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Transport routier et Grenelle de l’Environnement : un virage à 180 degrés opéré par Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy a visité dans la Loire, le mardi 6 septembre, une entreprise de 200 salariés, LTR Vialon, spécialisée dans le transport volumineux. Pour Pierre Sibut, président de la FNTR Rhône-Alpes (Fédération Nationale des Transports Routiers), cette première visite d’un président de la 5ème République dans une entreprise du transport est à marquer d’une pierre blanche. Les transporteurs routiers avaient ressenti le Grenelle de l’Environnement comme une « stigmatisation de leur profession ». Il estime que cette visite officielle du président de la République a constitué par les propos qu’il a tenus, « un virage à 180 degrés ». Il explique pourquoi.

Dirigeant de « Fret Rhône-Alpes », une entreprise de trente salariés basée à Pont-Evêque près de Vienne (Isère), Pierre Sibut est également président régional et vice-président national de la FNTR (Fédération Nationale des Transports Routiers) qui rassemble 12 500 entreprises du secteur, de Norbert Dentressangle aux plus petites PME. C’est à ce titre qu’il a participé, en compagnie du président national, le Drômois Jean-Christophe Pic, à la visite de Nicolas Sarkozy dans une entreprise de transport le la Loire : LTR Vialon, comptant deux-cents salariés et spécialisée dans les transports volumineux.

Pour les professionnels du poids-lourd, cette visite était très importante. Intervenant quatre ans après un Grenelle de l’Environnement qu’ils avaient très mal vécu car le considérant comme stigmatisant leur profession, ils attendaient du président de la République la négociation d’un virage sur la place de transport routier dans notre pays. Et l’ont obtenu. « Ce fut un virage à 180 degrés », se félicite Pierre Sibut.

« Nous attendions beaucoup de cette visite, d’autant qu’en juillet dernier nous avions eu satisfaction sur une de nos revendications : que le transport routier ne dépende plus du ministère de l’Ecologie comme simple Secrétariat d’Etat, mais qu’il soit considéré comme ministère de plein droit : c’est le cas depuis juillet, avec Thierry Mariani comme ministre », se remémore Pierre Sibut.

Il poursuit : « Dans la Loire, Nicolas Sarkozy a dit et redit tout le bien qu’il pensait du transport de marchandises, rappelant son rôle dans l’économie et la société française, sachant que 80 % des volumes transportés le sont par la route. Il a aussi souligné les engagements de la profession en matière de développement durable, à travers les chartes CO2, l’adoption de nouvelles normes, les stages de conduite économique. Nous avons pris ces propos comme une réhabilitation de notre secteur ! »

Nicolas Sarkozy s’est également inquiété du fait que « le fret français ne pesait plus que 17 % du transport routier en Europe » ; avant d’ajouter : «  Je ne veux pas que le pavillon français prenne le chemin de la marine marchande (NDLR : cette dernière a pratiquement disparu) »

Quelles seront les conséquences concrètes de cette visite manifestement très appréciée des professionnels de la route ? Pierre Sibut en voit déjà une : « Les taxes au transport routier prévues dans le cadre du Grenelle de l’Environnement ne seront pas payées par les transporteurs, mais par les chargeurs qui auront à les répercuter sur le consommateur final. »

Et d’ajouter : « Thierry Mariani, ministre des transports et Nathalie Kociusko-Morizet, ministre de l’Ecologie étaient également présents. Devant nous, le président leur a demandé de  prendre des décisions importantes concernant le transport routier au cours des trois prochains mois. »

Il est vrai que ledit transport routier va connaître au cours des deux années à venir des échéances lourdes : la rigueur annoncée pour 2012 (réduction des allégements Fillon, TIPP), la mise en œuvre de la taxe poids-lourds à la mi-2013, ainsi que la libéralisation totale du cabotage entre pays européens en 2014.

Des négociations vont ainsi s’engager entre les ministères concernés et les professionnels du transport routier. Elles vont se dérouler jusqu’au 1er janvier 2012. On en connaît le contenu : elles porteront sur la compétitivité des entreprises, le temps de travail, le cabotage, les poids-lourds de 44 tonnes, ainsi que la répercussion de la taxe poids-lourd. Il faut donc s’attendre à des assouplissements qui ne devraient pas faire plaisir aux écologistes.

Nicolas Sarkozy s’est engagé lors de sa visite dans la Loire à prendre des « décisions rapides et fortes ». Gageons qu’il a de bonnes chances de tenir cette promesse, n’oublions pas que nous sommes à huit mois des élections présidentielles… 

Photo : Pierre Sibut, Pdg de Fret Rhône-Alpes à Pont-Evêque (Isère), président Rhône-Alpes et vice-président national de la FNTR.