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Mariage de l’Internet et de l’électricité : cinq projets de smart grids en Rhône-Alpes

Et un de plus ! Un cinquième projet concernant les smarts-grids à Lyon sera officiellement anoncé le 10 mai prochain. Ce qui portera à cinq le nombre de projets, concernant 500 à 10 000, selon les cas, le nombre d’usagers de l’électricité rhônapins concernés par ces réseaux intelligents qui préfigurent l’avenir. Les réseaux centralisés de l’électricité très haute tension que l’on connaît actuellement sont destinés à laisser peu à peu la place aux réseaux locaux basse tension intelligent, suite à l’apport grandissant de l’électricité photovoltaïque et éolienne, produite par les particuliers ou les entreprises. Une véritable révolution copernicienne dans laquelle la région est en pointe.

Nous sommes en train de vivre la 3ème révolution industrielle. C’est l’universitaire américain Jeremy Rifkin qui l’affirme. « Dans cette révolution en cours, chaque immeuble, chaque maison deviendront une source de production d’énergie. Il faudra donc un réseau de communication basse tension pour la distribuer. L’Internet offre cette possibilité en se mariant avec cette nouvelle source d’énergie. Il va permettre le développement de réseaux locaux d’électricité au détriment des grands réseaux centralisés que nous connaissons actuellement… »

Cette vision du futurologue américain, conseiller d’Angela Merkel, est en train de se mettre en place sous nos yeux à Lyon et en Rhône-Alpes.

Depuis l’installation chez 180 000 particuliers de l’agglomération lyonnaise du compteur intelligent Linky, pièce essentielle du dispositif de demain, les expérimentations se multiplient dans la région.

Ils portent tous sur le développement des smart grids, ces réseaux mêlant donc l’électricité et l’Internet et impliquant l’expertise d’ERDF (Electricité Réseau Distributin France), filiale à 100 % d’EDF chargée du transport de l’électricité pour la moyenne et basse tension, soit 174 000 kilomètres de lignes électriques menant jusqu’au consommateur final en Rhône-Alpes et en Bourgogne.

Là est la clef car comme le précise Jacques Longuet, responsable d’ERDF Rhône-Alpes-Bourgogne, « Le réseau du futur ne s’équilibrera plus au niveau national. L’arrivée sur le réseau de l’électricité basse tension du photovoltaïque et de l’éolien nécessite l’équilibre du réseau au niveau local pour pouvoir exister. »

Et d’ajouter : « Il va falloir tout repenser. Si nous avons, par exemple deux millions de véhicules électriques en 2020 et qu’ils rechargent tous ensemble leurs batteries, cela représente l’électricité produite par deux tranches de centrales nucléaires. Plus encore, s’il s’agit de recharges rapides ! »

Ainsi l’année dernière ERDF a procédé à 10 000 branchements de nouveaux producteurs photovoltaïques, particuliers et entreprises. Un chiffre qui reste élevé, mais a diminué après la pointe de 2010, marquée par 19 000 branchements. Il est vrai qu’entretemps, est intervenu le moratoire décrété par le gouvernement et la baisse du prix de rachat de l’électricité verte.

A cet égard, quatre expérimentations smart grids dans lesquels ERDF a investi 15 millions d’euros sont en cours en région : du projet européen « SmartCities » à la Part-Dieu ; en passant par « GreenLys » qui permet de tester 1 000 clients à Lyon et Grenoble ; ou encore « Smart Electric Lyon » (1 000 clients testés, là encore) ; mais aussi « Smart Community » ; et enfin celui des Japonais du Nedo qui va le plus loin puisqu’il va jusqu’à envisager de stocker la nuit l’électricité produite localement dans les batteries des voitures connectées au futur réseau intelligent.

Un cinquième projet est dans les tuyaux : il sera officiellement présenté le 10 mai prochain et concerne Lyon, assure Jacques Longuet qui se refuse à en dire plus pour l’heure.

Pour que tout ce dispositif se mettre en place, reste encore à l’instance de régulation à donner son feu vert à la généralisation des compteurs intelligents sur l’ensemble du territoire, après l’expérimentation réussie de linky à Lyon (0,7 % de réclamations seulement).

« La décision est prise : il ne reste plus qu’à caler les conditions de reprise des nouveaux compteurs », explique Jacques Longuet.

Le client ne paiera pas ce nouveau compteur. ERDF compte donc financer les 4 milliards d’euros que représentera in fine la facture, grâce à la diminution de la fraude rendue beaucoup plus difficile et la suppression des tournées pour relever les compteurs. ERDF souhaite donc un amortissement sur vingt ans en restant propriétaire des compteurs linky.

Le feu vert ne devrait plus tarder, permettant de passer peu à peu, de l’expérimentation, au développement sur une beaucoup plus grande échelle.

La seule généralisation à l’Hexagone de linky devrait permettre la création de 5 000 emplois.

Elle demandera aussi de gros investissements. Assurément supérieurs encore à ceux, déjà élevés, qu’ERDF engagera cette année : 326 millions d’euros sur la seule région Rhône-Alpes-Bourgogne dans la modernisation et le développement des réseaux. La troisième révolution industrielle est en marche.

Illustration (Greelys) : Les smart grids consituent un « réseau intelligent ». Ils naissent du mariage d’un réseau électrique et d’un réseau de télécommunication, via Internet. Ce qui permet un contrôle intégré et automatisé du système électrique, la gestion de la production et de la charge pour le client final.