[Immobilier] Prix en recul de près de 10 % à Lyon, conséquences en cascade : anatomie d’une chute
Les prix de l’immobilier sont-ils en train de s’effondrer ? Les taux de crédit n’en finissent plus de grimper, le pouvoir d’achat immobilier des ménages est en chute libre et le nombre de transactions s’écroule. La baisse des prix est bel et bien enclenchée. Explications d’un paysage immobilier qui inquiète les professionnels et désespère les candidats à l’achat….
Ça y est, les Cassandre qui annonçaient une grave crise dans le secteur de l’immobilier depuis de nombreux mois avaient raison.
Les conséquences commencent à se faire ressentir en cascade.
Et c’est l’emploi dans le secteur qui commence à donner des signes d’affaiblissement.
Au deuxième trimestre, le secteur privé est parvenu à créer encore 12 200 postes en France, (+0,1 % en trois mois), selon l’Insee. Mais pour l’Insee, cet essoufflement est à mettre directement en relation avec la crise du BTP.
Les artisans du bâtiment sont en première ligne : phénomène nouveau, au 2ème trimestre 2023, leur volume d’activité s’est lui aussi contracté de 0,5 %, selon la Capeb. La crise s’étend.
– 8,4 % à Lyon en août
Autre symptôme, comme à Paris où les prix sont tombés à moins de 10 000 euros le M2, ils ont chuté à Lyon selon la Fnaim, de près de 8,4 % (chiffre du mois d’août), sous la barre des 5 000 euros le M2, dans bon nombre d’arrondissements. On se rapproche des 10 % de baisse.
Lyon est même l’une des villes de France où l’immobilier baisse le plus fortement. A l’aune il est vrai de la forte hausse des années passées : + 40 % en dix ans, entre août 2013 et août 2023. Le balancier est reparti dans l’autre sens.
La raison est facile à comprendre : la hausse des taux d’intérêt qui éloigne un nombre grandissant de primo-acquéreurs de l’acte d’achat : les banques ne suivent plus.
On est passé de 1 % de hausse des taux d’intérêt pendant les périodes fastes lorsque l’on craignait la déflation, à plus de 4 % aujourd’hui. Dévastateur.
Pour Véronique Bédague, la patronne de Nexity, l’un des plus importants groupes français d’immobilier, s’exprimant dans une interview dans le « Monde », « cette crise-là va se durcir, il va y avoir un vrai sentiment de frustration parmi les Français. Ceux qui ont des moyens se logeront, mais les jeunes, les nouveaux entrants ne peuvent plus acheter et ont du mal à trouver une location. »…
Et de tancer le gouvernement pourtant alerté depuis des mois de l’imminence de la crise qui est désormais bien là.
Vers une forte baisse ?
Avec l’abandon de la loi Pinel qui accompagnait les investisseurs pour qu’ils achètent de l’immobilier à des fins de location et le quasi-abandon du Prêt à Taux Zéro (PTZ), le marché s’est vu pour des raisons budgétaires, privé de deux de ses principaux moteurs.
Circonstance aggravante : le nouveau statut des passoires thermiques n’arrange pas non plus la situation en mettant des dizaine de milliers d’appartements hors marché.
La solution serait une forte baisse des prix, ce qu’espère sans doute en secret le gouvernement. Elle est en cours, on l’a vu à Lyon ; mais on estime qu’il faudrait qu’elle soit d’au moins 20 % pour qu’un nouvel équilibre se fasse avec les taux d’intérêt actuels.
La patronne de Nexity n’y croit pas trop : « Le marché est en déséquilibre, on manque de logements. Je ne vois donc pas comment les prix pourraient baisser de 20 % », s’interroge-t-elle.
Une forte baisse des prix de l’immobilier serait pourtant le seul moyen de débloquer la situation face à des pouvoirs publics passifs
Si l’Etat ne se décide pas à utiliser l’outil budgétaire ou l’outil réglementaire, ce qui semble couru, la crise risque d’être durable, alors que de nombreux Français ont du mal à se loger et que du fait du fort ralentissement de la construction neuve, on constate une ruée sur les locations.
Une ruée inflationniste malgré un encadrement des loyers à Lyon et Villeurbanne, il faut bien le reconnaître relativement peu respecté.
Bref, la crise de l’immobilier est en train de s’élargir, multipliant les conséquences du haut en bas de la chaîne immobilière, à la manière d’une pierre qui, jetée dans l’eau, provoque des ondes en cascade…