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Très Haut-Débit Numérique en Rhône-Alpes : le réveil, enfin ?

Les acteurs du dossier du Très Haut Débit Numérique en Rhône-Alpes qui intéresse diablement les entreprises, se désespéraient. Le Conseil régional avait depuis quelque temps abandonné l’idée d’accompagner financièrement le développement des autoroutes numériques, du moins à hauteur de l’enjeu.

 L’exécutif, à commencer par Jean-Jack Queyranne s’est heureusement ravisé en fin d’année dernière. Le fruit de cette heureuse prise de conscience se traduira lors de la prochaine séance plénière de l’assemblée départementale, le jeudi 20 février, par une délibération qui sera proposée aux votes des élus régionaux.

 Une délibération sur laquelle se sont penchés les membres du Ceser (*) qui, rassemblant les forces vives socio-économiques de la région, le lundi 10 février pourrait bien relancer le développement du Très Haut Débit Numérique. Il était temps car la France qui se situe en queue de peloton européen a pris beaucoup de retard.

 « Désespérées de ne pas voir arriver le Très Haut Débit, des entreprises de la région Rhône-Alpes ont manifesté le désir de s’installer ailleurs », s’insurge ainsi Michel-Louis Prost, ancien directeur des Services Informatiques de Descours&Cabaud et rapporteur de l’avis du Ceser sur la nouvelle étape annoncée.

Un investissement d’un milliard d’euros sur dix ans

 Financièrement celle-ci doit peser bon poids : près d’un milliard d’euros sur dix ans. Mais qui va financer ?

L’hésitation de la Région de s’engager à hauteur de l’enjeu dans la conjoncture actuelle d’argent rare, comme c’était être le cas, aurait considérablement ralenti le processus.

 Ce n’est plus le cas car la délibération qui sera proposée aux élus prévoit une intervention annuelle fortement augmentée par rapport à celle prévue originellement : passant de 25 millions d’euros à 38,5 millions par an pour mettre à niveau les infrastructures en fibre optique.

 Il faut savoir que le coût d’une prise pour desservir un abonné au Très Haut Débit s’établit en moyenne à 900 euros. Cette nouvelle disposition régionale permettrait d’additionner l’apport promis par l’Etat, estimé entre 240 et 450 euros selon les départements, avec celui de la région (150 à 200 euros par prise). En ajoutant les fonds européens, le compte devrait être bon et permettrait donc d’installer en dix ans les deux millions de prises à Très Haut Débit qui manquent en Rhône-Alpes dans les zones d’intervention publique.

 Cet effort annoncé « ne pourra être financé que par un redéploiement des dépenses et non par une augmentation de la fiscalité », estiment et souhaitent les membres du Ceser.

 En contrepartie de cet important effort financier, la région demande, face au flou de la loi qui ne prévoit rien en la matière et lui laisse donc le champ libre, de devenir chef de file de ce plan numérique intitulé « Rhône-Alpes, la Région connectée ».

Une excellente idée : face aux nombreux acteurs sur le terrain (opérateurs téléphoniques, communautés de communes, départements, etc.), ce déploiement de la fibre optique a effectivement besoin d’un vrai chef d’orchestre, d’un animateur.

Une « Manufacture d’idées » ?

 Autre projet de l’exécutif régional annoncé dans ce rapport : la création « d’une Manufacture d’idées », déjà baptisée « e-magine » pour imaginer justement et booster les usages innovateurs qui pourraient découler du Très Haut Débit.

 Reste à la région de ne pas réinventer l’eau chaude, mais là encore de se muer en chef de file de structures existant déjà, tels que la mission Erasme du Département du Rhône, très en pointe en la matière comme on le verra au futur Musée des Confluences ou du think-tank de l’Institut Confluence du Ceser.

 Pour les socio-professionnels du Ceser, « Au-delà d’un laboratoire d’idées, c’est surtout un booster d’innovation qui est nécessaire : ce qu’il faut, c’est privilégier l’expérimentation en vraie grandeur, la valorisation et les développements des nouveaux usages. Ce sont des innovations de rupture qu’il nous faut susciter ! »

 Rappelons que l’industrie numérique fait déjà vivre dans la région près de 40 000 personnes et que son développement grâce au Très Haut Débit se traduirait naturellement par de nouveaux emplois.

On l’aura compris, la discussion qui va s’engager à la Région va être observée par beaucoup à la loupe.

 (*)Conseil économique, social et environnemental régional Rhône-Alpes.