TPE et PME d’Auvergne-Rhône-Alpes : une conjoncture tendue malgré quelques signaux d’amélioration

Selon la dernière enquête semestrielle des CCI d’Auvergne-Rhône-Alpes, 40 % des TPE-PME de la région déclarent une baisse de chiffre d’affaires au premier semestre 2025. Si les perspectives pour la fin d’année apparaissent légèrement moins dégradées, les entreprises restent confrontées à des difficultés persistantes, notamment la frilosité des clients, les tensions de trésorerie et les problèmes de recrutement.
Un bilan défavorable au premier semestre
Menée en juillet 2025 auprès de 366 entreprises régionales, l’enquête confirme un climat économique dégradé. 40% des TPE-PME déclarent une baisse de leur chiffre d’affaires par rapport à l’an dernier, dont 15 % avec une diminution de plus de 10 %. À l’inverse, 29 % affichent une progression et 30 % une stabilité. Le solde net reste négatif, à – 11, contre – 8 un an plus tôt.
Les difficultés de trésorerie touchent désormais près d’un tiers des entreprises, un niveau élevé déjà atteint lors de précédentes périodes de crise. Le secteur du BTP enregistre une hausse marquée de ces tensions, suivi du commerce de gros et du transport-logistique. Dans le commerce de détail, 38 % des entreprises déclarent des difficultés, un chiffre stable mais élevé.
Des freins multiples au développement
Le principal frein cité par les dirigeants est le manque de vigueur de l’activité, évoqué par 56 % des répondants, un niveau record. Vient ensuite la frilosité des clients, qui affecte particulièrement l’industrie, le commerce de gros, le tertiaire supérieur et le commerce de détail. Selon l’enquête, 44 % des TPE-PME se disent très affectées par ce facteur.
La concurrence est également jugée particulièrement intense, citée par 87 % des entreprises. Les dirigeants pointent le poids du commerce numérique, la concurrence internationale et parfois des pratiques jugées déloyales. Enfin, les coûts de l’énergie, des intrants et des services sont également mentionnés comme obstacles majeurs, notamment dans le transport-logistique et le BTP.
Des perspectives en légère amélioration
Pour le second semestre 2025, 24 % des entreprises envisagent une hausse de leur activité, soit huit points de plus qu’en début d’année. Le solde d’opinion, bien que toujours négatif (– 8), s’améliore par rapport à janvier. Les perspectives apparaissent mieux orientées dans le numérique et le transport-logistique, ainsi que pour les entreprises exportatrices, qui anticipent une stabilisation.
En matière d’investissement, la situation se redresse également : 15 % des TPE-PME prévoient d’augmenter leurs investissements dans les mois à venir. Ce chiffre, en progression de cinq points, reflète un regain d’optimisme relatif, bien que la prudence reste de mise.
L’emploi résiste mais les recrutements restent difficiles
Sur l’emploi, le solde net est négatif au premier semestre (– 5), confirmant un impact de la dégradation conjoncturelle. Néanmoins, la majorité des entreprises (68 %) ont maintenu leurs effectifs. Pour le semestre à venir, 72 % des dirigeants prévoient une stabilité, tandis que les prévisions d’augmentation sont légèrement supérieures à celles de baisse (+ 9).
Les difficultés de recrutement, qui concernaient jusqu’à 53 % des entreprises en 2022, restent présentes, bien que moins marquées. Elles touchent particulièrement le transport-logistique et le BTP, où la moitié des entreprises peinent à trouver les profils nécessaires. Pour certains dirigeants, le turnover, la sous-qualification des candidats ou le manque de main-d’œuvre qualifiée constituent des freins majeurs.
Une confiance fragilisée
Au-delà des indicateurs économiques, la perception générale reste préoccupante : 80 % des dirigeants expriment une défiance vis-à-vis de la situation économique. 63 % estiment même élevé le risque de défaillance d’entreprises dans leur environnement. Cette défiance s’est exprimée avant les nouvelles incertitudes politiques de la rentrée, laissant craindre un impact supplémentaire sur le moral des entrepreneurs.
Pour Philippe Guérand, président de la CCI de région Auvergne-Rhône-Alpes, la solution réside dans des réformes structurelles : « L’économie régionale fait face à des difficultés persistantes tant de nature économique qu’institutionnelle. Seules les réformes portant sur la compétitivité permettront un retour de la croissance, condition nécessaire au redressement des comptes publics et à la sauvegarde de notre modèle social. »