Après Bruno Bernard, Laurent Wauquiez s’empare du sujet : le RER à la Lyonnaise enfin sur les rails… de la négociation
Il s’agissait d’abord pour Laurent Wauquiez, le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes qui a la compétence ferroviaire de réagir au courrier qui lui a envoyé Bruno Bernard, le président de la Métropole, concernant le RER à la Lyonnaise, ce vieux serpent de mer que l’on voyait resurgir des flots à chaque élection pour replonger aussitôt dans les eaux les plus profondes.
Même si le ton employé par Bruno Bernard n’avait rien de vindicatif et laissait la porte ouverte à un partenariat Région/Métropole autour de ce projet de RER, la crainte était de voir là un nouveau coup politique destiné à montrer du doigt la région pour sa supposée inaction en la matière.
En visite jeudi 7 avril à Trévoux, dans l’Ain, pour présenter le nouveau bus à hydrogène à haut niveau de service qui doit permettre de relier la commune à Lyon d’ici 2025, le président de la Région en a profité pour répondre à Bruno Bernard.
Et d’expliquer dans ce sens que ce bus à hydrogène n’était pour lui que la première étape d’un vaste projet de mobilités. « L’ambition, c’est d’offrir aux habitants de notre territoire le même service qu’on peut avoir à Paris”. En l’occurrence un RER à la Lyonnaise…
Laurent Wauquiez a été encore plus précis dans une interview au Progrès, avant d’envoyer au président de la Métropol une missive en réponse qu’il annonce “vigoureuse”.
Dans cet interview, Laurent Wauquiez précise l’état de la réflexion de la région sur ce projet.
De 5 heures à 23 heures
« C’est un des projets d’avenir les plus importants pour notre territoire. On parle de trois millions d’habitants, d’un réseau qui couvre à peu près un tiers de notre région mais aussi de défis colossaux….Pour ce projet de RER à la lyonnaise, qui a notamment été porté par l’un de nos élus à la Région, Christophe Geourjon, nous avons travaillé depuis huit mois pour vous le présenter », explique ainsi à notre confrère, le président de la Région.
L’objectif : « Avoir un moyen de transport tous les quarts d’heure, aux heures de pointe, sans avoir besoin de consulter les horaires. Il y a aussi des gens qui travaillent à des horaires atypiques. On veut couvrir une amplitude horaire de 5 heures à 23 heures… »
Ça va prendre du temps : « Cela commence maintenant et ça va aller jusqu’en 2035. »
La gare de la Part-Dieu d’abord.
Pourquoi ? « Nous avons passé un mandat à mettre au niveau nos infrastructures : La gare de la Part-Dieu n’avait pas bougé d’un iota depuis 1983. Nous n’avions pas les infrastructures pour le supporter : la grande révolution, ça va être l’ouverture de la voie L à la Part-Dieu, prévue pour le 28 juin. La gare va passer en capacité de 35 000 voyageurs/jour à 175 000. Ensuite, nous mettrons en service dix-neuf nouvelles rames gros porteurs, prévues pour 2023.”
Et de préciser : “ Nous allons travailler sur une densification du nombre de trains en étendant les plages horaires, en renforçant les heures creuses, le tout en faisant tourner plus de rames. Nous pourrions d’abord expérimenter sur l’axe Vienne-Lyon-Villefranche. “
Quid de l’Est lyonnais ?
Pour Laurent Wauquiez, « L’Est lyonnais, c’est le territoire le plus dynamique de notre région….Nous avons aussi prévu de rouvrir deux haltes ferroviaires, dans des territoires qui ont beaucoup poussé : Reventin-Vaugris et Chandieu-Toussieu… Pour Lyon Saint-Étienne… nous pourrions mettre à disposition de nouvelles rames pour une desserte au quart d’heure entre Givors et Perrache. Pour Saint-Étienne-Part-Dieu, nous avons rallongé les quais et nous allons mettre en place des gros-porteurs, en passant de 950 à 1 400 passagers. L’objectif est de les avoir en 2023. »
Un tiers du financement pour la Région
Reste les questions de gros sous. Le président de la Région s’engage à prendre un tiers du financement du projet au cours de ce mandat.
A quelles conditions ? « Il faut qu’en septembre, nous soyons fixés. En investissement, en fonctionnement : il faut qu’on sache ce que la Métropole et le Sytral sont prêts à payer. Pour l’État, ce sera 2023. Il nous faut des réponses. »
Selon Laurent Wauquiez, le budget du projet s’établit, à court terme, à 1,4 milliard d’euros. Mais bien plus, en fait : « Et pour aller jusqu’au bout du plan, c’est 7 milliards. C’est colossal !”
Les deux parties sont trop engagées désormais pour reculer.
Reste à espérer que la négociation entre la Métropole qui a des exigences précises en la matière et la Région débouche sur du concret et qu’on laisse la politique politicienne sur le côté. On ose espérer que cela se fera. Car ensuite, il faudra mettre dans la boucle la SNCF et l’Etat qui devrait être le troisième contributeur financier.
Et il faudrait ensuite une bonne dizaine d’années pour que le développement espéré de ce RER grand métropolitain débouche intégralement…
Le seul fait que le projet soit maintenant, semble-t-il, sur les rails des négociations ne peut qu »être une bonne nouvelle, même si lesdites négociations entre les deux grandes collectivités concernées risquent de s’avérer difficiles. Ce RER à la Lyonnaise est en tout cas attendu par des centaines de milliers d’usagers…