Espérance de vie sans perte d’autonomie : des écarts marqués en Auvergne-Rhône-Alpes
En Auvergne-Rhône-Alpes, les femmes de 60 ans peuvent espérer vivre 23,2 années supplémentaires sans perte d’autonomie, contre 20,8 années pour les hommes. Un indicateur clef pour les politiques publiques et l’offre médico-sociale à venir.
L’Insee publie une analyse approfondie de l’espérance de vie sans perte d’autonomie (EVSPA) en Auvergne-Rhône-Alpes, mettant en évidence des écarts sensibles selon les départements, les sexes et les niveaux de vie. En 2021, la région comptait 2,1 millions de seniors, soit 26 % de sa population, parmi lesquels 242 500 sont en perte d’autonomie (11,4 %).
Une espérance de vie globalement supérieure à la moyenne nationale
À la naissance, une femme de la région peut espérer vivre 85,8 ans, un homme 80,2 ans. À 60 ans, l’espérance de vie est respectivement de 27,7 ans pour les femmes et 23,4 ans pour les hommes, soit légèrement plus qu’en France métropolitaine.
L’EVSPA, quant à elle, atteint 23,2 ans pour les femmes de 60 ans et 20,8 ans pour les hommes, ce qui représente environ 84 % et 89 % du reste de leur vie sans limitation majeure dans les actes du quotidien. À 75 ans, l’écart se réduit mais persiste (10,5 ans pour les femmes, 9,6 ans pour les hommes).
Des disparités départementales marquées
Les écarts entre départements sont notables. Pour les femmes de 60 ans, l’EVSPA varie de 21,8 ans dans le Cantal et l’Ardèche à 24,1 ans en Savoie. Chez les hommes, elle va de 19,4 ans dans le Cantal à 21,5 ans dans le Rhône. Ces différences s’expliquent notamment par les niveaux de vie médians, les parcours professionnels (notamment le fait d’avoir été cadre), et les niveaux de diplôme.
La perte d’autonomie est également inégalement répartie : elle touche 14,1 % des seniors dans le Cantal, contre seulement 9,1 % en Haute-Savoie. Le Cantal figure ainsi parmi les départements les plus touchés de France métropolitaine, tandis que la Haute-Savoie fait partie des moins touchés.
Une féminisation de la perte d’autonomie
Les femmes sont davantage concernées par la perte d’autonomie : 13,6 % d’entre elles contre 8,5 % des hommes. Cela s’explique en partie par leur plus grande longévité et par le fait qu’elles survivent souvent à leur conjoint. En 2021, elles représentaient 67 % des seniors en perte d’autonomie.
Autre facteur notable : 35 % des seniors en perte d’autonomie sont en situation de dépendance sévère, nécessitant une aide pour la plupart des actes essentiels de la vie. Deux tiers de ces cas concernent des personnes âgées de 85 ans ou plus.
À l’horizon 2070, une évolution démographique majeure
Selon les projections de l’Insee, la population des seniors atteindrait 3 millions en Auvergne-Rhône-Alpes en 2070, soit 35 % de la population régionale. Dans ce scénario, 339 300 d’entre eux seraient en perte d’autonomie, soit 96 800 de plus qu’en 2021. Le nombre de personnes en dépendance sévère augmenterait également pour atteindre 126 900.
Fait notable : les écarts d’espérance de vie entre les sexes tendraient à s’atténuer. À 60 ans, hommes et femmes auraient alors la même EVSPA, les hommes bénéficiant même d’une légère avance à 75 ans.