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Quatre Lyonnais lancent Evi Hob pour développer des hôtels dans le monde rural : déjà trois projets en Auvergne-Rhône-Alpes

Avant-même la crise du Covid, les petits hôtels ruraux jusqu’à 50 chambres fermaient les uns après les autres, faute de repreneurs. Quatre Lyonnais, créateurs de la société Evi Hob sont persuadés qu’il existe là un vrai marché de niche. Et ils sont en train de le prouver. Basé dans une commune de 3 600 habitants dans les Pyrénées-Orientales, leur 1er hôtel ouvrira ses portes d’ici la mi-mai. Trois autres devraient suivre en Savoie, en Ardèche et en Haute-Loire. A terme, ils comptent développer au moins une cinquantaine d’hôtels en zones rurales…

C’est l’un des projets hôteliers les plus intéressants de ces dernières années pourtant riches en concepts de toutes sortes. Il s’appuie sur un constat : en France, 72 % des hôtels ont moins de 50 chambres et ils sont détenus à hauteur de 83 % par des indépendants qui, souvent, arrivés à l’âge de la retraite ne trouvent pas de repreneurs. Qui plus est, avec la crise actuelle…

C’est avec ces chiffres en tête que quatre Lyonnais ont créé la société “Evi Hob” qui se présente comme « le spécialiste des petits hôtels de moins de 50 chambres en ruralité ».

Sans la crise du Covid-19, le premier hôtel Evi Hob situé à Alyéna une commune de 3 600 habitants dans les Pyrénées Orientales aurait déjà vu le jour depuis plusieurs mois. Il ouvrira, en principe, à la mi-mai.

Niveau deux ou trois étoiles

Franck Le Roux, un routier de l’hôtellerie qui a été directeur général de différents opérateurs de tourisme l’un des deux co-créateurs d’Evi-Hob avec Sophie Peyres décrit le concept : “ Les voyageurs seront en immersion dans la culture locale. On y trouvera le confort du niveau deux ou trois étoiles et la convivialité de l’auberge, avec systématiquement une restauration s’appuyant sur des circuits courts, ouverte aux voyageurs, comme aux habitants de la commune où il se trouve.”

“Hob” se veut ainsi comme la contraction d’hôtel et d’auberge.

Chaque hôtel disposera d’un espace de coworking, d’un salon et d’un lieu d’exposition, en sus du restaurant.

On est très loin, on le voit de l’hôtellerie de masse puisque les hôtels ne dépasseront pas les 50 chambres. “On est proche de l’économie sociale et solidaire, c’est vrai ”, explique Franck Le Roux qui ajoute : “ mais toutes nos études montrent que même avec une marge moindre que dans des grands hôtels, le concept est rentable. Il sera d’autant plus rentable que nous en gérerons un grand nombre avec une même unité de gestion.”

Un marché de niche en tout cas. Un des hôtels sur lequel ils sont en train de travailler et qu’ils pourraient reprendre est situé dans une commune de 350 habitants en Haute-Loire. “Son propriétaire qui veut partir à la retraite en a fait un établissement rentable”.

Ce devrait être un des prochains hôtels Evi Hob. Un autre devrait également voir le jour en Ardèche : les discussions sont engagées.

Délégation de service public

Un troisième, enfin, verra le jour à Orelles, près de Val Thorens en Savoie. Les créateurs d’Evi Hob ont répondu à un appel d’offres de la municipalité et avec leur concept qui a plu, ils l’ont emporté. Evi Hob bénéficiera d’une délégation de service public d’une durée de 8 ans. Il ne lui reste plus qu’à sortir de terre : financé à 100 % par la municipalité, il devrait être livré en 2023.

Dans tous les cas, il s’agit de petites structures s’appuyant sur un couple d’exploitants et un chef cuisinier, le tout complété par quelques embauches de saisonniers au plus fort de la saison ; avec un chiffre d’affaires par hôtel oscillant entre 350 000 et 1 million d’euros.

“ Nous nous voyons bien à terme gérer une cinquantaine d’hôtels dans toute la France”, lance Franck Le Roux. Revitalisant au passage des territoires ruraux. Mais tout-de-même pas n’importe où, même s’il s’agit d’éviter les communes touristiques : les hôtels doivent se situer certes à la campagne, mais sur ou non loin de territoires d’attraction touristique.

La jeune entreprise a eu le soutien de la Caisse des dépôts qui lui a ouvert son réseau. Evi Hob a ainsi pu lever 250 000 euros auprès de la Bpi et de la Caisse d’Epargne. D’ici quinze jours, une nouvelle levée de fonds de 100 000 euros sera opérée.

“Nous n’achetons pas les murs, mais le fonds de commerce et nous exploitons les hôtels, avec des loyers raisonnables ”, décrit Franck Le Roux.

“ D’après notre business plan, nous serons rentable dès que nous aurons dépassé la barre des 2,5 millions d’euros”, ajoute-t-il avant de conclure : “C’est une nouvelle forme d’hôtellerie que le marché souhaite voir se développer, nous en sommes persuadés”.

En tout cas, pour l’heure, le quatuor hôtelier lyonnais est bien le seul sur ce marché…

Photo (Evi Hob)-L’équipe d’Evi Hob, de gauche à droite : Anthony Alves de Carvalho, 29 ans (exploitation) ; Sophie Peyres, 32 ans, (marketing et communication) ; Emmanuelle Rome, 33 ans (pôle commercial) et Franck Le Roux, 44 ans, président.