Les déplacements domicile-travail génèrent 2,1 millions de tonnes de CO2 par an en Auvergne-Rhône-Alpes

Selon une analyse publiée par l’Insee, les déplacements domicile-travail des actifs d’Auvergne-Rhône-Alpes ont généré 2,1 millions de tonnes d’équivalent CO2 en 2022. Si la région figure parmi les moins émettrices par navetteur en France de province, les disparités territoriales restent marquées, notamment entre zones urbaines et rurales et selon les aires d’attraction des villes.

Un enjeu majeur pour l’économie et les mobilités régionales

Le secteur des transports demeure le premier émetteur de gaz à effet de serre en France, représentant 30 % des émissions en 2022. Dans ce contexte, les trajets domicile-travail constituent le premier motif de déplacement des particuliers. En Auvergne-Rhône-Alpes, 3,3 millions de navetteurs sont concernés, pour un total de 2,1 millions de tonnes de CO2 émises sur l’année.

Rapportée au nombre d’actifs, la région affiche toutefois des émissions moyennes inférieures à celles de la France de province. Un navetteur émet en moyenne 650 kg de CO2 par an, soit 8 % de moins que la moyenne observée dans les autres régions hors Île-de-France.

Des émissions contenues grâce à une moindre dépendance à la voiture

Cette performance relative s’explique en partie par un recours plus fréquent aux transports en commun et aux mobilités douces, comme la marche et le vélo, notamment dans les grandes agglomérations. Les métropoles et les villes de plus de 100 000 habitants, bien équipées en réseaux de transport collectif, concentrent une part importante des emplois et facilitent des déplacements moins émetteurs.

À l’inverse, les navetteurs utilisant la voiture parcourent des distances plus longues et génèrent des émissions nettement supérieures. En moyenne, un automobiliste émet 830 kg de CO2 par an pour ses trajets domicile-travail, contre 60 kg pour un usager des transports en commun.

De fortes disparités entre départements

L’Insee met en évidence des écarts significatifs entre territoires. Les navetteurs de l’Ain sont les plus émetteurs de la région, avec 840 kg de CO2 par personne et par an, soit environ deux fois plus que les navetteurs du Rhône, qui affichent les émissions les plus faibles avec 410 kg par an.

Ces différences s’expliquent par la combinaison de plusieurs facteurs, dont la distance domicile-travail, le caractère urbain ou rural des territoires et l’offre de transports disponibles. Les départements ruraux, plus dépendants de la voiture, présentent des niveaux d’émissions supérieurs à la moyenne régionale, à l’exception notable du Cantal, où la proximité entre lieux de résidence et d’emploi favorise les mobilités douces.

Le rôle structurant des aires d’attraction des villes

Quatre navetteurs sur cinq résident et travaillent au sein de la même aire d’attraction des villes. Ces déplacements internes concentrent 57 % des émissions régionales liées aux trajets domicile-travail. En revanche, les actifs qui quittent leur aire pour travailler dans une autre génèrent des émissions nettement plus élevées, avec une moyenne de 1 580 kg de CO2 par an.

Les aires de Lyon et de Genève concentrent une part importante de ces flux interterritoriaux, en raison de leur forte attractivité économique. Les déplacements vers ces pôles d’emploi pèsent lourdement dans le bilan carbone régional des mobilités professionnelles.

Des enjeux directs pour les entreprises et les territoires

Pour les entreprises, ces constats soulignent l’importance des politiques de mobilité, du télétravail et de l’implantation géographique dans la réduction de l’empreinte carbone. L’Insee estime par ailleurs que si 10 % des navetteurs automobilistes basculaient vers les transports en commun, près de 190 000 tonnes de CO2 pourraient être évitées chaque année en Auvergne-Rhône-Alpes.

À l’échelle régionale, l’étude met en lumière les marges de progrès encore possibles pour concilier attractivité économique, organisation du travail et transition écologique, dans un contexte où les déplacements domicile-travail restent un levier central de décarbonation.