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L’Union des entreprises de proximité (U2P) Auvergne-Rhône-Alpes a publié, le 30 avril 2025, sa note de conjoncture pour le premier trimestre de l’année. À l’image du quatrième trimestre 2024, la situation économique des artisans, commerçants, professions libérales et entreprises du secteur alimentaire demeure globalement fragile. Si certains segments résistent, d’autres plongent, à commencer par la construction. Dans un climat international incertain et une croissance nationale faiblement dynamique, la région affiche un recul d’activité plus modéré que la moyenne nationale. Une résilience qui ne doit pas masquer la nécessité d’un soutien renforcé aux acteurs de la proximité.

Une croissance globale timide et des incertitudes persistantes

Sur le plan macroéconomique, la croissance en France reste modérée : +0,7 % en volume sur un an, selon les estimations disponibles. Les premiers signes d’un reflux de l’inflation et d’une légère détente des taux d’intérêt n’ont pas encore produit d’effet notable sur la consommation des ménages, qui reste atone. Les investissements des entreprises, quant à eux, sont freinés par les incertitudes internationales, notamment liées à la mise en place de nouveaux droits de douane par les États-Unis. Ce climat pèse sur l’ensemble des secteurs de l’économie réelle, en particulier les petites structures dépendantes du marché local.

Des entreprises de proximité toujours en retrait, mais moins en Auvergne-Rhône-Alpes

Au niveau national, les entreprises de proximité enregistrent une baisse d’activité de -0,8 % en volume à un an d’intervalle. En Auvergne-Rhône-Alpes, le repli est plus limité : -0,3 %. Ce léger différentiel confirme la capacité de la région à amortir les chocs, grâce à un tissu entrepreneurial dense, diversifié et historiquement dynamique. Toutefois, cette résilience ne saurait occulter les difficultés persistantes rencontrées par plusieurs filières.

Sur les douze derniers mois, la tendance régionale s’établit à -1,3 % en volume, témoignant d’un essoufflement qui touche tous les profils d’entreprises, à l’exception des structures de 6 à 9 salariés, seules à enregistrer une hausse (+0,7 %).

Construction : un secteur en forte tension

La branche la plus affectée reste celle de la construction. En Auvergne-Rhône-Alpes, les entreprises artisanales du BTP voient leur activité reculer de -5,6 % sur le trimestre, soit un niveau de baisse supérieur à la moyenne nationale. La diminution des mises en chantier, le gel de nombreux projets en raison de la hausse des coûts de financement et les difficultés d’accès aux marchés publics pour les petites entreprises expliquent en grande partie cette dynamique négative.

Les professionnels du secteur signalent également un durcissement des conditions d’accès au crédit, une tension accrue sur les marges et une pression réglementaire toujours plus forte, notamment en lien avec les normes environnementales.

Fabrication et services : une stabilisation fragile

Le segment de la fabrication et des services enregistre un repli national de -0,9 % sur le trimestre, contre une stabilité à 0 % en Auvergne-Rhône-Alpes. Cette meilleure performance relative s’explique par la diversité de l’offre régionale et la capacité des entreprises à s’adapter à la demande locale. Toutefois, les marges restent comprimées, les coûts de fonctionnement élevés, et la trésorerie sous tension pour de nombreuses structures.

Les secteurs de la mécanique, de la réparation, des soins à la personne ou encore des services à domicile sont particulièrement sensibles à la baisse du pouvoir d’achat des ménages, qui tend à réduire les dépenses jugées non prioritaires.

Alimentation : une croissance ralentie mais positive

Dans le secteur de l’alimentation (commerce alimentaire de proximité, hôtellerie-restauration), la tendance régionale reste positive au premier trimestre 2025, avec une hausse de +0,6 % en volume et de +2 % en valeur. Cette progression, bien que modeste, confirme le rôle essentiel de l’ancrage local pour les commerces de bouche et les circuits courts, très présents en Auvergne-Rhône-Alpes.

Les professionnels relèvent toutefois une hausse continue des charges, notamment liées aux coûts logistiques, à l’énergie et aux matières premières. Les ajustements de prix, rendus nécessaires pour préserver les marges, posent un risque sur la fréquentation, en particulier dans les zones périurbaines moins denses.

Professions libérales : un secteur toujours dynamique

Le secteur des professions libérales affiche, une fois encore, les meilleurs résultats. En Auvergne-Rhône-Alpes, la croissance en volume atteint +2,6 %, portée notamment par les professions du droit et de la santé. Cette dynamique, quasi généralisée à l’échelle nationale, illustre une demande structurellement soutenue, même en période de ralentissement économique.

Néanmoins, la profession s’interroge sur les perspectives à moyen terme, notamment en ce qui concerne la digitalisation de certains services, la concurrence croissante des plateformes numériques et l’évolution du statut fiscal des indépendants. Des enjeux structurants pour un segment historiquement moteur de l’économie de proximité.

Des disparités à l’échelle territoriale et sectorielle

La note de conjoncture souligne l’importance des disparités territoriales : certains départements de la région enregistrent des replis plus prononcés, notamment dans les territoires ruraux et de moyenne montagne, où la demande locale s’effrite plus rapidement. À l’inverse, les agglomérations de Lyon, Grenoble et Annecy résistent mieux, portées par une densité économique et un tissu de clients professionnels plus diversifié.

La situation sectorielle appelle également à une vigilance différenciée : si l’alimentation et les professions libérales s’en sortent mieux, la construction et certains services à la personne sont à surveiller de près, notamment en lien avec l’emploi et la viabilité des très petites structures.

Appel à un soutien ciblé et à des réformes structurelles

Dans sa déclaration, la présidente de l’U2P Auvergne-Rhône-Alpes, Marie-Françoise Gondard-Argenti, alerte sur les effets d’un pilotage économique déconnecté des réalités locales. « Nos entreprises de proximité font face à une situation tendue et inéquitable. La croissance peine à redémarrer. Une mobilisation immédiate au travers de réformes adaptées est nécessaire pour sauvegarder la vitalité de nos territoires. »

Parmi les pistes évoquées : un renforcement de l’accès au financement pour les petites structures, une révision des dispositifs d’aides ciblées (notamment pour la rénovation énergétique dans le bâtiment), un soutien accru à la formation et à la transmission d’entreprise, et une simplification des normes administratives.

L’U2P appelle également à une meilleure articulation entre les politiques nationales et régionales, pour répondre efficacement aux défis spécifiques des entreprises de proximité, qui représentent à elles seules les deux tiers du tissu entrepreneurial français.