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Trains à grande vitesse : et l’Ouest, alors ?

Pour l’heure, si on observe les schémas directeurs ferroviaires pour les décennies à venir, Lyon est, en matière de trains à grande vitesse doté d’un carrefour à trois branches seulement. Les lignes se déploient ou vont se déployer vers le Nord, le Sud et l’Est. En revanche, une direction est absente : l’Ouest. Certes la future ligne Paris/Orléans/Clermont/Lyon (POCL) destinée à doubler l’actuelle ligne TGV Paris/Lyon en voie de saturation devrait pour partie pallier cette lacune. Une association, l’Altro, voudrait s’appuyer sur cette dernière pour promouvoir une liaison ferroviaire à grande vitesse à travers le Massif central, vers Nantes, Rennes et Bordeaux. Elle mène pour ce faire, un intense lobbying.

Si une part des promesses faites lors du Grenelle de l’Environnement semble passée par pertes et profits, il devrait en subsister au moins une : la primauté du transport ferroviaire dans les futurs investissements de la Nation.

L’agglomération lyonnaise paraît gâtée en ce domaine. Puisqu’à l’historique TGV Lyon/Paris, désormais prolongé petit à petit au Sud vers Marseille et l’Espagne, s’ajouteront dans le futur, le TGV Rhin-Rhône, puis le Lyon/Turin, difficile à sortir des limbes, mais qui assurément se fera.

Si Lyon veut jouer un rôle de carrefour de trains à grande vitesse, passagers et fret, il restera un chaînon manquant à combler : l’Ouest. C’est là qu’intervient le projet (pas très joliment) intitulé POCL (Paris-Orléans/Clermont-Ferrand/Lyon) qui vise à doubler actuel TGV Lyon/Paris, en voie de saturation.

Seulement ce POCL ne s’enfonce à l’Ouest, guère au-delà de Clermont-Ferrand, avant de bifurquer vers le Nord pour aboutir à Paris comme on le constate sur le schéma ci-contre.

D’où l’idée d’un certain nombre de villes et de régions de la façade Ouest de l’Hexagone, de prolonger ce tronçon, en direction de Nantes, Rennes et Bordeaux, et plus au Sud vers le Pays Basque et le Portugal. Devenant européen, il pourrait être financé pour une part par la Communauté Europénne. Son coût devrait se situer aux alentours de 15 milliards d’euros, c’est-à-dire à peu près celui du POCL. Il devrait pour ce faire franchir le massif Central, désenclavant par là-même l’Auvergne, d’Est en Ouest.

Une association, Altro (Association Logistique Transport Ouest), présidée par René Souchon, président du Conseil régional d’Auvergne et dont le siège est basé à La Rochelle s’est donné pour but de mener un intense lobbying dans ce sens. Rassemblant les maires des grandes villes de l’Ouest, ainsi que les présidents des régions traversée, elle œuvre à promouvoir son projet baptisé « Transline ». Un projet à long terme (30 à 40 ans), mais pour Michel Caniaux, secrétaire général de l’Altro, il faut se prononcer dès maintenant : « On a la chance de pouvoir se projeter dans l’avenir. Avec les TGV Rhin-Rhône et Lyon/Turin, Lyon ne manque pas de projets. Il serait pourtant dommageable de les traiter séparément les uns des autres au lieu d’élaborer un schéma général dont l’exécution serait « phasable ». Le redressement des incohérences qui pourraient advenir serait coûteux pour l’avenir ! »

Transline est composé de trois branches : le POCL, cité plus haut ; une branche Ouest, de Limoges, à Poitiers vers Nantes, Rennes, jusqu’à Brest ; et au cœur du projet, une Branche Centrale Européenne, de Lyon à Bordeaux avec prolongation, par ailleurs déjà programmée, vers l’Espagne et le Portugal.

Seule la CCI de Lyon, le CESER (*), le Conseil Général de la Loire, le Grand Roanne et la CCI de Roanne ont pour l’heure appuyé ce projet. La Région Rhône-Alpes, comme le Grand Lyon, occupés avec les projets en cours regardent Transline avec intérêt, mais sans plus. L’idée paraît pourtant pertinente. Il ne coûterait rien de l’appuyer plus franchement.

(*) Comité économique, social et environnemental régional Rhône-Alpes.

Illustration : le projet Transline de l’Altro (Association Logistique Transport Ouest).