Une enquête lance l’alerte : risque social élevé de la mise en place de la ZFE à Lyon
On l’a vu avec les Gilets Jaunes : il est difficile parfois d’arbitrer entre une lutte qui se veut efficace contre le changement climatique et le social. La Zone à Faible Emission (ZFE) qui va être instaurée à partir du 1er septembre (sans sanctions), puis le 1er janvier 2023 (avec…) en est la claire illustration. En témoigne une enquête réalisé par l’Institut CSA. Plus d’un tiers des automobilistes concernés n’auront pas les moyens de passer à un véhicule propre ! 17 % envisagent de rouler malgré tout avec un “mauvais” véhicule. Que faire, alors ?
On aurait pu peut-être commencer par là ! En l’occurrence, interroger les automobilistes les plus concernés par la future ZFE (Zone à Faible Emission) à Lyon. C’est ce que vient de faire le CSA dans une vaste enquête concernant surtout Auvergne-Rhône-Alpes et l’Ile-de-France.
Les résultats n’augurent rien de bon et sans doute un fort mécontentement qu’il faudra bien gérer d’une manière ou d’une autre.
Ainsi, selon les résultats de cette enquête, plus d’un tiers des automobilistes impactés estiment qu’ils n’auront pas les moyens de changer de véhicule lorsque la ZFE sera effective.
Très précisément, ils sont 36 % à estimer ne pas pouvoir disposer d’un seul euro pour acquérir un nouveau véhicule estampillé Crit’air 1 : telle sera l’obligation faite à Lyon, à partir de 2026, c’est-à-dire demain.
Or, il s’agit là de voitures à essence ou GPL les plus récentes, ou, l’idéal, des véhicules électriques ou hydrogène, il est vrai pour ces derniers encore quasiment inexistants.
Ces automobilistes actuellement dotés de véhicules Crit’air 2,3,4 ou 5 devront rester, soit dans le garage, soit hors de la vaste zone concernée par la ZFE.
“Une dichotomie entre la mise en place de la règle et la réalité de terrain…”
“Il existe une dichotomie entre la mise en place de la règle et la réalité sur le terrain”, estime Etienne Diot, délégué général de l’association Eco-Entretien, commanditaire de ce sondage CSA, cité par le journal Les Echos. Ce même délégué général est par ailleurs bien obligé de constater et c’est bien là le nœud du problème : « plus le véhicule est polluant, moins son propriétaire estime pouvoir financièrement en changer », toujours cité par Les Echos.
Au total, toujours selon ce sondage, un automobiliste concerné sur deux (très précisément 53 %) ne pense pas pouvoir changer de véhicule.
Quid alors des alternatives proposées par la Métropole lyonnaise qui met en place cette ZFE, comme les transports publics (on attend toujours le RER à Lyonnaise qu’essaie cependant de relancer Bruno Bernard, président de la Métropole et du Sytral…) ou encore le co-voiturage ?
Elles devraient avoir un impact, certes, mais pas sur tout le monde.
Ainsi, toujours selon cette enquête du CSA, “17 % des conducteurs impactés se disent prêts à braver l’interdit et à risquer une amende de 68 euros..!”
On l’aura compris face à tous ces pourcentages : il existe une non acceptabilité sociale de la ZFE que l’on n’a pas assez étudiée.
La ZFE entre dans la présidentielle…
Mais qui n’a pas échappé aux candidats à l’élection présidentielle, du moins à certains : Eric Zemmour et Marine Le Pen s’affichent ainsi pour la suppression des ZFE. Aussi bien Valérie Pécresse que Fabien Roussel ou Jean-Luc Mélenchon critiquent sévèrement, de leur côté, la manière dont ces ZFE sont mises en place.
Revenons donc à notre interrogation de départ : que faire concrètement pour répondre à l’enjeu sanitaire que sont les particules fines qui suscitent 400 000 décès prématurés en France, tout en ne provoquant pas de dégâts sociaux. On n’y a donc pas encore totalement répondu.
Et à travers cette problématique, c’est tout l’image de l’acceptabilité de la lutte indispensable contre le changement climatique qui est posée.
Et ce d’autant que l’on sait que les efforts que nous sommes en train d’engager restent faibles par rapport à ceux que nous aurons à mener dans les années à venir…