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Ancien directeur d’EMLyon, Patrick Molle veut créer à Lyon… une nouvelle Ecole de Commerce

…mais attention, rien à voir avec EM Lyon : il s’agira d’une école plus proche de « 42 » celle créée dans le domaine digital par Xavier Niel. Pour ce faire, Patrick Molle a racheté le Cours Pascal à Lyon et s’apprête à acquérir une école de commerce privée parisienne. Il table sur un réseau mondial d’une centaine de partenaires au sein duquel Lyon tiendrait une place importante.

2011 : Patrick Molle, directeur, annonce son départ d’EMLyon, après avoir passé seize ans à sa tête. La lassitude, mais aussi l’opposition grandissante du corps enseignant au développement à marché forcée que Patrick Molle qui voit loin, lui impose.

 Après une tentative ratée de regroupement sous une même bannière de trois écoles de commerce financées comme EM Lyon par des Chambres de Commerce – « le pire épisode de ma vie professionnelle »- reconnaît-il, l’ancien boss d’EMLyon repart à la bataille, sabre au clair !

Un projet entièrement privé

Mais cette fois avec beaucoup plus de chances de réussite. « J’ai compris que créer l’Ecole du 21 éme siècle s’avérait très difficile dans le cadre d’organismes comme les CCI : cette fois, le projet est entièrement privé. »

 Privé et particulièrement ambitieux puisqu’il vise à implanter à Paris et à Lyon deux têtes de réseau en quelque sorte, reliées numériquement à une centaine d’autres Ecoles présentes sur tous les continents. « Je veux faire une sorte de GroupeLeclerc de l’éducation : pas une franchise, mais un groupement d’indépendants dont les membres restent autonomes et où chacun y trouve son compte. » 

 Pour mener à bien ce projet qui va se traduire par la création à Lyon d’une nouvelle Ecole de Commerce, « bien différente d’EM Lyon », précise le serial entrepreneur, il a créé une société, « TEIA », au sein de laquelle il est majoritaire.

 New World University

Son nom de code : « New World University »  

 Il n’est pas seul dans cette aventure. Il est accompagné par deux anciens collaborateurs d’EM Lyon : Dai Shen, ancien responsable de la Chine à EM Lyon et Yves-Henri Robillard, l’organisateur du World Entrepreneurship Forum. On trouve aussi dans l’équipe dirigeante l’ancien patron de Lenovo France, Jean-Michel Donner.

 Patrick Molle estime le coût de son projet autour de quinze à vingt millions d’euros.

 Une première tranche de 5 millions est actuellement utilisée pour acquérir des Ecoles. Le financement provient d’un riche entrepreneur chinois, Paul Liu ; et de deux Banques : la Société Générale et la Banque Rhône-Alpes. « Nous sommes également en discussion avec quelques family offices », ajoute Patrick Molle.

 Cet argent a servi à acquérir une première Ecole, bien connue à Lyon. Des chefs d’entreprise comme Norbert Dentressangle ou Louis Nicollin y ont fait leurs classes, à travers une pédagogie plus créative que celle de l’Education Nationale : le Cours Pascal.

 Une perte de 80 000 euros

C’est vrai, l’Ecole qui est installée dans la Presqu’île lyonnaise n’a plus l’aura qu’elle a pu avoir. Ne comptant plus qu’une centaine d’élèves, elle a perdu l’année dernière près de 80 000 euros pour un chiffre d’affaires de 500 000 euros. « Il sera facile de remettre cette Ecole sur les rails », assure Patrick Molle.

 Mais pour ce dernier, il s’agit d’une première acquisition qui va servir de base à son grand projet. Actuellement installée sur 900 m2 en Presqu’île, le Cours Pascal déménagera bientôt-peut-être dans le nouveau quartier Confluence, sur 2 500 à 3 000 m2, « tout en gardant tout ou partie du site actuel », souligne Patrick Molle.

 Une seconde acquisition est en cours : le groupe « New World University » de Patrick Molle est en train d’acquérir une Ecole de commerce parisienne. L’opération n’est pas encore totalement bouclée : c’est la raison pour laquelle l’ex-patron d’EM Lyon tait encore son nom. En ligne de mire également pour construire cet ensemble : « Nous allons aussi acquérir également sept à huit lycées privés en France. Pas obligatoirement seuls : les équipes pourront prendre une part du capital et rester en place.»

 Un campus à Shanghai avec 350 élèves

S’y ajoute en sus, un campus qui a été récemment créé à Shanghai et dont s’occupe Dai Shen : il accueille déjà 350 élèves.

 Toutes ces acquisitions pour quoi faire ?

 Patrick Molle délivre son projet : « Nous voulons créer un village numérique multifonction au sein duquel on trouvera un espace de e.learning, un espace pour un incubateur car nous serons très axés sur l’entrepreneuriat, mais aussi un business center donnant accès au marché de l’emploi et au marché financier, mais encore un espace média dont une Web TV… »

 Il ajoute : «  C’est ce Village qui sera connecté à une centaine d’Ecoles à travers le monde. Chacune d’entre elles amènera sa ou ses compétences qui seront diffusées à l’ensemble : tous les contenus pédagogiques seront apportés par ces cent membres… »

 Et de rentrer dans le concret : « Ce que l’on va faire avec le cours Pascal ? Un établissement rassemblant quatre fonctions… »

 Il liste : « Ce sera à la fois un lycée rassemblant 350 élèves, une Académie effectuant du soutien scolaire, se spécialisant également dans le séjours à l’étranger, sur les stages dans des start-up internationales ; on y fera aussi de l’enseignement supérieur à travers une pédagogie disruptive similaire de celle que pratique « 42 », l’école du patron de Free, Xavier Niel… »

 Et d’ajouter : « On y trouvera enfin une activité de formation continue pour des cadres-dirigeants afin qu’ils puissent répondre à l’évolution du monde ».

 Ouverture en début d’année 2016

Tout cela devrait être mis en place rapidement  : « Mon objectif est une ouverture début 2016 », lance Patrick Molle.

 Pour lui, désormais l’éducation doit pouvoir répondre à la révolution numérique. « Nous vivons encore sur une éducation créée pour servir les besoins de la révolution industrielle. Il nous faut mettre en place une pédagogie basée sur ce monde de l’incertain, de l’intuition… »

 Le business modèle ? « Les coûts de production de la formation sont désormais trop élevés. Il faut se servir du levier du numérique pour les diminuer de manière importante.. »

C’est pour mettre en œuvre ce programme qu’il cherche, à 57 ans, 2 500 à 3 000 m2 à Lyon…