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Un scénario de sortie de crise semble se dessiner, mais les conditions seront-elles réunies?

Pour la première fois depuis le début du confinement, l’Insee vient de brosser un tableau de la situation économique : il est franchement catastrophique.

Cette crise est inédite puisque du jour au lendemain, suite au confinement, l’activité a chuté d’un tiers dans notre pays. D’un seul coup.

Même au plus fort de la crise des subprimes en 2008, on n’était pas tombé si bas.

Ainsi, selon l’institut de la statistique, l’économie française ne tourne actuellement qu’à 65 % de ses capacités de production. La consommation a été réduite d’un tiers.

Des secteurs entiers sont à l’arrêt ou presque : le BTP a vu son activité chuter de 95 %. Idem pour l’automobile, le tourisme et l’hôtellerie-restauration, l’événementiel, les transports autres que ceux des marchandises.

Pourtant, dans cette adversité confinée, le pays voit ses fonctions essentielles continuer à fonctionner et c’est heureux : l’agro-alimentaire et l’agriculture ne sont que peu affectés; de même que le transport des marchandises. C’est la raison pour laquelle les magasins continuent d’être à peu près correctement approvisionnés.

Grâce au développement ultra-rapide du télétravail, majoritaire chez les cadres et les fonctionnaires, les services marchands fonctionnent aux deux tiers d’une période normale.

Face à cette situation inédite, on comprend que le moral des chefs d’entreprise soit plombé. Il a même plus chuté qu’en 2008. Selon l’Insee, l’indice qui le calcule a perdu 10 points, contre 9 en 2008 : « la plus forte baisse de l’indice depuis 1985 ! », commente l’Institut de la statistique.

Le Gouvernement a annoncé une poursuite du confinement jusqu’au mardi 15 avril. Le conseil scientifique qui le conseille préfère manifestement deux semaines de plus.

Mais on sent bien que le gouvernement aimerait bien une reprise de l’activité si possible dès le 15 avril ou le plus près possible de cette date, sans aggravation de la situation sanitaire.

Un mois de confinement : 3 points de PIB en moins

Les chiffres de l’Insee l’y incitent fortement puisque selon l’Institut de la statistique, un mois de confinement représente 3 points de PIB en moins sur l’année : soit, selon l’OFCE une perte gratinée de 60 milliards d’euros !

Deux mois d’arrêt de l’économie française signeraient donc une chute de 6 % et une situation économique qui serait difficilement gérable, une crise économique majeure succédant alors à une crise sanitaire majeure.

Quand Bruno Le Maire, le ministre de l’économie fait le parallèle avec la crise de 1929, il le fait pour frapper les esprits.

On s’en rapproche en tout cas, mais cette fois les données sont différentes : en ouvrant les vannes du chômage partiel, du crédit des banques garanti par l’Etat, le gouvernement entend sauvegarder un tissu social et économique qui retrouvait de belles couleurs avant le coronavirus.

Dépistage massif indispensable

Pour que tout reparte à peu près avec le minimum de dégât, il faudrait, selon les préconisations de Paul Romer, prix Nobel de Médecine, qu’à l’issue du confinement, le plus tôt possible à partir de la date butoir du 15 avril, un dépistage massif soit engagé en France, pour permettre la sortie du confinement. Comme ce fut le cas en Corée du Sud qui su éviter le confinement général.

Ladite Corée du Sud a ainsi testé 394 141 personnes depuis le 20 janvier, date à laquelle le Covid-19 a été détecté pour la première fois sur son sol. Actuellement, près de 20 000 tests sont réalisés chaque jour, un record. Ils visent systématiquement les personnes en provenance de l’étranger et l’entourage des patients infectés.

Comment ? Grâce à l’industrie pharmaceutique sud-coréenne qui a pu développer et fabriquer rapidement des kits de diagnostics fiables. L’entreprise SD Biosensor en produit actuellement 350 000 par jour !

Dans ce cas, pour Paul Romer, on pourrait réduire le confinement à 10 % de la population, ce qui permettrait à l’économie de repartir. Pour lui, « une économie peut survivre avec 10 % de la population confinée, elle ne le peut pas avec 50 % ».

Tel est le pari que pourrait engager le gouvernement s’il arrive d’ici une quinzaine de jours, trois semaines, à développer des stocks très importants de tests pour dépister les porteurs ou non de Covid-19, mais aussi des tests sérologiques, via des prises de sang permettant la recherche d’anticorps prouvant que l’on a été infecté sans s’en rendre compte.

Actuellement le rythme des tests est passé en France, selon Olivier Véran ministre de la santé, de 5 000 à 12 000 jour, aujourd’hui. Il faudrait pouvoir multiplier ses chiffres au moins par 7 ou 8, voire plus (*).

Course contre la montre

Une course contre la montre avec les industriels français et étrangers est engagée, car il faudra d’un côté des tests en quantité, mais aussi des masques, lunettes, surblouses, gants en très grand nombre pour tous ceux qui feront passer les tests, une pénurie basique qui freine justement actuellement le processus de tests.

Dans ce cadre, une sortie de crise est envisageable, mais ce serait alors sur les chapeaux de roues. Au gouvernement, tiraillé entre le marteau de la crise sanitaire et l’enclume de la crise économique, désormais de faire le job…

(*) Pour Olivier Véran, ministre de la Santé, lors de la conférence de presse du gouvernement, samedi 28 mars, «  La France va monter en régime pour réaliser les tests détectant le coronavirus, avec 50 000 tests classiques par jour d’ici à la fin avril, contre 12 000 aujourd’hui, auxquels s’ajouteront  plus de 100 000 tests rapides par jour au mois de juin. La France a passé une commande pour cinq millions de tests rapides qui permettront d’augmenter nos capacités de dépistage de l’ordre de 30 000 tests supplémentaires par jour au mois d’avril, 60 000 au mois de mai et plus de 100 000 tests par jour au mois de juin »