et ce n’est pas une utopie.
C’est ce que préconise le Groupe des Fédérations Industrielles (GFI) qui a publié un document très intéressant à cet égard.
Grâce aux « usines du futur », aux robots industriels et aux nouvelles technologies, on peut produire désormais en France à des coûts incomparablement moindres que dans les usines traditionnelles.
Pour le GFI, le poids relatif de l’industrie pourrait repasser dans notre pays de 11 à 15 %.
Gros investissements et plus de recherche
Mais cela signifie deux choses : de gros investissements et plus de recherche encore. Mais aussi la mise en place d’un cadre fiscal beaucoup plus propice.
C’est ce que propose Philippe Darmayan, le patron d’ArcelorMittal France et président du GFI. « La révolution en cours autour du numérique et de l’usine du futur nous permettrait de gagner en compétitivité », assure-t-il.
Les patrons du GFI veulent inscrire cette proposition dans le débat de la présidentielle. Et ont commencé à effectuer la tournée des candidats pour les sensibiliser : ils ont déjà rencontré Alain Juppé, Bruno Le Maire, François Fillon et comptent continuer dans tous les camps.
Car ce thème de la ré-industrialisation est aussi un thème auquel la Gauche est sensible.
Ce volontarisme industriel du patronat se révèle donc très encourageant et très intéressant.
Il lui reste à embrayer vers la société civile et les hommes politiques. Car son application serait une vraie révolution, susceptible de relancer la compétitivité des entreprises, de provoquer un afflux d’investissements étrangers et de facto, grâce à la courroie de transmission dans les services, de faire baisser ainsi durablement le chômage.
Une utopie réaliste qui serait aussi susceptible de donner enfin un cap économique et stratégique à notre pays…