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L’impact de la conjoncture internationale : entre incertitudes et opportunités

Le dernier baromètre trimestriel d’HelloWork, publié le 10 octobre 2025, dresse un constat clair : le marché de l’emploi poursuit son ralentissement. À Lyon comme dans l’ensemble de la région Auvergne-Rhône-Alpes, les offres d’emploi reculent de 11 % sur un an au troisième trimestre, dans un contexte économique et politique toujours instable. Si le volume global d’offres reste élevé, la dynamique s’essouffle, traduisant un climat d’attentisme tempéré par la recherche de flexibilité des entreprises.

Une tendance nationale en repli, mais un marché encore actif

Sur le plan national, HelloWork observe une baisse de 8 % du volume total d’offres d’emploi (CDI, CDD, intérim, alternance confondus), pour un total de 2,5 millions de publications. Un chiffre comparable à celui de 2023, mais inférieur aux niveaux exceptionnels enregistrés début 2024. Le troisième trimestre marque ainsi la poursuite d’une tendance baissière amorcée en début d’année, même si le recul s’atténue légèrement par rapport au deuxième trimestre (-11 %).

Malgré un été difficile (-9 %), le mois de septembre laisse entrevoir des signes d’accalmie avec un repli limité à -6 %. Dans un climat politique marqué par la démission du Premier ministre, les entreprises semblent désormais composer avec l’incertitude plutôt que la subir, ajustant leurs recrutements sans les interrompre.

Des contrats plus courts privilégiés par les entreprises

La recherche de flexibilité est manifeste : les CDI reculent de 12 % sur un an, tandis que les CDD progressent de 18 %, tirés par le dynamisme des services à la personne. L’intérim, bien qu’en baisse de 10 %, montre une stabilisation progressive après plusieurs trimestres de recul. En revanche, l’alternance connaît une chute de 19 %, pénalisée par la réduction des aides publiques depuis avril et l’augmentation des charges depuis juillet. Une évolution qui illustre la difficulté des entreprises à maintenir un rythme soutenu de recrutements dans ce dispositif pourtant stratégique pour la formation.

Auvergne-Rhône-Alpes : un recul marqué mais un potentiel toujours fort

Deuxième région la plus dynamique du pays, l’Auvergne-Rhône-Alpes affiche une baisse de 10 % des offres d’emploi au troisième trimestre, dans la lignée de la moyenne nationale. Si la contraction est significative, elle ne remet pas en cause le poids régional dans l’emploi industriel et tertiaire. Les grands bassins d’activité, dont la métropole de Lyon, demeurent des zones clés de recrutement, notamment dans les secteurs du BTP, de la santé et des services aux entreprises.

Les autres régions présentent des trajectoires contrastées : la Provence-Alpes-Côte d’Azur limite la baisse à -1 %, tandis que la Nouvelle-Aquitaine et les Pays de la Loire reculent de 15 %. Seule la métropole de Nice affiche une progression notable (+10 %), tirant profit d’une dynamique locale exceptionnelle.

Des secteurs en tension, d’autres qui résistent

Le baromètre confirme la domination du secteur de la santé, du social et des services à la personne, qui concentrent 34 % des offres publiées. Malgré un léger recul (-7 %), ces métiers restent les plus recherchés, avec une forte demande pour les infirmiers, aides-soignants et auxiliaires de vie. Les services à la personne et aux entreprises constituent désormais le deuxième secteur pourvoyeur d’emplois (16 % des offres).

À l’inverse, les secteurs industriels souffrent : les bureaux d’études et la R&D enregistrent une baisse de 36 %, la production et la maintenance chutent de 22 à 33 %. Le bâtiment reste toutefois le premier secteur recruteur en intérim, malgré un repli de 8 %. En parallèle, la comptabilité, la gestion et la finance progressent légèrement (+3 %), témoignant d’un besoin constant de profils qualifiés dans les fonctions support.

Des signaux de résilience malgré le ralentissement

Pour David Beaurepaire, directeur délégué d’HelloWork, les signaux restent encourageants : « Le marché de l’emploi connaît toujours des turbulences, mais les signaux du mois de septembre invitent à un certain optimisme. Les entreprises continuent de recruter, même si elles privilégient davantage la flexibilité des contrats à court terme. »

Cette relative résistance confirme la capacité du marché à s’adapter à un environnement incertain. Si le ralentissement est réel, le besoin en compétences demeure fort, en particulier dans les métiers de proximité, la santé et la transition énergétique. Une tendance qui pourrait, à moyen terme, stabiliser le marché régional, notamment dans les pôles urbains denses comme Lyon.