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Chute surprise de 6 % de la fréquentation hôtelière en quatre ans dans la région Rhône-Alpes

Contrairement à une idée répandue, tout n’est pas rose en Rhône-Alpes, en matière de fréquentation hôtelière. La Région est même l’une de celles en France où elle a le plus baissé au cours des quatre dernières années. Ce sont les hôtels de catégorie moyenne (2 étoiles) où cette chute est la plus forte. L’illustration sans doute de la perte de pouvoir d’achat des classes moyennes car dans le même temps, les hôtels trois et quatre étoiles ont connu une progression sensible. Cent hôtels ont dû fermer leurs portes. Plus surprenant encore : la baisse d’activité de l’hôtellerie d’affaires, alors qu’elle augmente en France. Mais là, il existe aussi d’autres explications que la crise économique.

La dernière étude en date de l’Insee consacrée à la fréquentation hôtelière en Rhône-Alpes (*) a dû faire l’effet d’une douche froide chez les responsables régionaux du tourisme.

Cette étude de l’Institut de statistiques de Rhône-Alpes montre que la région est, avec Midi-Pyrénées et Poitou-Charentes, une des régions françaises où la baisse de la fréquentation hôtelière a été la plus forte ces quatre dernières années.

La région qui compte le chiffre impressionnant de 2 100 hôtels en a vu disparaître en quatre ans près d’une centaine. 1,1 million de nuitées ont été rayées de la carte. Elles sont ainsi passées de 18,1 millions à 17 millions, soit une recul de 6 % (contre – 3 % au plan national),. Résultat : la part de marché de Rhône-Alpes dans l’offre nationale hôtelière a reculé, passant de 11,1 % à 10,8 %.

Ce sont les hébergements de moyenne gamme, notamment les hôtels deux étoiles qui ont été les plus touchés. Ainsi que deux segments d’activité : le tourisme de loisirs d’hiver en Savoie et en Haute-Savoie et les séjours d’affaires dans le Rhône et l’Isère.

Lorsqu’on regarde de plus près ces statistiques, on constate, en effet, chose plus étonnante encore, que l’hôtellerie d’affaires qui représente 44 % de l’activité des hôtels en Rhône-Alpes, a perdu 320 000 nuitées (- 4,2 %), alors qu’en moyenne, dans l’Hexagone, la tendance est à l’exact inverse (+ 2,1 %) !

Quelle explication alors ? La crise économique constitue sans doute une des explications, mais elle n’est pas la seule.

Le recul de l’hôtellerie traditionnelle tient aussi au développement d’autres formes d’hébergements, notamment les résidences hôtelières. Ainsi, par exemple, dans le Rhône, huit nouvelles résidences ont été créées depuis 2007, ce qui représente l’ajout de près de 900 chambres supplémentaires.

Le recul le plus lourd est tout de même constaté pour la clientèle de loisirs. Et ce, tant en volume (- 820 000 nuitées), qu’en proportion (- 7,9 %). Ce sont les deux Savoies qui en paient le prix. Dans ces deux départements, la fréquentation a diminué de 8 % entre les saisons d’hiver 2006/2007 et 2010/2011.

Là encore, la crise économique constitue une des explications, mais elle n’est pas la seule. L’autre raison tient aussi au fait que l’hôtellerie moyenne gamme est souvent familiale, notamment en montagne. Or, la multiplication des réglementations à leur égard pèsent sur leurs investissements et sur leur capacité à renouveler leur offre, face à des clients de plus en plus exigeants.

On doit aussi constater qu’en quatre ans, le taux d’occupation des hôtels a chuté de 58 à 55 %. Et fait notable, cette baisse touche toutes les catégories d’établissements.

Il faut cependant relativiser ces chiffres qui ne sont pas représentatifs de l’ensemble du secteur du tourisme. Tous les touristes ne logent pas à l’hôtel. Ils sont même une large majorité, soit 71 %, à choisir des logements non marchands, par exemple la famille, les amis, une résidence secondaire, pour leurs séjours de vacances. Une tendance qui tend à s’accentuer encore avec la crise.

D’autres formes d’hébergement se sont également développées ces dernières années qui concurrencent l’hôtellerie traditionnelle : les résidences hôtelières et les résidences de tourisme. Leur nombre croît régulièrement : elles sont désormais 360 en Rhône-Alpes : + 40 % en quatre ans.

De même, le camping, moins cher, a connu une croissance significative : + 10 % entre 2007 et 2010 : nettement plus que la moyenne nationale (+ 6 %). Ce mouvement est tiré par la vogue des bungalows et des mobil homes qui représentent une part grandissante de l’hébergement dans les campings.

La perte des nuitées en hôtellerie est donc pour une bonne part compensée par ces autres types d’hébergements.

Enfin, on sait que le Grand Lyon, à travers son Schéma de développement hôtelier compte construire 3 000 chambres nouvelles d’ici à 2015. Comme on peut le lire ci-contre, les inaugurations de nouveaux établissements se succèdent de ce fait à bon rythme. Celles-ci vont-elles permettre de stabiliser cette tendance à la diminution de la fréquentation hôtelière dans la région, voire de l’inverser ? Difficile encore à dire…

(*)La Lettre de l’Insee Rhône-Alpes, n°154,novembre 2011.