Toute l’actualité Lyon Entreprises

Rhône-Alpes : la conjoncture s’éclaircit…un peu

Les conjoncturistes de l’Insee Rhône-Alpes reconnaissent être un peu moins pessimistes sur la conjoncture économique depuis quelques semaines.

On est très loin de la franche euphorie, mais après deux années de stagnation, l’économie pourrait repartir. Lentement, très lentement.

Quelques signaux vont dans ce sens. En février dernier, trois départements- la Haute-Savoie (-0 ,9 %), le Rhône (-0,4 %) et la Savoie (- 0,2 %)-ont vu leur chômage diminuer. Cela faisait longtemps que cela n’était pas arrivé ; or, l’Insee a annoncé avoir constaté une augmentation de la production industrielle de 0,7 % en février dans l’Hexagone.

On ne peut pas dire que tout va bien quand on affiche près de 300 000 chômeurs en Rhône-Alpes, mais, cela va un peu moins mal qu’ailleurs en France.

Un seul moteur, l’export

Or, autre signal, intéressant, les Douanes ont annoncé un solde positif de 1,9 milliard d’euros de la balance commerciale rhônalpine, en 2012, avec des exportations record de 48 milliards d’euros.

Pour l’Insee, un redémarrage de la croissance pourrait d’abord provenir de ce seul moteur encore allumé : celui de l’export. Même si peu à peu, elles sont en train de se réorienter vers les pays émergents, les exportations de Rhône-Alpes sont encore fortement impactées par l’Europe et notamment par l’Allemagne.

Or, l’économie allemande repart. Le solde rhônalpo-germanique avait reculé l’anné dernière de 0,3 %. Le premier client de Rhône-Alpes qui est l’Allemagne, pourrait cette fois tirer la croissance régionale.

La reprise constatée aux Etats-Unis, au Japon, mais aussi en Chine qui vient de connaître un déficit commercial surprise illustrant une bonne tenue de sa consommation intérieure, pourrait accentuer le mouvement.

L’encéphalogramme plat de l’investissement des entreprises

Dans un scénario que l’on pourrait qualifier d’idéal, l’accélération de ce premier moteur pourrait redonner confiance aux chefs d’entreprise qui, pas à pas, là encore, bénéficiant d’une plus grande visibilité, pourraient recommencer à investir. Car pour l’heure, côté investissement des entreprises, l’encéphalogramme reste désespérement plat, constatent les conjoncturistes de l’Insee (- 0,5 % au 1er semestre 2013).

Petit signe encourageant néanmoins à cet égard : sur trois gros apports de capitaux d’au moins 10 millions d’euros en direction d’entreprises innovantes en France, réalisés au cours du premier trimestre de l’année 2013, deux ont été réalisés en Rhône-Alpes : ils concernent la société lyonnaise EyeTechCare (lutte contre le glaucome) que nous avons évoqué récemment et McPhy Energy, une société drômoise, spécialisée dans les piles à hydrogène, le stockage de l’énergie de l’avenir.

Si l’export et l’investissements reprennent, la confiance pourrait se diffuser au troisième et plus important moteur de notre économie, celui de la consommation, totalement en berne, actuellement.

Une condition s’avèrerait nécessaire cependant : son redémarrage ne pourrait intervenir qu’au moment où la courbe du chômage commencera à s’infléchir sérieusement. La confiance pourrait alors revenir. A la fin de l’année, comme l’espère le chef de l’Etat ?

3 500 emplois aidés cette année

Ce scénario recèle une certaine consistance si l’on prend en compte les emplois aidés qui s’annoncent : 35 000 au plan national, 3 500 environ programmés dans la région, ils ont pour but de dégonfler les chiffres du chômage et devraient y réussir dans une certaine mesure.

Mais ces chiffres ne pourront sérieusement commencer à s’inverser qu’avec une croissance de 1,5 % minimum du PIB. Or, l’OCDE a justement pronostiqué une croissance de 1,2 % en France pour 2014, après + 0,1 % en 2013. On n’y serait, dans ce cas, pas très loin.

Faut-il croire alors à ce scénario optimiste d’une reprise très lente ou faut-il encore désespérer ? Les mois à venir devraient nous distiller d’autres signaux qui nous permettront sans doute d’y voir un peu plus clair.