Pourquoi la ville de Lyon refuse de répondre : une transparence mise à mal

Depuis le 1er septembre 2025, la Ville de Lyon et plusieurs mairies d’arrondissement écologistes ont fermé temporairement les commentaires sur leurs comptes de réseaux sociaux. Une décision prise au nom du respect de l’article L.52-1 du code électoral, qui interdit toute campagne de promotion institutionnelle dans les six mois précédant une élection générale.
L’opposition dénonce une « censure »
Le parti Renaissance, par la voix de Thomas Rudigoz, a dénoncé une mesure visant à « museler la parole des citoyens » :
« La réalité est que les commentaires sous les publications municipales étaient très souvent défavorables à la majorité écologiste. Plutôt que d’assumer la critique, la Ville a choisi de la faire taire », affirme l’ancien député et chef de file Renaissance à Lyon.
Les Républicains et le centre, qui dirigent notamment les 2ᵉ et 6ᵉ arrondissements, tiennent le même discours. Selon eux, fermer les commentaires reviendrait à fuir le dialogue démocratique et à verrouiller la communication institutionnelle.
Mais alors, qui ne respectent pas la loi ?
C’est là que le débat prend une tournure plus complexe. Car si la majorité écologiste applique une lecture stricte du code électoral, les mairies d’arrondissement dirigées par l’opposition ont choisi de laisser leurs espaces de commentaires ouverts. Autrement dit, elles exposent potentiellement leurs pages à des débats politiques ou électoralistes, précisément ce que la loi cherche à encadrer.
On peut alors s’interroger : pourquoi l’opposition, qui accuse les écologistes de « censure », ne choisit-elle pas d’appliquer la même règle de prudence légale ? Respecter la neutralité institutionnelle n’est-il pas une exigence partagée par toutes les forces politiques, quel que soit le bord ?
Une interprétation différente de la loi
La réponse tient sans doute dans l’interprétation du texte. L’article L.52-1 interdit la promotion des réalisations ou de la gestion d’une collectivité, mais il ne mentionne pas explicitement la fermeture ou non des commentaires. Là où la majorité écologiste préfère une lecture stricte fermer pour éviter tout risque, l’opposition revendique une approche plus souple, en laissant les citoyens s’exprimer quitte à gérer les débordements par la modération.
Entre légalité et stratégie politique
Au fond, cette polémique illustre deux conceptions de la communication institutionnelle en période électorale :
La prudence juridique, assumée par la majorité écologiste, qui choisit de se protéger contre toute accusation d’utilisation partisane des canaux publics.
L’ouverture revendiquée, défendue par l’opposition, qui préfère maintenir l’espace de dialogue mais prend le risque d’une instrumentalisation politique.
Derrière le débat juridique se cache donc un enjeu plus politique : qui s’empare du récit démocratique ? Ceux qui ferment, au nom de la loi, sont accusés de censure. Ceux qui laissent ouverts, au nom de la liberté d’expression, peuvent être accusés de jouer avec les limites de la réglementation.