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Le rapport de la Chambre régionale des comptes éclaire les enjeux du financement des transports lyonnais

Le 4 juin 2025, la Chambre régionale des comptes Auvergne-Rhône-Alpes a publié ses observations sur la gestion de SYTRAL Mobilités, dans le cadre d’une enquête nationale pilotée par la Cour des comptes sur le financement des transports collectifs urbains. Le rapport se concentre sur le réseau TCL, exploité jusqu’en 2024 par Keolis et désormais sous double délégation publique, avec RATP Dev pour les modes « lourds » et Keolis pour les modes « légers ».

Un modèle financier efficace jusqu’en 2023

Avec 495 millions de voyages enregistrés en 2023, le réseau lyonnais retrouve une fréquentation proche de l’avant-crise sanitaire. Cette performance repose sur une offre renforcée : la capacité d’emport, mesurée en « place kilomètres offertes », a progressé de 8 % entre 2015 et 2023.

SYTRAL Mobilités a maintenu une politique tarifaire historiquement contributive, avant de l’assouplir en 2019 par l’introduction de grilles sociales et de tarifs avantageux pour les jeunes. Cette évolution, favorable à la fréquentation, s’est accompagnée d’un recul du produit des ventes (243 M€ en 2023 contre 256 M€ en 2019).

Le dynamisme du versement mobilités (+40 % sur la période examinée) a permis de compenser cette baisse. En 2023, il représente 480 M€, soit la première source de financement du SYTRAL. L’établissement a ainsi pu autofinancer près de 80 % de ses investissements.

Des perspectives d’endettement préoccupantes

Le rapport pointe cependant une fragilité croissante. Le programme d’investissement inscrit dans le débat d’orientations budgétaires 2024 atteint 6,4 milliards d’euros pour la période 2024-2033, soit 2,5 fois plus que précédemment. Le recours à l’emprunt est massif : près de 340 M€ par an sont prévus.

Cette stratégie pourrait détériorer rapidement la situation financière, d’autant que les recettes sont incertaines. SYTRAL Mobilités n’a d’ailleurs pas présenté de prospective financière en 2025, invoquant les aléas sur ses ressources. Les projections sont jugées optimistes par la chambre, qui recommande d’élaborer des scénarios alternatifs.

Un service apprécié mais des zones perfectibles

L’offre de transport est jugée dense et qualitative. Les enquêtes menées par la chambre et par SYTRAL en 2023 montrent un niveau de satisfaction relativement élevé, notamment sur la fréquence, la desserte et l’accessibilité. En revanche, les usagers sont plus critiques sur la gestion des imprévus, la ponctualité des bus et la surcharge des rames.

La période 2022-2023 a été marquée par une dégradation des conditions d’exploitation, avec jusqu’à 3 % de trajets non réalisés, en raison de tensions sur le recrutement et d’un absentéisme post-crise sanitaire.

Fraude et intéressement : des leviers encore à optimiser

La fraude reste un point noir : plus d’un voyageur sur dix était en situation irrégulière en 2023. Le taux de recouvrement des amendes, à 36,4 %, est jugé faible. Des mesures correctives sont prévues dans les nouvelles DSP entrées en vigueur début 2025.

Le système d’intéressement mis en place entre 2017 et 2024 a montré ses limites, notamment sur la ponctualité des bus ou la régularité en heures de pointe. La progression des recettes de billetterie, ayant déclenché un intéressement de 12 M€ à Keolis sur deux ans, n’a pas été entièrement liée à ses performances.