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Lancement de la liaison TGV Lyon-Francfort : et maintenant, à qui le tour ?

Concurrencé par le TGV sur les courtes liaisons comme Lyon-Paris ou Lyon-Strasbourg, l’avion va-t-il subir le même sort sur les liaisons européennes ? Conjointement la SNCF et la Deutsche Bahn ont lancé, vendredi 23 mars, la première liaison à grande vitesse entre Lyon et Francfort : huit arrêts et 5 h 54 de trajet pour se rendre au cœur de l’économie allemande. Après Genève et Milan, puis un Lyon-Barcelone annoncé pour 2013, voire plus tard un Lyon-Turin, le maillage ferroviaire européen à grande vitesse n’en est sans doute qu’à ses débuts.

Petra Roth, maire de Francfort et Gérard Collomb, le premier magistrat lyonnais, étaient à 9 h 54 très précises, vendredi 23 mars, sur le quai de la gare de la Part-Dieu. Ils n’étaient pas seuls : de nombreuses caméras les accompagnaient. L’événement était d’importance : il s’agissait, trente ans après la ligne TGV Lyon-Paris, d’inaugurer la première liaison TGV entre Lyon et Francfort.

Le premier TGV s’est élancé à 10 h 04 pour arriver Francfort à 15 h 58. Un gain de temps appréciable : jusqu’ici, pour gagner Francfort par TGV, il fallait emprunter un Lyon-Paris, débarquer gare de Lyon, courir jusqu’à la gare de l’Est pour sauter dans un TGV Est. D’où un trajet total de plus de six heures, variable selon le temps de correspondance dans la capitale (ça va de 6 h 06 à 14 h 23 selon les parcours). Avec les nouveaux horaires, le trajet doit même passer sous la barre des cinq heures.

Outre le gain de temps, le passager fera des économies : le trajet aller simple en seconde classe Lyon-Francfort est annoncé à 78 euros, en premier prix, de 30 à 39 euros en tarifs prems, bien en-dessous des tarifs qu’imposent le voyage via Paris.

Et ce, en voyageant dans de nouveaux TGV Euroduplex de 509 places, confortables et offrant une plus grande capacité.

Cette nouvelle donne risque de modifier la concurrence que se livrent sur ce parcours le rail et l’aérien : jusqu’ici en effet, le train rivalisait difficilement avec l’avion. Francfort n’est qu’à 1 h 30 de Lyon-Saint-Exupéry et l’aller-retour chez Lufthansa était facturé aux alentours de 150 euros. Avec l’arrivée de TGV directs, même avec cinq heures de trajet, l’avion est bel et bien concurrencé par le TGV.

Cette nouvelle liaison quotidienne à l’aller et au retour a été rendue possible par la mise en service, en décembre dernier, de la première partie de la Ligne à Grande Vitesse (LGV) Rhin-Rhône, qui réduit significativement les temps de parcours entre Strasbourg et Dijon. Ce qui profite évidemment aux trains qui relient Lyon à Strasbourg et qui étaient obligés, jusqu’ici d’emprunter la vieille ligne via Bourg et Lons-le-Saulnier.

Il manque encore un barreau de 50 km à construire qui permettrait de raccourcir le temps de trajet. Cette 2ème phase est en principe prévue pour 2014 : il en coûterait 1,16 milliard d’euros..

Il ne s’agit donc pas d’un train direct, les arrêts sont assez nombreux : Mâcon, Besançon, Belfort-Montbeliard, Mulhouse, Strasbourg (3 h 40 au lieu de 4 h 45, au départ de Lyon), puis en Allemagne, Baden-Baden, Karslruhe, Mannheim, avant enfin d’arriver à la capitale économique allemande. Ces arrêts constituent une nécessité commerciale pour assurer la réussite de la liaison.

Gérard Collomb en est persuadé, cette liaison est très importante pour Lyon. « Elle se situe sur un des axes fondamentaux du développement économique ede l’Europe, ce que l’on appelle la banane bleue : oui, elle va nous permettre d’accentuer nos relations économiques !», s’exclame-t-il.

D’après Franck Bernard Directeur Europe & Développement de SNCF Voyages, les voyageurs qui emprunteront cette nouvelle laision seront d’abord les touristes. Notamment les Allemands, désireux de se rendre vers le sud puisque le TGV poursuit sa route jusqu’à Marseille. Même si les prestations se veulent similaires à celles rencontrées sur l’avion, il ne table pas beaucoup, dans un premier temps, du moins, sur la clientèle affaires.

Une certitude néanmoins : cette liaison marque une nouvelle étape dans l’histoire ferroviaire européenne. Un maillage à grande vitesse du continent est en train de se développer. Il est avivé par la concurrence.

La collaboration entre opérateurs historiques-ici, en l’occurrence, la SNCF et la Deutsche Bahn- est aiguillonnée par des initiatives privées. S’il existe déjà des coopérations entre opérateurs nationaux pour le TGV Lyon-Genève (trois aller-et-retours/jour) et Lyon-Milan (id), Véolia Transdev et Tranitalia ont lancé de leur côté une compagnie privée, Thello qui annonce dès cet été un Lyon-Chambéry-Turin à grande vitesse.

A l’occasion de l’inauguration de ce Lyon-Francfort, le responsable de la SNCF annonçait, lui, de son côté, l’arrivée probable d’un TGV Lyon-Barcelone au cours de l’année 2013.

Reste un problème grandissant, celui de l’adaptation de la gare de la Part-Dieu qui, prévue à l’origine pour 35 000 voyageurs en accueille aujourd’hui chaque jour… 90 000. La thrombose guette et il faudrait songer à lancer rapidement son agrandissement. Contrairement au TGV, ce projet là est d’une lenteur exaspérante…

Photo (DL) : 9 h 54, le premier TGV Lyon-Francfort arrive en gare de la Part-Dieu sous l’œil des caméras.