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Grâce à l’incubateur Crealys : un nombre grandissant d’entreprises sont issues de la recherche publique

De plus en plus nombreux, les chercheurs-entrepreneurs ne font plus partie des races en voie d’extinction ! Un développement favorisé par une structure créée il y a douze ans à Lyon et qui a fait ses preuves : Crealys, un « incubateur », exclusivement dédié aux chefs d’entreprises issus du public ou du privé, mais travaillant avec des labos de recherche publics. Si les débuts ont été lents, Créalys surfe sur une tendance forte : la création de près d’une vingtaine d’entreprises nouvelles chaque année.

Le refrain est bien connu : nous aurions en France une excellente recherche publique fondamentale, mais lorsqu’il s’agit d’en tirer des applications et de les vendre, il n’y a plus personne. C’était sans doute vrai dans le passé, nettement moins maintenant.

Deux exemples récents : coup sur coup, trois start-up ont vu le jour à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon (ENS). Leurs créateurs appartiennent tous au LIP (Laboratoire de l’Informatique du Parallélisme). Un labo de pointe, très riche en brevets, rassemblant 130 chercheurs et qui n’avait jamais été depuis sa création à l’origine d’aucune création d’entreprise. Autre exemple : sur un marché doté d’un grand avenir, celui de la sécurité informatique (cf, l’attaque en règle récemment subie par Bercy), deux chercheurs, dont un issu d’un autre labo de l’ENS, a donné naissance à la société Picviz qui travaille notamment pour la Société Générale.

Ces réussites n’auraient sans doute pas eu lieu, sans la création il y a douze ans de l’incubateur Crealys, qui au côté de GRAIN à Grenoble, est l’une des deux structures de ce type en Rhône-Alpes : l’Ouest de la région pour GRAIN, l’Est pour Crealys qui est installé sur le campus de La Doua à Villeurbanne.

Mais d’abord qu’est-ce qu’un incubateur ? Il s’agit d’une structure, qui bien avant la phase pépinière d’entreprise, a pour but de détecter les projets susceptibles d’aboutir à la création d’entreprises innovantes. La seule obligation pour intégrer un incubateur comme Crealys : que les chercheurs créateurs d’entreprise qu’ils soient issus de la recherche publique (40 % des cas) ou du privé (les 60 % restants), travaillent avec des laboratoires de recherche publics.

Il arrive que les chercheurs viennent eux-mêmes frapper à la porte de l’incubateur. Mais le plus souvent, leur arrivée dans l’incubateur tient à un véritablement travail d’évangélisation. Nadia Kamal, la directrice de Créalys et son équipe ont pour rôle, tout au long de l’année, de sensibiliser les chercheurs publics à l’entrepreneuriat. Ils les rencontrent dans leurs labos, dans les écoles doctorales, les clusters de recherche et dans toutes associations ou rassemblements réunissant des chercheurs.

« Rien de plus efficace pour les convaincre, explique la responsable de Créalys, que d’aller dans les labos avec un créateur d’entreprise «incubé » pour qu’il raconte et explique son parcours aux chercheurs. » Vocations entrepreneuriales assurées, à l’arrivée

Ce travail de terrain porte ses fruits, car Crealys, n’a jamais accueilli ou « incubé » autant d’entreprises que ces deux dernières années : 18 nouvelles l’année dernière, comme en 2009 : deux années record. Illustration de l’importance de la recherche publique en Rhône-Alpes : Crealys est devenu parmi les 29 incubateurs répertoriés en France, celui qui, l’année dernière a accompagné le plus grand nombre d’entreprises.

En douze ans d’existence, le palmarès est éloquent : 138 entreprises innovantes ont vu le jour au sein de l’inculbateur lyonnais. Comme elles sont bien accompagnées, les décès sont rares : le taux de survie à trois ans est de 94 %.

Seule la deuxième phase est plus problématique. C’est un mal français, on le retrouve aussi à Crealys : il réside dans la difficulté à trouver des managers capables de faire grossir les entreprises en termes d’emploi. Ainsi, la moyenne d’emplois créés par entreprise est de 6 à 8.

Il reste que l’argent public (*) qui accompagne Crealys n’est pas utilisé en vain : au total, l’incubateur a permis de créer à ce jour 700 emplois qualifiés, canalisant 90 millions d’euros de levées de fonds. Le label incubateur a aussi l’avantage de permettre un accès plus facile aux capitaux privés…

Pas de surprise, on retrouve parmi les entreprises « incubées » les grands thèmes les plus en vogue actuellement dans la Recherche : les sciences de la vie (36 % des entreprises créées depuis la naissance de Crealys), les technologies de l’information et de la communication (28 %), et enfin, les sciences de l’ingénieur (33 % ).

Peut-être parmi les entreprises incubées, trouvera-t-on un jour l’une de ces grosses PME qui manquent à notre pays. Toutes les études le montrent : la détention d’un ou de plusieurs brevets est le meilleur levier de développement d’une entreprise.

(*) Le financement est assuré par la Région Rhône-Alpes, le Ministère de la recherche et le Grand Lyon, mais aussi par des sponsors privés (Merck, Mederic, Merial, la BNP et la Banque Poulaire.

PhotoNadia Kamal, directrice de Crealys.