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Dans la région lyonnaise, environ 70 % des chantiers du BTP ont repris dans des conditions dégradées. Si l’heure est plutôt en la mise en place de nouvelles règles de sécurité sanitaire, cependant de nombreux freins entravent cette reprise.

Durant deux mois, les Lyonnais ont pu profiter d’un réveil plus agréable le matin. Ça, c’était pendant le confinement. Depuis le 11 mai, ce n’est plus du tout pareil. Ballet des camions et autres engins du BTP, coup de marteaux qui résonnent, voilà désormais leur quotidien. Et pour cause, la grande majorité des chantiers du BTP, les travaux de voirie, de construction de logements et d’immeubles, de bureaux, ou encore d’aménagement d’espaces verts ont repris une activité.

 » En avril, on a testé les chantiers, c’était un mois de test, de déploiement des règles sanitaires. Sur le mois de mai, c’est une reprise beaucoup plus effective, beaucoup plus massive. Actuellement, on a peut-être trois quarts des chantiers qui ont repris sur le Rhône « , assure Samuel Minot, président de BTP Rhône.

Une reprise avec respect des gestes barrières dans le secteur du BTP…

En effet, le BTP est un travail d’équipe qui nécessite une forte co-activité. Désormais, il faut travailler autrement. Les nouvelles règles sanitaires permettent d’assurer la sécurité des ouvriers et l’environnement du chantier avec des gestes barrières, la distanciation sociale et le roulement d’équipes. En outre, il a fallu également équiper les ouvriers de matériels de protection comme les masques, les gants, gels, instaurer le nettoyage des outils et des locaux et éviter la co-activité…

 » Il y a des protections collectives sur les chantiers, les bases vies. Je vous donne un exemple : les sanitaires ou les réfectoires, qui avaient l’habitude de pouvoir faire déjeuner une vingtaine de personnes, aujourd’hui, les effectifs sont divisés par deux, une personne tous les 4 mètres carrés…« , explique Samuel Minot.

… Mais cependant très compliquée.

Malgré une relance de 70 % des chantiers du Rhône, une préoccupation demeure, celle de la distanciation sociale qui a pour conséquence, une reprise des chantiers en mode dégradé dû à de nombreuses contraintes.

 »  95 % des entreprises ont repris, mais dans un mode dégradé. Il faut savoir que nos ouvriers ne sont pas tous revenus au travail. Hormis les quelques cas de personnes malades, il y a des personnes en garde à domicile, des personnes fragiles. Il y a des ouvriers qui ne sont pas revenus parce qu’ils sont confinés à l’étranger dans leur pays d’origine ou parce qu’ils sont bloqués à la frontière. Toutes ces étapes et toutes ces contraintes-là ne permettent pas une reprise à 100 % de l’activité. Il va falloir attendre septembre ou octobre avant d’avoir une reprise, je n’ose pas dire normale, dans un rythme soutenu en tout cas supportable pour nos entreprises. » poursuit Samuel Minot.

Ainsi, là où hier, deux équipes travaillaient tous les jours ensemble sur une même zone, désormais, c’est une seule.  » On a interdit toute co-activité sur la même zone. On a réduit les effectifs de façon à ne pas surcharger le chantier…. Bien que ça rallonge en temps  » explique Yannick Coathalem, conducteur de travaux chez Eiffage Route.

Bien que le taux de reprise soit supérieur à la moyenne nationale, un quart des chantiers reste néanmoins à l’arrêt.

 » Ce sont les chantiers de réhabilitation d’immeubles, notamment dans l’habitat social, lorsque les locataires sont toujours présents. Que ce soit le maître d’ouvrage comme l’entreprise, il n’y a aucune prise de risque en la matière « , assure Michel Le Faou, vice-président de la Métropole de Lyon en charge de l’urbanisme et du renouvellement urbain.

Qui prendra en charge le surcoût des chantiers ?

Pour Samuel Minot :  » Il est évident que les entreprises seules ne vont pas pouvoir le subir et le supporter. C’est un dialogue qui est en train de s’établir entre les maîtres d’ouvrages et les entreprises pour dire voilà qu’est-ce qu’on prend en charge, qui prend quoi en charge sur le chantier, et ça, c’est long…  »

Aussi, tous les chantiers ne seront pas touchés de la même façon.  » Prenons deux exemples : un peintre qui travaille seul n’a quasiment pas de surcoût, alors qu’une entreprise de gros œuvre, ce sera relativement important. En fait, ça dépendra de la typologie du chantier, mais aussi de l’avancement du chantier « , précise-t-il.

Pour David Kimelfeld, président de la Métropole de Lyon :   »  Il y a des surcoûts, c’est très compliqué à évaluer. On prendra le temps ensemble de se poser la question collective : comment on répartit les charges. La métropole n’est pas fermée du tout à prendre sa part. Elle doit prendre sa part comme elle la prend dans d’autres filières. Après, il va falloir modéliser tout ça puisqu’on ne va pas pouvoir le faire chantier par chantier. »

In fine, les collectivités tout comme les entreprises devront s’accorder pour se partager la note.