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La société berjallienne Photowatt annonce la suppression de 95 emplois, ainsi qu’une profonde réorganisation

On savait la filière photovoltaïque dans la tourmente suite au moratoire décrété par le gouvernement français et la vive concurrence des panneaux d’origine chinoise. Les premiers soubresauts viennent de toucher l’une des plus importantes sociétés du secteur, Photowatt, basée à Bourgoin-Jallieu (Isère). Non seulement l’entreprise d’origine canadienne annonce la suppression de près d’une centaine d’emplois, mais aussi une profonde réorganisation qui va toucher près de 200 salariés. La partie la plus simple de la fabrication des panneaux sera sous-traitée. Des économies seront faites sur les achats et les dépenses de fonctionnement, tandis que l’entreprise est bien décidée à accentuer ses efforts en faveur de l’innovation.

La méga-commande signée par la CNR en octobre dernier n’aura pas suffi. La Compagnie Nationale du Rhône avait choisi la société berjallienne Photowatt pour assurer la fourniture des panneaux photovoltaïques qui serviront à équiper trois nouvelles centrales solaires situées en Ardèche, dans le Gard et les Bouches-du-Rhône : une commande représentant près de 10 % de la production du fabricant rhônalpin.

Ce dernier vient en effet d’annoncer 95 licenciements sur les 534 emplois que compte cette société d’origine canadienne productrice de panneaux photovoltaïques. Une annonce faite mercredi 5 janvier aux membres du Comité d’Entreprise.

Mais ce n’est pas tout : 195 salariés verront leur emploi affecté par le plan annoncé, notamment par le transfert de l’activité modules ou la suppression de postes indirects dans l’ensemble de l’entreprise : 100 postes de reclassement seront proposés, dont l’essentiel en production, mais également dans les fonctions commerciales, bureau d’études, etc.

« L’enjeu pour nous est de retrouver le chemin de la rentabilité et de renforcer notre place de leader du photovoltaïque en France », explique la direction de l’entreprise.

La raison de ce plan social ? « Une concurrence exacerbée, notamment venue d’Asie, et à une pression très forte sur les prix qui a conduit à une chute de 45 % des prix de vente depuis 2008 », explique la direction. Les producteurs chinois tendent en effet à inonder le marché.

La mission était impossible pour l’entreprise : « Nous ne pouvons plus suivre en l’état cet effondrement tarifaire vertigineux qui a mis des pressions insoutenables sur les coûts de production et a déjà contribué à générer de lourdes pertes au premier semestre 2010 ».

Pour s’en sortir, Photowatt propose une réorganisation drastique de ses activités : un plan qui a également été présenté au Comité d’Entreprise.

Celui-ci vise d’abord une optimisation des capacités de production en faisant appel à une sous-traitance de l’assemblage des panneaux solaires, Photowatt conservant en interne la fabrication des « wafers et des cellules », deux éléments à forte valeur ajoutée des panneaux photovoltaïques. Dans le même temps, un plan d’économies sur les achats et les dépenses de fonctionnement sera mis en œuvre.

Le second volet de ce plan consiste à accentuer encore l’innovation dans ce domaine photovoltaïque qui évolue en permanence. Photowatt a ainsi lancé avec des partenaires (dont le CEA) le consortium « PV Alliance » qui vise à intégrer les nanotechnologies dans les panneaux photovoltaïques, afin de mettre au point des cellules de nouvelle génération au rendement plus efficace.

Estimant « ce projet indispensable à sa survie », Photowatt prévoit d’être à nouveau rentable d’ici à 2012.

Telle est la mission dévolue au nouveau directeur général, Thierry Miremont, nommé par la maison-mère ATS, en remplacement de Bertrand Durrande qui avait lui même pris la suite de Patrice Pelletier. Reste à savoir si le traitement de choc annoncé sera suffisant pour permettre à l’entreprise berjallienne de repartir sur de nouvelles bases. A n’en pas douter, une partie de ce pari se jouera sur l’innovation technologique, permettant de mettre à distance à pression chinoise.

Photo (DR)Photowatt veut pour s’extraire de la nasse chinoise, accentuer ses efforts d’innovation à travers le consortium « PV Alliance  » qui vise à intégrer dans les panneaux solaires les nano-technologies grenobloises.