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Comment faire revenir les salariés au bureau ?
Travail hybride, réaménagement des locaux, multiplication des espaces communs et de convivialité… Après la crise sanitaire, tout est bon pour que les collaborateurs se sentent “comme à la maison”. 

Le télétravail a-t-il vécu ? Non, mais beaucoup en sont revenus. Deux ans après le premier confinement, la révolution que certains annonçaient s’est atténuée.

“On constate un essoufflement et une lassitude du fait du manque de communication que cela engendre, souligne Maryse Cadegros, directrice générale de Brice Robert Arthur Loyd Lyon. Le travail hybride et les horaires flexibles sont un peu déstabilisants, notamment pour les jeunes.” Pas question pour autant de revenir en présentiel à 100  % comme avant. “La crise a montré que l’on se manquait et que les collègues pouvaient être une source d’émulation, estime Frédéric Berthet, gérant associé d’Omnium. Même si la créativité et la productivité sont moindres, une journée de télétravail par semaine peut constituer une soupape de décompression pour un salarié.”

Selon lui, cette possibilité fait désormais partie des acquis, notamment dans le cadre de la responsabilité sociale des entreprises (RSE). “Le salarié attend de plus en plus une qualité de vie personnelle et professionnelle, complète la directrice générale d’Omnium, Sophie Mezin. Pouvoir adapter son emploi du temps ou travailler de n’importe où est, pour certains, un critère de sélection.”

Obligé de déménager pour recruter

D’autant que la baisse du chômage incite les entreprises à redoubler d’efforts pour conserver ou recruter des collaborateurs. Reste donc à trouver le bon équilibre dans une activité hybride. “C’est aux managers de réinventer le travail au bureau et les espaces pour que chacun s’y sente bien”, assure Maryse Cadegros. Et de citer la salle de sport souhaitée par ses salariés, qui leur permet de se retrouver dans un autre cadre après avoir été privés de sorties durant la crise sanitaire. Selon elle, pour les implantations supérieures à 2000  m2, les entreprises prennent des locaux 10 % à 15  % plus petits mais neufs, en ville, bien situés et desservis par les transports en commun. Avec des espaces de travail repensés et des espaces communs et de convivialité beaucoup plus importants qu’avant. Et de confier qu’un de ses clients se dit obligé de déménager car il ne parvient plus à recruter dans des locaux obsolètes.

« L’individu au centre de tout »

“Pour de jeunes ingénieurs, ce n’est plus une question de salaire mais de cadre de travail, affirme la dirigeante. Il faut agrémenter la vie des salariés pour que le fait de venir au bureau ne soit pas vécu comme une contrainte et qu’ils se sentent comme à la maison.” Une organisation flexible et agile doit permettre de trouver un équilibre dans le travail hybride.

“Pour la bonne santé morale et sociale des collaborateurs, il faut du rythme mais pas trop, du télétravail mais pas trop…”, énonce-t-elle. D’après Frédéric Berthet, le changement dans l’approche humaine a été radical. “Avec le télétravail, dit-il, les chefs d’entreprise se sont demandé comment, au fond, vivaient et travaillaient leurs salariés.” Ce qui se traduit par une modification de l’aménagement des locaux.

Si l’open space a succédé au tout cloisonné, on en revient aujourd’hui. “Dedans, les collaborateurs sont tout le temps dérangés et n’arrivent pas à se concentrer. Ils ne sont plus créatifs. D’autant que le manque de personnalisation joue contre l’individu”, détaille le gérant. Espaces de travail, de réunion, d’isolement pour téléphoner, recloisonnement pour trois ou quatre personnes travaillant en mode projet… les plateaux mixtes à la recherche d’un équilibre ont la cote. Si ce virage a été amorcé avant la crise sanitaire, elle l’a sans aucun doute accéléré. “L’individu est mis au centre de tout”, assure Frédéric Berthet. “Il s’agit de recréer de la rencontre et de la personnalisation du lieu de travail”, abonde Sophie Mezin.

« le vrai paramètre, c’est le métier »

Même si les espaces de convivialité occupent parfois une place centrale dans les locaux, le gérant associé d’Omnium estime que les tables de ping-pong et autres sofas relèvent le plus souvent des artifices qui ne marchent pas. “Il faut aller plus profondément dans la sincérité pour trouver ce qui fait qu’un salarié se sent bien”, selon lui. Optimisation des espaces, style, qualité des fauteuils et des finitions, mobilier, couleurs…

Sophie Mezin souligne l’accompagnement de plus en plus fréquent d’architectes spécialisés pour aménager les locaux. Même si certaines entreprises ont préféré repousser leur déménagement afin de voir les tendances qui se dégageaient de la crise sanitaire. “Les bureaux, c’est l’image de la société. Un outil de communication où l’on reçoit, on crée des événements et où tout le monde doit se sentir bien, explique la directrice générale d’Omnium.

Le vrai paramètre, c’est le métier. Beaucoup d’entreprises se sont ainsi rendu compte que le télétravail ne correspondait pas à leur mode de fonctionnement, à l’envie de leurs salariés ou à leur marché.”

Le manque d’offre demeure

Le président de la société de promotion Spart, Geoffrey Darjinoff, dresse le même constat, avec toutefois des clivages. D’un côté, de petites entreprises très peu marquées par le télétravail dont la volonté reste d’acquérir leurs locaux. “Pour les indépendants, c’est un moyen d’investir pour se constituer un patrimoine en vue de la retraite, explique le professionnel. Le besoin demeure donc croissant et la crise n’a pas eu d’impact sur cette projection.” De l’autre, des grandes entreprises prenant du recul pour amorcer la réflexion sur le devenir du bureau en général et des locaux qu’elles louent en particulier.

Les grandes transactions étant limitées, cet attentisme n’a donc pas d’impact significatif sur le marché. Frédéric Berthet estime lui aussi qu’après quelques mois de parenthèse l’activité a repris son cours et que la dynamique lyonnaise se poursuit. Au niveau des investisseurs, Geoffrey Darjinoff opère également une distinction. D’un côté, les professionnels de l’immobilier d’entreprise restés “ultra appétents” sur le bureau de centre-ville flexible et bien desservi, comme le montre l’augmentation des prix au mètre carré. De l’autre, les investisseurs lambda, en retrait par méconnaissance du marché du fait de ce que l’on entend sur la désertion des bureaux avec le télétravail.

Selon lui, avec un marché en tension et des demandes que les professionnels n’arrivent pas à placer faute d’offre, “cela fausse un petit peu la donne concernant l’impact de la crise sanitaire”.

 


 

NOUVEAU LYON

Edition #59 Juillet 2022

 

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