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bâtiments anciens du centre de lyon, passoires énergétiques prochainement pénalisées
Le couperet de la loi Climat et Résilience est tombé : il n’est désormais plus possible d’augmenter le loyer des logements à l’étiquette énergétique F ou G. Qualifiés de passoires énergétiques, ils représentent quelque 4,8 millions d’habitations en France, soit 17 % du parc.

Pis, ils ne pourront plus être mis en location, même à l’occasion d’un renouvellement de bail – à compter de 2025 pour les étiquettes G, de 2028 pour les logements estampillés F. Premières touchées, les petites surfaces dans des immeubles anciens équipés de chauffage électrique. Mais, plus largement,

60 % du parc est malade

estime le président de l’Institut de management des services immobiliers, Henry Buzy-Cazaux, qui rappelle que les E seront atteints par la loi en 2034. Pour lui, la mesure s’apparente à “un coup de massue donné aux ménages”. 

Certains bailleurs vont vendre car ils n’ont pas les moyens de réhabiliter

prédit déjà Emmanuel Capuano.

L’addition est en effet salée. Thomas Dubertret, chef de projet copropriétés à l’Agence locale de l’énergie et du climat, donne une fourchette de 10000 à 20000 euros par lot. La Métropole a mobilisé des aides, Écorénov, dont le montant varie selon le revenu du bénéficiaire. “Le reste à charge est de 20 % pour les plus modestes”, indique Thomas Dubertret, qui insiste sur la baisse des factures énergétiques à attendre. Il n’empêche, 60 % des bailleurs se retrouvent avec un reste à charge important, de l’ordre de 60 à 70  % au niveau national, évalue Henry Buzy-Cazaux. Des prêts, lissés sur dix ans, sont accordés aux copropriétés (Domifinance, Caisse d’Épargne Île-de-France) ou aux particuliers (Caisse d’Épargne). 

Comme l’explique Charles Laborbe, cogérant de Direct Expertise, il n’est cependant pas toujours indispensable de mener une éco-rénovation totale. Investir dans une pompe à chaleur (pour quelques milliers d’euros) suffit parfois pour faire remonter le bien dans l’échelle énergétique.

Mais, comme il le reconnaît, l’équipement est soumis à l’approbation de la copropriété, et impossible dans certains quartiers lyonnais. Acheter des convecteurs ou un cumulus de dernière génération peut également être une bonne option. Il n’en reste pas moins qu’une rénovation globale est plus pertinente, estime Thomas Dubertret, “car elle traite plus facilement les interfaces, les ponts thermiques”. 

Dans les années à venir, nul doute qu’une pression s’exercera dans les assemblées générales des copropriétés pour faire exécuter ces rénovations, surtout dans celles où les bailleurs sont majoritaires. De quoi donner des arguments aux acheteurs pour négocier à la baisse le prix de vente des biens concernés. Il est aussi à prévoir un moindre engouement des acquéreurs pour ces habitations.

Ils regardent beaucoup plus l’étiquette qu’avant,

note déjà Sébastien Vighetti.

C’est presque aussi important pour eux que la zone géographique”, abonde Nicolas Bouscasse. Le renchérissement du coût du gaz et de l’électricité avait de toute façon alerté les futurs propriétaires. Dans quelle mesure ces biens estampillés F et G vont-ils pâtir de cette nouvelle donne ? “Cet effet sera plus limité en zones tendues que dans les secteurs où il y a plus d’offres”, pense Me Séverine Girardon. Selon Henry Buzy-Cazaux, les prix pourraient baisser entre 3 et 5 % pour ces passoires énergétiques, “un peu moins sur les marchés tendus”.

 


 

Edition AVRIL 2022
NOUVEAU LYON #56

 

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