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Selon les dernières analyses publiées par l’Insee en mars 2025, la région Auvergne-Rhône-Alpes devrait compter environ 260 000 actifs supplémentaires d’ici 2050, soit une croissance annuelle moyenne de +0,2 %. Un rythme bien inférieur à celui observé entre 2008 et 2018 (+0,7 % par an), qui confirme un net ralentissement, principalement dû au vieillissement de la population. L’étude propose un décryptage fin des dynamiques territoriales à l’échelle des zones d’emploi.

Un pic attendu en 2042, suivi d’un léger repli

Partant de 3,8 millions d’actifs en 2018, la région atteindrait un maximum de 4,05 millions vers 2042 avant d’amorcer une lente décroissance. Si la région reste l’une des plus dynamiques de France derrière l’Occitanie et les Pays de la Loire, cette évolution masque des disparités profondes selon les territoires et les classes d’âge.

Trois leviers d’évolution : démographie, migrations et taux d’activité

Les projections s’appuient sur trois effets : démographique, migratoire et comportemental (taux d’activité). Dans la région :

  • L’effet démographique est négatif : les départs à la retraite sont plus nombreux que les jeunes arrivant sur le marché du travail (-0,3 %/an)
  • L’effet migratoire est positif : l’attractivité résidentielle de la région contribue à +0,3 %/an
  • L’effet du taux d’activité (notamment lié à la réforme des retraites) est également positif, à +0,2 %/an

La hausse de la population active jusqu’en 2042 sera donc essentiellement portée par l’attractivité et l’allongement de la vie professionnelle.

Des territoires inégalement touchés

La dynamique régionale masque des écarts très marqués :

  • Zones très dynamiques et jeunes (Lyon, Grenoble, Annecy, Chambéry, Bourgoin-Jallieu…) : elles concentreront 50 % de la population active en 2050, soit 240 000 actifs supplémentaires.
  • Zones en situation médiane (Valence, Voiron, Vienne-Annonay…) : croissance jusqu’en 2030-2040 puis stabilisation ou déclin modéré.
  • Zones déjà âgées (Saint-Étienne, Clermont-Ferrand, Vichy…) : hausse légère, sauf dans les territoires hors métropoles, en déclin.
  • Zones vieillissantes sans attractivité (Oyonnax, Le Puy-en-Velay, Tarare…) : perte d’actifs estimée entre 4 % et 13 %.
  • Vallées alpines (Tarentaise, Mont-Blanc…) : les plus affectées avec jusqu’à -35 % d’actifs sur la période.

Un vieillissement généralisé de la population active

En 2018, 26 % des actifs avaient plus de 50 ans. Ils seront 30 % en 2050. Cette évolution s’explique par la montée progressive de l’activité chez les seniors, en lien avec la réforme des retraites : le taux d’activité des 60-64 ans atteindrait près de 67 % en 2050, contre 32 % en 2018.

Les jeunes, eux, rencontrent davantage de difficultés d’accès à l’emploi. En 2022, seuls 77 % des moins de 25 ans en Auvergne-Rhône-Alpes étaient en emploi – un taux toutefois supérieur à la moyenne nationale.

Des implications concrètes pour les entreprises régionales

Pour les acteurs économiques et institutionnels, ces projections imposent plusieurs adaptations :

  • Anticiper le recul du vivier de main-d’œuvre dans les zones vieillissantes et isolées
  • Adapter les organisations de travail à une population active plus âgée : ergonomie des postes, formation continue, reconversions
  • Renforcer l’attractivité des territoires en perte de vitesse, via le logement, les services et les mobilités
  • Développer l’accueil des jeunes actifs et leur maintien dans la région

Au-delà des chiffres, cette étude constitue un outil stratégique pour les collectivités, les aménageurs, les employeurs et les organismes de formation, qui devront conjuguer soutenabilité démographique et dynamisme économique dans une région en pleine recomposition territoriale.