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Une aide d’un montant significatif pour un acteur spécifique

Entre 2011 et 2020, la région Auvergne-Rhône-Alpes a consommé 292 km² d’espaces naturels, agricoles et forestiers. L’habitat représente à lui seul deux tiers de cette consommation, selon la dernière étude Insee Analyses (n°203, octobre 2025), réalisée en partenariat avec la Dreal. Derrière cette tendance, la forte croissance démographique régionale apparaît comme le principal moteur.

Une région au dynamisme démographique marqué

Auvergne-Rhône-Alpes se distingue par une augmentation de sa population de +6,3 % entre 2011 et 2020, contre +3,9 % à l’échelle nationale. Cette progression explique 43 % de la consommation d’espace liée à l’habitat, selon l’étude, tandis que la réduction de la taille moyenne des ménages en représente 26 %. À l’inverse, dans les régions moins dynamiques, c’est la décohabitation qui joue un rôle plus important dans la construction de nouveaux logements.

La consommation d’espaces naturels, agricoles ou forestiers atteint 292 km², soit 0,4 % de la superficie régionale (69 700 km²). La région se place ainsi au cinquième rang national pour la consommation foncière, avec une progression globale de +7,5 % sur la décennie, contre +6,7 % pour la France métropolitaine. La consommation annuelle ralentit néanmoins, passant de 3 720 ha en 2011 à 3 000 ha en 2020.

Des contrastes marqués entre territoires

Les écarts entre départements sont notables. La Haute-Savoie et l’Ardèche affichent les plus fortes progressions de consommation d’espace liée à l’habitat, respectivement +7,3 % et +7,2 %. En Haute-Savoie, 2 190 hectares ont été mobilisés sur la période, principalement dans les zones situées entre Annecy et Genève. À l’inverse, le Rhône, déjà très urbanisé, connaît une évolution plus modérée (+2,7 %), malgré 1 440 hectares consommés.

Dans les départements de l’ouest de la région, comme l’Allier ou la Haute-Loire, la situation est différente. Les logements anciens ou vacants, souvent inadaptés aux besoins actuels, entraînent la construction de nouvelles habitations. Dans l’Allier, les logements vacants expliquent ainsi 63 % de l’évolution du nombre total de logements. Le phénomène est amplifié par un foncier disponible et peu cher, favorisant l’étalement urbain.

Résidences secondaires et tourisme : un impact localisé mais significatif

Les départements touristiques, notamment les deux Savoie et le Cantal, voient une part importante de la consommation d’espace liée à la hausse du nombre de résidences secondaires. Celles-ci expliquent plus de 20 % de l’évolution du nombre de logements sur la période. Dans les zones touristiques comme le Val Vanoise ou le Massif du Sancy, jusqu’à 79 % des logements peuvent être des résidences secondaires. Cette situation réduit l’offre de logements pour les résidents permanents et accentue la pression foncière locale.

Pour y répondre, la loi n°2024-1039 du 19 novembre 2024 vise à renforcer la régulation des meublés de tourisme à l’échelle locale. Elle encourage les communes à favoriser le logement permanent tout en préservant les espaces naturels, agricoles et forestiers.

Une urbanisation concentrée autour des axes de communication

La consommation d’espace reste très liée à la localisation des infrastructures et à la dynamique des bassins d’emploi. Dans la Drôme, les 10 % de communes les plus consommatrices concentrent à elles seules la moitié de la consommation départementale, notamment le long de la vallée du Rhône et autour de Montélimar, qui représente 4,7 % du total. Dans le Cantal, l’urbanisation se concentre autour d’Aurillac et de Saint-Flour, mais reste plus diffuse dans le reste du département.

À l’inverse, dans les départements plus denses comme le Rhône, l’Isère ou la Haute-Savoie, la consommation est plus éclatée entre de nombreuses communes périurbaines. L’étalement urbain autour de Lyon, Grenoble ou Annecy illustre cette tendance, renforcée par des contraintes topographiques fortes et la présence de 34 % de surfaces protégées sur le territoire régional.

Vers une sobriété foncière encore à consolider

La loi Climat et Résilience du 22 août 2021 fixe pour objectif de réduire de moitié le rythme de consommation d’espace d’ici 2031, avant d’atteindre le « zéro artificialisation nette » (ZAN). En Auvergne-Rhône-Alpes, cette perspective implique une adaptation des politiques locales d’aménagement. Le développement de logements plus compacts, la rénovation du bâti existant et la régulation des usages touristiques figurent parmi les leviers identifiés par l’Insee et la Dreal pour freiner l’artificialisation du sol.

Si la région reste l’une des plus attractives de France, la sobriété foncière apparaît désormais comme un enjeu central pour concilier accueil de nouveaux habitants, préservation des espaces naturels et équilibre territorial.