Réindustrialisation : l’Auvergne-Rhône-Alpes en tête des ouvertures d’usines en 2024
Le dernier baromètre industriel de l’État, publié en mars 2025 par la Direction générale des entreprises (DGE), confirme la dynamique de réindustrialisation en France… et place l’Auvergne-Rhône-Alpes au premier rang national en termes d’ouvertures nettes d’usines. Dans un contexte de ralentissement global, la région tire son épingle du jeu avec 32 ouvertures nettes sur l’année, illustrant la vigueur de son tissu industriel et sa capacité à se transformer autour de filières d’avenir.
Une région toujours locomotive de la réindustrialisation
Avec 59 ouvertures ou extensions significatives de sites industriels contre 27 fermetures ou réductions d’activité, l’Auvergne-Rhône-Alpes enregistre un solde positif de 32 unités industrielles. Elle devance ainsi toutes les autres régions françaises, confirmant la tendance observée en 2022 et 2023. Ce dynamisme s’explique autant par la diversité de son tissu productif que par la capacité des acteurs publics et privés à accompagner les transitions en cours, notamment sur les volets technologiques, énergétiques et environnementaux.
Le baromètre de l’État, établi en partenariat avec les sous-préfets référents France 2030, les services déconcentrés et les acteurs locaux, permet un suivi régulier et détaillé des ouvertures et fermetures d’usines. Il constitue un outil stratégique pour anticiper les mutations industrielles et ajuster les politiques de soutien.
Des secteurs stratégiques en tête des investissements
Les ouvertures de sites en 2024 se concentrent autour de plusieurs filières stratégiques : électronique, santé, batteries, hydrogène, plasturgie médicale ou encore agroalimentaire. Ces implantations ne sont pas uniquement quantitatives, elles sont surtout qualitatives : la région attire des projets à forte valeur ajoutée technologique, souvent issus d’entreprises innovantes soutenues par France 2030.
Focus sur 7 projets emblématiques
Parmi les implantations marquantes recensées en 2024, plusieurs symbolisent l’évolution du tissu industriel régional :
- Dracula Technologies (Valence, 26) : ouverture de la plus grande usine mondiale de cellules photovoltaïques organiques. L’investissement de 8 M€, lauréat de l’appel à projets « Première usine » de France 2030, permettra une production annuelle de 150 millions de cm².
- Limatech (Voreppe, 38) : production de batteries lithium pour l’aéronautique. Un site de nouvelle génération doté d’un investissement de 10 M€, également soutenu par France 2030.
- Symbio (Saint-Fons, 69) : inauguration du site SymphonHy, plus grande usine européenne de piles à combustible hydrogène. Ce projet phare vise une capacité de 50 000 systèmes par an à l’horizon 2026.
- MGA MedTech (Mably, 42) : usine de 4 000 m² dédiée aux dispositifs médicaux pour la thérapie génique et le diagnostic in vitro. 37 emplois créés grâce à un investissement de 10 M€.
- ITEN (Dardilly, 69) : ligne de production de micro-batteries CMS à l’état solide. L’investissement de 14 M€ permet une capacité annuelle de plus de 30 millions de micro-batteries.
- Infiplast (Oyonnax, 01) : extension de 6 000 m² pour accompagner la demande croissante en dispositifs médicaux à usage unique. 6 M€ d’investissement et 15 recrutements annoncés.
- Nutralp et Oxyane (Bâgé-Dommartin, 01 et La Côte-Saint-André, 38) : deux usines issues du programme COOPEARA pour structurer une filière régionale de protéines végétales, en réponse à la dépendance aux importations en élevage.
Ces projets illustrent une volonté affirmée de réindustrialisation qualitative, intégrant innovation, transition énergétique, et relocalisation de filières essentielles.
Une transformation en profondeur du tissu industriel
Le baromètre ne se limite pas à comptabiliser les sites : il prend en compte les transformations majeures du tissu productif. Les fermetures recensées ne doivent pas masquer une tendance de fond : la région accueille des unités de production à haute valeur ajoutée, souvent en rupture technologique ou environnementale, qui participent à un nouveau modèle industriel.
La méthodologie de l’indicateur est rigoureuse : chaque ouverture est comptabilisée à la mise en production réelle (et non à l’annonce), sans pondération par la taille ou la valeur ajoutée. Une gigafactory ou un atelier innovant sont donc traités à égalité, ce qui accentue encore la portée qualitative des résultats en Auvergne-Rhône-Alpes.
Les défis de demain : emploi, formation, énergie
Si la dynamique est là, les défis restent nombreux pour assurer la pérennité de cette réindustrialisation. La question des compétences est centrale : plusieurs des sites ouverts en 2024 prévoient des plans de recrutement importants, qui nécessitent des profils techniques parfois rares sur le marché. La coopération entre industriels, branches professionnelles et organismes de formation devient cruciale.
La question de l’énergie est également stratégique. L’intégration des dimensions bas carbone, la sécurisation de l’approvisionnement électrique et la capacité à s’adapter aux exigences des labels (RE2020, taxonomie verte) seront déterminantes dans les prochaines années.
Un signal fort pour l’attractivité économique régionale
Ce baromètre confirme le rôle de l’Auvergne-Rhône-Alpes comme région clé dans la nouvelle donne industrielle française. Avec une diversité de filières, un écosystème de PME industrielles dynamiques, et un soutien institutionnel structurant, elle se positionne comme un territoire pilote de la réindustrialisation durable.
L’État, via les services de la préfète de région et les outils de France 2030, continue d’accompagner cette mutation en lien étroit avec les industriels et les collectivités. Le baromètre n’est pas un simple indicateur conjoncturel : il sert de base pour orienter les politiques de soutien, anticiper les besoins, et ajuster les leviers publics aux réalités de terrain.
En 2025, cette capacité à allier transformation industrielle et transition écologique place l’Auvergne-Rhône-Alpes au cœur du renouveau productif national.