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Renault Trucks pourrait retrouver un avenir si l’Etat y met du sien

A l’initiative de l’intersyndicale de Renault Trucks près de six cents salariés devraient manifester mardi 16 juin à Lyon, devant la préfecture du Rhône et de Rhône-Alpes avant qu’une délégation soit reçue par Michel Delpuech, préfet.

 Une journée d’action qui fait suite à la précédente, le 9 juin dernier, particulièrement suivie.

 La situation sociale chez Renault Trucks n’est pas au point mort. Elle a tendance à s’emballer.

 La défiance est au maximum entre la direction du fabricant de poids-lourds et les syndicats.

 La crainte de 200 licenciements secs

 L’élément déclenchant est le nouveau plan social mis en œuvre, avec à la clé 591 suppressions de postes. L’intersyndicale craint qu’il ne se traduise par près de 200 licenciements secs.

 Mais telle n’est pas la seule source d’inquiétude, car ce n’est pas le premier plan social qui touche le fabricant de poids-lourds. L’intersyndicale en craint d’autres.

 Les syndicats ont fait les comptes. « Les effectifs sont tombés de 10 000 en 2008, à 8 350, à la fin du mois de mars 2015. Ce qui représente une chute des effectifs de 16,5 % », calcule Eric Freyburger, secrétaire du Comité Central d’Entreprise de Renault Trucks.

 L’un des principaux actionnaires de Renault Trucks, le fonds Sevian a obtenu la tête du directeur général de Renault Trucks, Olof Persson. Il sera remplacé au cours du mois d’octobre par l’actuel dirigeant du constructeur Scania, Martin Lundstedt.

 L’illustration de la volonté de la direction de faire revenir rapidement Renault Trucks dans la zone des profits, il est vrai écornés à la fois par la crise qui a durement frappé ce secteur très cyclique, mais aussi par le lancement d’une nouvelle gamme en 2013.

 Seul point positif, en effet : l’ensemble de la gamme de gros porteurs a été entièrement renouvelée, ce qui devrait donner en cette période de reprise économique un avantage concurrentiel à Renault Trucks.

 L’entreprise dont le siège social, même c’est de plus en plus fictif, est encore basé à Lyon, fait valoir cet argument, mettant en avant l’investissement de 2 milliards d’euros qu’a représenté le renouvellement complet de la gamme pour souligner son ancrage lyonnais.

 L’informatique concernée en septembre

 Reste, comme le souligne Eric Freyburger, après les services commerciaux, c’est l’informatique qui pourrait être concernée en septembre.

 La direction de Renault Trucks a en effet, pour réaliser des économies, décidé d’externaliser l’informatique. « Cela concernera près de 200 personnes sur Lyon. L’objectif affiché par la direction est d’obtenir 10 % de productivité par an. Nous craignons qu’au passage, il y ait là encore des suppressions d’emplois », détaille Eric Freyburger.

 Le plan social suivant devrait concerner le moteur de l’entreprise, sa Recherche & Développement qui concerne 1 374 salariés. Depuis 2012, ce service basé à Saint-Priest n’est déjà plus chargé que de la moyenne gamme : les tonnages situés entre 4,5 et 18 tonnes.

 « Il faudrait investir 250 millions d’euros »

 « Notre plateforme concernant cette gamme est ancienne et notre production est plutôt chère par rapport à la concurrence », explique le secrétaire du Comité Central d’Entreprise.

 Et d’ajouter : « Si aucun investissement n’est fait, il est à craindre que la fabrication, tout autant que la R&D en pâtissent à terme. Il faudrait que le groupe investisse près de 250 millions d’euros pour relancer cette gamme », estime le responsable de CGC

 D’où l’appel du pied à l’Etat : « Nous à la CGC, nous proposons que la Banque Publique d’Investissement, la BPi, propose à Renault Trucks un prêt de 150 millions d’euros par exemple, pour accompagner une telle modernisation absolument nécessaire. Cela pourrait être l’élément déclenchant et inverser la spirale négative que nous vivons depuis plusieurs années. Les effectifs vont tomber à 7 500 à la fin de cette année. Et au rythme de 500 suppressions d’emplois chaque année… »

 C’est entre autres propositions, ce prêt « qui pourrait être une bonne affaire pour la BPi alors que le marché du poids-lourd redémarre » qui sera évoqué le 16 juin lors de l’entrevue avec Michel Delpuech, préfet.

 On se trouverait là très précisément dans un cas de figure typique d’intervention de la Banque Publique qui a investi des sommes aussi significatives dans d’autres entreprises. La perche sera-t-elle saisie à la fois par la direction de Renault Trucks et par la BPi ? A suivre…