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Après une cyber-attaque massive, le groupe lyonnais de lingerie Lise Charmel en redressement judiciaire

La direction aurait pu accepter de payer la rançon dans la plus totale discrétion, comme si de rien n’était. Victime d’un ransomware, le groupe lyonnais Lise Charmel ne s’est pas laissé faire, avec au bilan un redressement judiciaire, « par protection ». Au passage, un bel exemple à suivre pour les entreprises victimes de cyber-attaques : ne jamais céder…

Du jour au lendemain, tous les systèmes informatiques de la société de lingerie Lise Charmel se sont retrouvés totalement bloqués, inutilisables.

« Nous nous sommes retrouvés le 8 novembre au matin avec tous nos fichiers, toutes nos données, tous nos postes cryptés en France et à l’étranger. On a été en état de choc pendant plusieurs semaines. C’était terriblement violent », raconte Olivier Piquet, directeur général de Lise Charmel, le spécialiste lyonnais de la lingerie fine, à notre confrère spécialisé « Fashion Network ».

Selon un scénario bien rodé, un logiciel informatique malveillant (en l’occurrence un « ransomware ») «  avait pris en otage toutes nos données en échange d’une clé permettant de les déchiffrer », explique le patron de l’entreprise, en confirmant cette mésaventure qui aurait pu être fatale, révélée par le site d’information Salade lyonnaise.

A payer en bitcoins

Les 1 150 collaborateurs du groupe au niveau mondial – 400 dans la région lyonnaise – étaient « tous bloqués par cette attaque ciblée ».

Objectif des rançonneurs informatique : extorquer à l’entreprise paralysée une grosse somme d’argent, généralement à payer en bitcoin pour éviter toute trace.

« On veut rester discrets mais notre parti pris a été de ne pas payer la rançon et de reconstruire, indique le dirigeant. C’est pourquoi nous avons, de nous-même, sollicité le tribunal de commerce »

.

D’où, « par protection », la mise en redressement judiciaire de toutes les entités françaises du groupe, le 27 février dernier. Une démarche qui se veut avant tout technique et permettre la relance de l’entreprise.

« C’est pour nous mettre à l’abri, nous protéger de toute pression financière alors que nous voulons rattraper notre retard de production et de livraison, aller de l’avant et travailler dans la sérénité. Tous nos partenaires, producteurs et clients, qui ont formé une super chaîne de solidarité, sont au courant et nous soutiennent», se félicite auprès de Fashion Network le directeur général.

Plusieurs millions d’euros

Ce blocage de tous les systèmes informatiques a en effet, en attendant un détail plus précis, « coûté à l’entreprise plusieurs millions d’euros ».

La société Lise Charmel est présente dans une quarantaine de pays en Europe et en Amérique du Nord.

Le groupe textile lyonnais a réalisé en 2018 un chiffre d’affaires cumulé de près de 60 millions d’euros.

Il exporte près de la moitié de sa production, avec cinq marques – Lise Charmel, Epure, Eprise, Antigel, Antinéa – et plusieurs dizaines de magasins à l’étranger.

En tout cas, un exemple à méditer pour les entreprises victimes de telles mésaventures : ne jamais céder…