Biotech : le printemps des start-up
Crise, manque de financements, rien n’y fait. Les start-up biotech ont le vent en poupe. La conjonction du décret Allégre permettant aux chercheurs publics de créer leur société et de l’appétence des grandes sociétés pharmaceutiques aux nouvelles molécules qu’elles n’ont plus dans leur propres labos. En témoignent les lyonnaises Metabolys, Netris Pharma et autres Poxel…
« La Recherche de demain se fera en réseau, en s’ouvrant à des savoirs issus du monde extérieur. Il faut réinventer la R&D ! » Cette phrase tirée d’un communiqué le résume avec force : la révolution a sonné en juin dernier chez le géant de la pharmacie, le Français Sanofi-Aventis, coûtant par ailleurs son poste au directeur de la Recherche & Développement du groupe.
Finie la recherche intégrée sur laquelle ce dernier s’arqueboutait. Place désormais à la recherche en réseau. Un virage que les Américains ont pris depuis longtemps. Autour de GSK (GlaxoSmithKline), par exemple gravitent des dizaines de start-up avec qui la Big Pharma américaine a tissé des liens de toutes sortes.
Une raison explique le phénomène, décrit par Michel Coster, le responsable de l’incubateur d’EM-Lyon : « trop lourdes, avec des procédures réglementaires contraignantes, les grandes sociétés pharmaceutiques ont connu une forte baisse de leur productivité. Leur Recherche & Développement ne fournit presque plus de molécules ! » D’où la nécessité d’aller les piocher ailleurs.
Ça tombe bien car la France et notamment Lyon et la région Rhône-Alpes sont devenues en la matière de vrais bouillons de culture. Il faut rendre justice à Claude Allégre qui lorsqu’il était ministre de l’Education et de la Recherche a permis aux chercheurs de quitter, qui le CNRS, qui l’Inserm, avec son ou ses brevets pour créer leurs entreprises. Une tendance accentuée depuis, grâce aux nombreuses aides qui accompagnent le processus.
La rencontre de l’appétence et des Big Pharmas avec les anciens chercheurs mués en entrepreneurs, fait des étincelles.
En témoignent les start-up présentes au sein d’un seul des incubateurs existant à Lyon, celui d’EM-Lyon dirigé par le même Michel Coster. Quelques exemples.
Issu d’un essaimage de Merck Serono à Lyon, Metabrain installé à Chilly Mazarin est une start up qui revendique déjà trente salariés et en vise bientôt cinquante. Son job ? La recherche pré-clinique spécialisée dans le diabète et l’obésité.
Installée elle, sur le territoire lyonnais, Netris Pharma est la seule société au monde à être orientée sur la recherche contre le cancer s’appuyant sur le concept « des récepteurs à dépendance ». Agnès Bernet, présidente et co-fondatrice de la société avec quatre autres chercheurs, travaillait au sein de l’Unité mixte du CNRS de Léon Bérard.
Elle est en négociation avec un grand groupe pharmaceutique pour l’exploitation du premier brevet, très prometteur, cédé par le CNRS à cette start-up. Lauréate du prix Universal-Biotech 2009, Netris Pharma devrait assez rapidement lever plusieurs millions d’euros. Cinq autre brevets émanant du même CNRS devraient ensuite intégrer son escarcelle. Un avenir en rose.
Encore un exemple : Poxel, créée en mars dernier et basée elle aussi à Lyon dont l’un des co-fondateurs est Thomas Kuhn, un pharmacien doté d’un MBA. Elle devrait, elle, lever… 10 millions d’euros ! La société a en portefeuille six programmes innovation principalement axés sur le diabète de type 2. « Nous avons la chance d’avoir un portefeuille significatif qui intéresse les grands groupes pharmaceutiques », se félicite Tomas Kuhn.
Dernier exemple : pas besoin d’être un jeune chercheur pour se lancer dans l’entrepreneuriat biotech. En témoigne Gabriel Baverel, chercheur aux cheveux blancs qui enseigne à la faculté de médecine de Lyon et dont la société, Metabolys a mis au point des mécanismes susceptibles de faire économiser des centaines de millions d’euros aux grandes sociétés pharmaceutiques. Le job de sa société est de prédire l’efficacité et la sécurité de candidats médicaments lorsqu’il sont au stade de la recherche et du développement pré-clinique, sans avoir obligatoirement besoin pour ce faire de dépenser des milliards.
Metabolys est installée au sein de la Faculté de médecine Laennec à Lyon et a été lauréate 2009 du concours du Ministère de la recherche pour la création d’entreprise. Elle devrait lever près de 600 000 euros pour poursuivre son développement en 2010.
On pourrait continuer, mais on le voit, aucune de ces sociétés n’ont de difficultés majeures à lever des fonds car elles ont un vrai savoir-faire assis sur un ou plusieurs brevets. Les Bigs Pharmas leur font la danse du ventre. Il reste à espérer que les facteurs étant favorables, les nombreux brevets qui restent encore sur les étagères du CNRS puissent connaître le même sort favorable…
Photo (Henri Grandjean) : Thomas Kuhn, un des co-fondateurs de la start-up lyonnaise Poxel qui projette de lever…10 millions d’euros !
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