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Alexandre Schabel (Chic Planète TV) : “ La RSE, levier de développement économique”

En matière de RSE, Alexandre Schabel, 51 ans, est un peu Janus. Pendant deux ans, il a été responsable RSE d’une grande banque de PACA. Le reste de sa vie de journaliste, il l’a consacrée à être un observateur et un fin analyste de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). Il vient de créer à Lyon une Web TV “Chic Planète” qui lui est spécifiquement consacrée. Retours d’expériences.

Votre parcours professionnel est corrélé à la responsabilité sociétale des entreprises. Vous êtes tombé très jeune dedans…

Alexandre Schabel-Exactement, dès mes débuts, comme journaliste à France Bleu Bordeaux, j’avais des chroniques consacrées au développement durable. C’est un thème qui m’a toujours interpellé.

C’est ainsi également que, pendant trois ans, j’ai créé avec la Région, à l’époque de la présidence de Jean-Jack Queyranne, une Web TV qui lui était consacrée : “Geneera TV”.

Je baigne donc dans le sujet depuis fort longtemps, ce qui vient de m’amener à créer à Lyon la première Web TV consacrée à la RSE, “Chic Planète”.

Votre parcours vous a amené, non seulement à être observateur et commentateur, mais aussi partie prenante et acteur de la RSE, quel a été le déclic ?

Le déclic a été initié par un ami qui était directeur du Crédit Agricole Alpes-Provence et qui m’a demandé de prendre la direction RSE qu’il venait de créer de la banque qu’il dirigeait. L’aventure s’est malheureusement arrêté au bout de deux ans, car cet ami, avec qui j’étais en phase parfaite est décédé d’une crise cardiaque à 59 ans. J’ai alors quitté la banque.

Il faut que le directeur général s’empare autant que vous du sujet, sinon, cela ne se traduit que par des effets d’annonces et in fine par des frustrations.

Que retirez-vous de cette expérience ?

Ce n’est pas compliqué pour une entreprise de créer un poste de directeur de la RSE. C’est bien en terme d’image, de communication…

La vraie question qui se pose est ensuite : que fait-on à l’intérieur de l’entreprise pour traduire la RSE non seulement dans les mots, mais surtout dans les faits.

J’ai bien conscience que nous sommes dans un état d’urgence environnementale et économique, mais je me suis rendu compte qu’il fallait y aller progressivement.

S’il n’y a pas d’adhésion des salariés, on ne va pas bien loin. Il faut de la pédagogie.

Il est normal d’ailleurs que lorsque l’on propose quelque chose de neuf qu’il y ait des réticences : il faut petit à petit embarquer tout le monde…

Devenu au stade actuel à nouveau observateur, comme voyez-vous l’évolution de la RSE ?

La Loi Pacte, il y a deux ans qui impose certains dispositifs a certainement accéléré les choses.

Et on se rend compte désormais que la RSE récèle un énorme potentiel.

C’est devenu un levier de développement économique, elle peut aller jusqu’à amener une redynamisation des outils de production.

Pour être bien clair, la RSE doit se situer au cœur de la stratégie des entreprises.

Ne constate-t-on cependant pas que beaucoup d’entreprises font du RSE washing ?

Sans doute, il y en a certaines, mais elles sont alors prises entre deux feux. A cet égard, il y a un vrai problème d’arbitrage des directions. Mais je reconnais que ce n’est pas simple, car on peut rencontrer des conflits sous-jacents entre différents services d’une entreprise qui n’ont pas les mêmes intérêts.

Pensez-vous que la RSE peut profondément changer le capitalisme ?

La RSE arrive à un moment de la vie du capitalisme qui n’est pas anodin, après la pandémie et alors qu’on est face à une crise environnementale profonde…

Ça peut donc être le début de beaucoup de choses et la source d’une simplification au sein de l’entreprise.

Qu’est-ce à dire ?

La question qui se pose à travers la RSE est de répondre clairement à la question de l’usage du profit réalisé par l’entreprise. Et ça amène à se poser une autre question : de quelle manière je le crée.

Bref, en bonne logique, la RSE doit amener à une prise de conscience.

Soit on va vers un capitalisme financiarisé à l’américaine qui fragilise le sytème tout seul ; soit comme en Europe, on essaye de jouer l’équilibre entre le profit et l’éthique.

Une certitude : les jeunes générations qui sont en quête de sens adhérent fortement à la RSE : elle donne la fierté d’appartenance à une entreprise.

C’est aussi une manière de résoudre en partie les problèmes de recrutement en rendant l’entreprise plus désirable car on lui a donné du sens !

Photo “Chic Planète” : Alexandre Schabel (à droite)