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Tunnel ferroviaire Lyon-Turin : ne pas aller plus vite que la musique…

Manifestations d’ampleur en Italie, vives oppositions politiques, etc. Les thuriféraires du tunnel ferroviaire Lyon-Turin ont eu ces dernières années tellement de sueurs froides qu’ils pensent que désormais la voie est libre depuis la rencontre entre François Hollande et Matteo Renzi, lors du dernier sommet franco-italien, en février.

 Les deux chefs d’Etat auraient donné le coup de pouce décisif au projet, envoyant la facture à l’Union Européenne chargée de régler 40 % de la facture des travaux, complétant les financements nationaux et régionaux.

 Une nouvelle étape importante a été franchie. C’est vrai. Mais il ne faut pas oublier les deux marches qui restent encore à franchir avant le lancement des travaux.

Il y a d’abord la réponse de l’Union Européenne qui doit intervenir d’ici l’automne à la demande de cofinancement à hauteur de 40 % du nouveau tunnel, soit 3,4 milliards d’euros, pour 2,2 milliards à charge de la France et 2,9 milliards d’euros à charge de l’Italie.

 Une enquête sur une possible influence de la Mafia

 Or, il faut savoir que l’Office européen de lutte anti-fraude vient d’ouvrir une enquête sur une possible influence de la Mafia en Italie sur les fonds destinés au projet. Or, si une influence mafieuse s’est faite sentir, cela ferait pour le moins mauvais effet et aurait pour effet d’en refroidir plus d’un.

 Deuxième palier : la ratification parlementaire qui doit intervenir d’ici 2016. Et d’ici cette date, aucun doute, les opposants au tunnel, toujours aussi actifs n’entendent pas dételer. Leur slogan : on a perdu une bataille, mais on n’a pas perdu la guerre !

 Une autre bataille, connexe est également en cours, celle du financement du tunnel qui pourrait passer par une « euro-vignette » perçue sur les poids-lourds traversant les Alpes. Mais encore faut-il la faire accepter !

 Mais c’est vrai aussi que le projet est tellement engagé qu’on voit mal une marche arrière, même si elle reste toujours possible : en janvier, les travaux de percement de la galerie d’accès de Saint-Vincent-de-Porte ont été engagés. Des centaines de millions d’euros ont déjà été investis dans le tunnel. Et le rythme perdure.

 Reste que tout n’est pas joué. Comme l’assure Mario Virano, directeur général de la nouvelle structure qui vient de changer d’objet social, mise en place, pour construire le tunnel de base de 57 kilomètres, le Tunnel Euralpin Lyon Turin (TELF) : « Les prochains mois seront décisifs. »

 Que fait-on d’ici 2028 ?

 Si les travaux sont effectivement lancés en 2017, ils ne seront pas terminés, vu l’ampleur de la tâche, avant…2028. Que fait-on alors pendant tout ce temps là pour la traversée des Alpes dans le sens est/ouest et les 2,6 millions de poids-lourds qui chaque année traversent les Alpes franco-italiennes, soit 7 000 poids-lourds par jour ?

 Il existe bien la solution de transition, en œuvre depuis de nombreuses années, l’actuel autoroute ferroviaire Aiton-Orbassano avec ses navettes qui accueillent les poids-lourds sur les trains. Or, la SNCF et Trenitalia ont beaucoup de mal à se mettre d’accord au sein de leur filiale commune, ce qui amène Jean-François Carenco, préfet de région à piquer une grosse colère. « La demande est là. Elle est extrêmement forte, il va falloir augmenter l’offre » a t-il expliqué lors de la dernière réunion de « La Transalpine », l’organisme de lobbying du tunnel Lyon-Turin. Ajoutant : « On nous prend pour des billes ! »

 Bref, il reste encore beaucoup à faire pour que la traversée des Alpes devienne un « long train tranquille » pour paraphraser un film célèbre.

 Pendant ce temps là, les Suisses, sans bruit, mettent la dernière main au tunnel du Saint-Gothard, destiné à accueillir le trafic alpin dans le sens nord-sud, cette fois : un tunnel de la même longueur que le Tunnel ferroviaire Lyon-Turin (57 km) mais qui sera, lui, inauguré en 2016…