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Nouvel habillage, grille remaniée : le difficile pari de rentrée de Télé Lyon Métropole

La chaîne locale lyonnaise TLM qui, depuis sa création, n’a jamais réussi à gagner d’argent va-t-elle réussir enfin à avoir des comptes a minima à l’équilibre, condition de sa pérennité ? Un pari pas gagné d’avance sachant que sur la TNT numérique, elle va se trouver confrontée à une vingtaine de chaînes qui visent les mêmes télespectateurs. Elle compte miser sur son principal atout : l’information réactive et de proximité, tout en donnant un coup de jeune, voire d’impertinence (?) à sa grille. Les quinze chefs d’entreprises qui sont désormais majoritaires au capital ne devraient permettre aucune dérive financière.



Avec des effectifs plus faibles (six départs dont quatre journalistes), l’équipe de TLM réduite à vingt-six équivalents temps plein va devoir faire plus et mieux au vu de sa grille de rentrée particulièrement foisonnante. Telle est la condition de sa survie.

Depuis sa création, la télévision locale lyonnaise n’avait jamais eu de soucis financiers. Elle avait de gros actionnaires, la Générale des Eaux d’abord, le groupe Progrès, ensuite, qui bouchaient les trous chaque fin de mois.

Lassé et lui-même en déficit, le Progrès a, on le sait, lâché la chaîne en prenant les lourdes dettes à son compte. Sous la houlette de son directeur, Jean-Pierre Vacher, elle a été reprise en début d’année par un pool de quinze chefs d’entreprises lyonnais. Trois se détachent du lot : ils animent le comité stratégique : Alain Mérieux (bioMérieux), Bruno Rousset (Groupe d’assurances April) et Jacques Gaillard (Sogreah) qui détiennent chacun près de 20 % du capital. Ils ne sont pas du genre à laisser filer les comptes.

D’où la nécessité pour la chaîne devenue autonome de se mettre littéralement sous tension. Elaborée ces derniers mois, la stratégie est à la fois économique et éditoriale. Outre les effectifs, il a fallu tailler dans les dépenses. Le budget est passé de 4,4 millions d’euros en 2009 à 3,5 millions d’euros en 2010. Près de 900 000 euros d’économies ont été réalisés dans la masse salariale (300 000 euros), les frais généraux (300 000 euros) et les frais de diffusion (300 000 euros), sachant que comme toutes ses consœurs, TLM va arrêter la diffusion analogique (moins de frais d’émetteurs) pour se tourner vers le numérique et rallier la TNT numérique avec une vingtaine de chaînes bien mieux dotées qu’elle.

Autre économie : TLM va quitter les locaux du Progrès à Confluence où elle est située actuellement pour s’installer sur 1 150 m2 au 227 cours Lafayette à la Part-Dieu, réalisant au passage une économie de loyer.

Pour développer ses ressources, TLM table sur la publicité commerciale : une responsable de régie « émanant d’un grand groupe de communication » est en cours d’embauche. Le Pdg, Jean-Pierre Vacher table aussi sur les partenariats avec les collectivités locales qui devraient passer de 700 000 euros à 1 million.

Mais la nouvelle équipe de TLM dirigée par Jean-Pierre Vacher, sait que le combat se gagnera sur la qualité éditoriale face à ses consœurs agressives de la TNT numérique.

La rédaction -dont les salaires ont été épargnés- va être fortement mise à contribution, comme en témoigne la grille, très riche. Il va falloir faire plus avec moins de moyens. Pour ce faire 460 000 euros ont été investis en cette rentrée pour relancer la chaîne avec un nouveau logo, un nouvel habillage et « pour faire évoluer l’outil technique et l’outil de diffusion ».

Le ton aussi va changer. Jean-Pierre Vacher reconnaît que « le ton TLM manquait un peu de pêche et était un peu trop institutionnel » et assure qu’il va changer, « avec moins de sérieux et plus incisif, voire même de l’impertinence. » Ce que Philippe Montanay, rédacteur en chef résume avec cette formule lapidaire : « Moins planplan, plus pan pan! » . TLM joue aussi comme ses consœurs la carte du Web (tlm.fr), YouTube et Daily Motion et bientôt l’i.phone et l’i.Pad.

Enfin, pour lancer la nouvelle grille et le nouvel habillage, une campagne de pub vient d’être lancée. Désormais comptable de ses deniers, la chaîne lyonnaise joue sa survie dans un paysage en recomposition profonde. Il va lui falloir cadrer serré…

Illustration : le nouveau logo signé de l’agence lyonnaise Kaelia.