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Total, Solvay, Jacquet Metal Service, etc. : ce que nous disent les primes exceptionnelles défiscalisées pronées par E. Macron…

C’est le volcanique patron de Total, Patrick Pouyanné qui a fait le plus fort. Il a annoncé dans un tweet qu’il proposerait une augmentation globale des rémunérations de 3,1% ainsi qu’une prime exceptionnelle de 1 500 euros à l’ensemble de son personnel en France.

1 500 euros pour tous les salariés

 « Après une journée d’écoute et de débats et compte tenu des bons résultats de Total en 2018, nous proposons à nos organisations syndicales une enveloppe globale d’augmentation de +3,1 % et une prime exceptionnelle de 1 500 euros pour tous nos salariés en France », a-t-il annoncé.

Idem pour Solvay, chimiste très présent en Auvergne-Rhône-Alpes qui n’a pas manqué à cette occasion de souligner qu’il a négocié un projet d’accord sur les salaires 2019, avec une prime exceptionnelle de fin d’année de 600 euros pour ses 4 000 collaborateurs non-cadres en France, assorti d’un budget d’augmentations individuelles de 3,70 % pour les salariés cadres ; et d’un budget d’augmentations collectives et individuelles de 3,40 % pour les salariés non-cadres.

Mais les grandes entreprises ne sont pas les seules à avoir annoncé un geste suite à l’annonce du président de la République.

Même une société d’intérim digitale comme Qapa.fr, s’y est mise en mettant l’accent sur la dotation complémentaire de 30 euros proposées à chaque intérimaire, sans aucun frais pour les sociétés clientes, et entièrement financées par ses soins.

Eric Jacquet, le patron de la société Jacquet Metal Services, une ETI basée à Saint-Priest, leader européen de la distribution d’aciers spéciaux, a également annoncé aux « Echos » sa volonté de « soutenir Emmanuel Macron contre les extrêmes qui mèneraient notre pays à la ruine » en versant « une prime exceptionnelle non chargée et non imposée à tous ses salariés français ce mois ».

500 euros : tel est le montant de cette prime exceptionnelle qu’il a décidé de verser à tous ses salariés français sans exception, soit un millier de personnes – sur un effectif de 3 300 – qui ont appris la nouvelle, mardi dernier par courrier électronique.

« Les plus modestes ont raison »

Une prime exceptionnelle défiscalisée pourra être versée par les entreprises volontaires jusqu’au 31 mars, a annoncé Emmanuel Macron. Seront éligibles les personnes qui gagnent jusqu’à 3 600 euros net par mois. Depuis, les entreprises multiplient l’annonce de primes de fin d’année, PME comprises, mais qu’y a-t-il derrière.. ?Pour ce patron, « les plus modestes ont aussi raison d’exprimer leur souffrance et ils ne peuvent pas se contenter que de paroles ».

Et d’ajouter que cette « prime politique car elle s’inscrit dans un contexte politique particulier », ne vient pas se substituer aux autres primes versées par l’entreprise spécialisée dans la distribution de métaux spéciaux.

 Toutes les entreprises ne verseront pas une telle prime exceptionnelle, loin s’en faut ; mais le fait qu’une bon nombre de chefs d’entreprises le fassent et le font savoir médiatiquement aura sans doute un effet d’entrainement.

C’est aussi le signe du soutien des patrons de l’industrie en général, à sa politique favorable aux entreprises. On se souvient que dès le début de la crise des gilets jaunes, Total s’était engagé à répercuter à la pompe les baisses des prix des carburants sur les marchés internationaux, alors que le reste de la profession s’affichait déjà ouvertement pour une annulation de la taxe carbone.

C’est aussi pour bon nombre de chefs d’entreprise la prise de conscience de ce qui mine nos démocraties et fait le lit du populisme : la stagnation, voire baisse du pouvoir d’achat au sein des sociétés occidentales, depuis plusieurs décennies déjà.

L’Organisation Internationale du Travail (OIT) l’a précisément calculé : «  En 2017, non seulement la croissance des salaires dans le monde a été plus faible qu’en 2016 (2,4 %), mais elle est tombée à son taux le plus bas depuis 2008 (1,8 %).  En Europe,à l’exclusion de l’Europe orientale, elle est passée de 1,6 % en 2015 à 1,3 % en 2016 et a continué à reculer jusqu’à environ zéro en 2017, du fait d’une croissance plus faible des salaires dans des pays tels que la France et l’Allemagne et d’une baisse des salaires réels en Italie et en Espagne. »

 Bref, la croissance repart, pas les salaires : voilà l’explication profonde du mouvement des « gilets jaunes » et du populisme.

Un très mauvais calcul

Le chômage, la faiblesse des syndicats, tout concourt à un déséquilibre en faveur des actionnaires des entreprises : les dividendes versés dans le monde croissent d’année en année avec une grande ampleur : la répartition des fruits du travail va d’abord aux actionnaires, au détriment des salariés, au lieu d’un équilibre qui serait gagnant/gagnant.

 Un très mauvais calcul et ce pour deux raisons.

Cela mine d’abord la croissance qui à 60 % en France est tirée par la consommation des ménages et donc par les salaires. D’où, en partie, l’explication de la faible croissance que nous connaissons.

Mais aussi parce que cette vision à courte vue d’un capitalisme plus financier que Rhénan, mine les fondements même de l’économie de marché et risque à terme de faire dérailler le capitalisme même.

 Un certain nombre de chefs d’entreprise l’ont bien compris.

 Bref, la grande question désormais est de savoir comment retrouver un équilibre entre travail et capital.

 Le mouvement des « gilets jaunes » est un vrai signal d’alarme que personne n’avait vu venir.

 Et hormis les décisions ponctuelles prises, il va bien falloir trouver des mesures pérennes pour remettre l’économie de marché dans le droit chemin…

 Le capitalisme doit être « plus inclusif », clament régulièrement le FMI et l’OCDE. Certes, mais comment ? Le problème est qu’on ne sait pas ! On sait seulement que la réponse doit être mondiale et coopérative, à l’opposé du chemin que nous proposent les souverainistes populistes…

 Un mouvement « gilets jaunes » à l’échelon mondial pourrait peut-être constituer un début de réponse…