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Le contexte : une communication contrôlée ou une absence de réponses ?

Avec plus de 248 000 salariés en 2024, l’artisanat se confirme comme un pilier de l’emploi régional en Auvergne-Rhône-Alpes. Mais le dernier baromètre ISM-MAAF révèle des tensions inédites sur le marché du travail : alors que les offres d’emploi explosent (+46 % depuis 2019), le nombre de demandeurs recule de 10 %. Un déséquilibre qui ouvre de nouvelles perspectives pour la formation et la reconversion.

Un emploi artisanal toujours solide malgré un léger recul

Au 31 décembre 2024, la région Auvergne-Rhône-Alpes comptabilisait 248 630 salariés dans les métiers de l’artisanat, soit une progression de 2,8 % depuis 2019. La région se hisse à la seconde place nationale, derrière l’Île-de-France.

Après un rebond marqué entre 2019 et 2022 (+6,4 %), la tendance s’est légèrement inversée entre 2022 et 2024 (-3,3 %), dans un contexte économique tendu. Les reculs les plus notables concernent le BTP (-6 %) et la fabrication (-5 %), tandis que les services et l’alimentation restent stables.

Des offres d’emploi en forte hausse et un vivier de candidats en baisse

La dynamique de recrutement s’intensifie : 70 830 offres d’emploi ont été diffusées en 2024, soit +46 % depuis 2019. La région détient le record national du volume d’offres, portée par une forte rotation des postes liée aux mobilités et départs à la retraite.

Le secteur de la fabrication domine avec 24 600 offres, suivi du BTP (22 660), des services (16 440) et de l’alimentation (7 130). Certaines spécialités enregistrent des hausses spectaculaires :

  • Alimentation : charcuterie-traiteur (+73 %), pâtisserie-confiserie-chocolaterie (+53 %)
  • BTP : charpente bois (+143 %), charpente métallique (+119 %)
  • Fabrication : conduite de machines de façonnage routage (+575 %), métalliers (+214 %)
  • Services : maintenance informatique et bureautique (+54 %)

Le Rhône arrive en tête avec 18 610 offres diffusées, suivi de l’Isère (9 810) et de la Haute-Savoie (7 900). La Haute-Loire (+137 %) et le Cantal (+135 %) affichent les plus fortes progressions.

Des difficultés de recrutement à un niveau record

En parallèle, le nombre de demandeurs d’emploi a chuté de 10 % entre 2019 et 2024, pour s’établir à 100 930. Le recul est généralisé : -11 % dans le BTP et la fabrication, -9 % dans l’alimentation, -8 % dans les services. Les baisses les plus fortes concernent le Cantal (-16 %) et l’Allier (-14 %).

Résultat : les difficultés de recrutement atteignent un niveau sans précédent. En 2024, 57 % des embauches sont jugées difficiles, un taux qui dépasse 90 % pour certains métiers :

  • Couvreurs : 93 %
  • Bijoutiers, graveurs : 91 %
  • Carrossiers automobiles : 90 %

Un contexte favorable à la formation et à la reconversion

Ces tensions ouvrent des perspectives fortes pour les candidats en quête de formation ou de reconversion. Le baromètre ISM-MAAF identifie les métiers les plus porteurs, caractérisés par une forte baisse du nombre de demandeurs d’emploi :

  • Charcutiers-traiteurs : -32 %
  • Plâtriers : -33 %
  • Retoucheurs en habillement
  • Conducteurs de machines de façonnage routage
  • Mécaniciens de maintenance industrielle

Des “métiers en vogue” sous pression

À l’inverse, certains métiers prisés après la crise sanitaire connaissent un afflux de candidats et deviennent saturés. C’est le cas des poissonniers, brasseurs, pâtissiers ou chauffeurs VTC, qui affichent une hausse notable du nombre de demandeurs d’emploi.

Un enjeu économique et territorial majeur

Alors que les entreprises artisanales peinent à recruter, ce déséquilibre entre l’offre et la demande pose un défi pour l’économie régionale. La valorisation des métiers, la formation et l’attractivité des filières deviennent des leviers essentiels pour répondre à ces tensions et soutenir l’emploi dans un secteur qui reste au cœur du tissu économique d’Auvergne-Rhône-Alpes.