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Rhône-Alpes : La crise a profondément transformé la carte régionale du chômage

La crise économique a touché très différemment les territoires de la région Rhône-Alpes. Si les grandes agglomérations de Lyon et de Grenoble ont mieux résisté, ce n’est pas le cas des territoires les plus industriels comme la Loire et des régions frontalières avec la Suisse où le taux de chômage a fortement augmenté. La Drôme et l’Ardèche aux taux de chômage élevé avant la crise s’en sortent plutôt mieux que le reste de la région, tandis que grâce à ses activités touristiques peu impactées par la crise, la Savoie figure parmi les départements français les moins touchés par la récession.

Parmi les régions françaises touchées par la crise, Rhône-Alpes n’est pas la plus mal lotie. A l’heure de la sortie de crise, elle occupe une position médiane, entre une Franche-Comté très durement éprouvée ou une Ile de France qui dotée d’activités à forte valeur ajoutée, s’en sort plutôt mieux que les autres régions.

Mais au sein même des départements de la région, les 66 000 emplois dont 20 000 intérimaires perdus (soit près de 3 % des actifs !) du fait de la crise l’ont été très inégalement. Autre chiffre qui parle à lui seul : au cours du premier semestre 2009, le nombre d’heures autorisées de chômage partiel était soixante fois plus important que lors de la même période de 2008.

Ces données sont tirées d’une enquête de l’Insee Rhône-Alpes consacrée à l’impact de la crise en Rhône-Alpes. D’abord, pour les rédacteurs de cette enquête, « la diversité des activités de Rhône-Alpes explique le fait qu’elle ne fasse pas partie des régions les plus concernées par la crise. »

Celle-ci a d’abord touché l’industrie. Il est donc logique que ce soient les territoires industriels et frontaliers qui aient été frappés de plein fouet. L’emploi industriel a reculé dans la région de 7,6 % entre le premier trimestre 2008 et le premier trimestre 2009, soit 35 000 postes en moins. Ont été les plus concernés les départements situés dans le nord-est de la région : l’Ain et la Haute-Savoie ont été particulièrement touchés.

Ainsi l’Ain qui était pourtant, avant la crise, un département proche du plein emploi est devenu celui qui perd le plus d’emplois (intérim compris) entre le premier trimestre 2008 et le dernier trimestre 2009. près de 10 500 postes ont disparu, ce qui correspond à une perte de 7,6 % de l’ensemble de ses salariés. L’industrie perd 5 000 emplois, l’intérim 3000, soit un tiers des effectifs. En son sein Oyonnax, « la Plastic valley » constitue une des zones françaises les plus impactées par la crise.

La Haute-Savoie figure de son côté au douzième rang des départements français en termes de pertes d’emplois avec 11 700 postes en moins. S’y ajoute, la présence de travailleurs frontaliers ayant eux aussi perdu leur emploi en Suisse qui n’a pas été épargnée, non plus.

La vallée haut-savoyarde de l’Arve, très riche en entreprises de décolletage sous-traitantes de l’industrie automobile, a été particulièrement touchée : à fin 2009, le chômage touchait 9,2 % de sa population active contre 5,4 % début 2008. Dans la zone d’emploi voisine du Genevois français, le chômage frappe 8,5 % des actifs au dernier trimestre 2009 contre seulement 5,1 % un an plus tôt.

Avec près d’un tiers de ses salariés dans l’industrie, la Loire figure aussi au rang des départements les plus marqués par la crise. Plus de 9 000 emplois ont disparu en un an, soit 5,2 % des effectifs. A Saint-Etienne, une agglomération pourtant déjà bien touchée par le chômage avant la crise, à fin 2009, le nombre de chômeurs atteint 10,5 % de la population active.

A cette aune, les deux grande métropoles rhônalpines, Lyon et Grenoble s’en sortent plutôt bien. Le taux de chômage y atteint respectivement 8,2 % et 8,8 % au dernier trimestre 2009 et reste inférieur à la moyenne nationale. « La présence de fonctions métropolitaines moins affectées par la récession leur permet de maintenir leur niveau d’activité », explique l’Insee Rhône-Alpes Et de préciser : « Les services marchands, hors intérim, résistent bien, notamment grâce aux activités scientifiques et techniques (Recherche&Développement) et aux activités financières et d’assurances qui continuent à créer des emplois pendant la période de crise. » Et de conclure : « Les revenus des cadres de ces secteurs d’activité et de salariés de la fonction publique, très présents dans ces deux métropoles, constituent de bons amortisseurs en période de récession. »

Deux autres départements s’en tirent eux aussi plutôt bien : la Drôme-Ardèche. Heureusement car elles avaient déjà un taux de chômage élevé avant la crise !

Mais c’est surtout la Savoie qui se révèle le département le moins impacté par la crise avec un taux de chômage bien inférieur à la moyenne de la région. Les créations d’emplois dans l’hôtellerie-restauration ont permis d’atténuer les baisses constatées dans les autres secteurs, il est vrai, sans totalement les compenser.

Pour résumer : au rang des perdants de la crise, l’Ain, la Loire, Saint-Etienne, la Haute-Savoie. Et au rang, non pas des gagnants, mais des moins touchés : les agglomération de Lyon et de Grenoble, la Drôme-Ardèche et surtout la Savoie.