Santé mentale en entreprise : un enjeu crucial pour 2025 et au-delà

Les chiffres sont là, nets et sans détour : la santé mentale devient une priorité incontournable pour les acteurs économiques, sociaux et politiques. Avec plus de treize millions de personnes touchées chaque année, sans distinction de milieu social ou d’âge, cette problématique ne peut plus être reléguée au rang d’exception. Elle s’impose désormais comme une grande cause nationale pour 2025, et son traitement dans le monde du travail devient une nécessité vitale pour préserver la santé des salariés, des dirigeants et, in fine, la pérennité des entreprises.

Le constat alarmant : des troubles psychologiques en hausse, même chez les chefs d’entreprise

Les données recueillies par l’observatoire de la vie en entreprise révèlent une tendance préoccupante : en région Paca, tout comme dans l’ensemble du portefeuille de l’assureur Axa, les troubles psychologiques figurent en tête des causes d’arrêt de travail de longue durée, dépassant souvent les deux mois (40,8%).

• Près de 65 % des dirigeants évaluent leur niveau de stress entre 7 et 10 sur une échelle de 10.
• Plus de 37 % se sentent proches du burn-out ou de l’épuisement professionnel.

Ces chiffres sont corroborés par la dernière enquête de la CPME 13, qui indique que la région connaît une hausse de l’absentéisme dans toutes les catégories professionnelles en 2024. Le constat est clair : la surcharge mentale, le stress chronique, le sentiment d’isolement ou d’impuissance deviennent des facteurs de risque majeurs, impactant la productivité, la qualité de vie au travail et même la santé physique des individus.

Il est urgent d’agir, car ces problématiques ne se résolvent pas d’elles-mêmes. La santé mentale doit devenir une priorité stratégique pour les entreprises, dans une logique de prévention et de soutien, pour éviter que la situation ne dégénère.

Des initiatives concrètes pour agir en profondeur dans les entreprises

Face à cette urgence, plusieurs actions se mettent en place, portées par des acteurs variés, des assureurs aux organisations professionnelles, en passant par des collectivités locales. Dernièrement, un projet innovant a été lancé par AG2R La Mondiale : « Agir pour préserver la santé mentale ». Ce dispositif s’adresse aux entreprises de l’économie sociale et solidaire en région PACA, qui souhaitent s’investir concrètement dans la prévention des risques liés à la santé mentale.

Ce programme, d’une durée d’un an et demi, propose un accompagnement personnalisé à une dizaine d’entreprises, avec pour objectif d’identifier, analyser et agir sur les causes profondes du mal-être au travail. La démarche s’appuie sur une approche collective et paritaire, afin de faire émerger des solutions adaptées à chaque contexte spécifique. La sensibilisation, la formation et l’acquisition d’outils concrets sont au cœur de cette initiative, qui vise à transformer la culture d’entreprise autour de la santé mentale.

Pour Stéphanie Driot-Thealler, directrice régionale de l’Aract Paca, « Sensibiliser, c’est essentiel, mais agir sur le terrain, dans l’entreprise, c’est la clé pour réellement faire évoluer les choses ». La prévention ne doit pas se limiter à des campagnes de communication, mais doit s’incarner dans des actions concrètes, quotidiennes, pour changer les habitudes et renforcer la résilience collective.

Une mobilisation croissante des acteurs publics et privés

Le 28 novembre prochain, l’Union patronale du Var organise à Toulon une journée dédiée à la santé mentale en entreprise. Intitulée « Comprendre, prévenir, accompagner », cette manifestation vise à rassembler chefs d’entreprises, experts en santé au travail, représentants syndicaux et acteurs du soin pour partager bonnes pratiques et expériences. L’objectif : encourager la mise en place de dispositifs efficaces, adaptés à chaque secteur et à chaque structure.

Mais l’action ne se limite pas à des événements ponctuels. Depuis la crise sanitaire, la question du soutien psychologique s’est imposée comme une nécessité, notamment pour les dirigeants et entrepreneurs souvent en première ligne. La CPME 13 a lancé des initiatives concrètes, telles que Break and Business, une rencontre annuelle où les chefs d’entreprise peuvent échanger avec des professionnels du secteur de la santé, dans un cadre détendu et convivial. Ces moments d’échange favorisent l’écoute, le partage et la dédramatisation du sujet.

En parallèle, la hotline Allô Cpme13 offre une écoute gratuite et confidentielle aux entrepreneurs en détresse. Au-delà d’un simple service d’assistance, elle constitue une véritable porte d’entrée vers des solutions adaptées, que ce soit un soutien psychologique ou une orientation vers des professionnels spécialisés, comme le service de prévention et de santé au travail ou l’Apesa, qui propose un soutien psychologique aux entrepreneurs en difficulté aiguë.

Et si la santé mentale devenait enfin une priorité stratégique ?

Les enjeux sont nombreux : réduire l’absentéisme, améliorer le bien-être au travail, favoriser la fidélisation des talents, mais aussi préserver la santé physique et mentale des salariés comme des dirigeants. La tendance montre que ces questions ne peuvent plus être abordées de manière ponctuelle ou isolée. Elles nécessitent une stratégie globale, intégrée à la culture d’entreprise.

Les autorités publiques, les syndicats, les employeurs et les partenaires sociaux ont tous un rôle à jouer pour faire évoluer la perception de la santé mentale en entreprise. La prévention, l’accompagnement et la formation doivent devenir des outils au même titre que la gestion financière ou la production.

Il est aussi essentiel de rappeler que la santé mentale ne doit pas être considérée comme un sujet tabou ou une faiblesse individuelle. Elle est avant tout une composante essentielle de la qualité de vie au travail, et donc de la performance globale des organisations. La mise en œuvre de politiques de soutien, la sensibilisation et la formation continue sont des leviers incontournables pour transformer durablement la culture d’entreprise.

Enfin, le contexte actuel accélère la nécessité de prendre en compte ces enjeux. La crise sanitaire, économique et sociale a révélé à quel point la résilience des entreprises dépend aussi de la santé mentale de leurs collaborateurs. Les initiatives en cours, souvent pionnières, doivent désormais s’inscrire dans une démarche pérenne, pour que chaque entreprise puisse devenir un lieu où il fait bon vivre et travailler.