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Les grands projets atypiques lyonnais
La fermeture des prisons de Perrache et des hôpitaux de Debrousse et de l’Antiquaille a donné naissance à des habitations de caractère.

L’antienne est connue : la ville se reconstruit sur elle-même

Toutes sortes d’activités productives, génératrices parfois de nuisances, sont progressivement rejetées en marge des villes, libérant des surfaces. Le cas le plus emblématique : l’Hôtel-Dieu, temple de la médecine et de la charité depuis le xiie siècle, qui ferma, avec des activités transférées vers les hôpitaux alentour. Investirent les murs : un hôtel de luxe, des commerces, des bureaux et la Cité de la gastronomie, portés par la majesté des lieux. Mais ici, pas vraiment d’habitat.

Autre exemple : les blanchisseries des HCL, cours Lafayette. Les draps étant désormais lavés à Saint-Priest, prit place un programme mixte intégrant 248 logements dont une résidence senior et des appartements pour jeunes actifs (Cogedim). Une partie du bâti de 1877 a été gardée, conférant aux habitations le charme de l’ancien. Toujours sur le même registre hospitalier, à Lyon 8e, la fermeture de la clinique Saint-Vincent-de-Paul (bâtie en 1848) a donné le coup d’envoi d’un programme de 690 logements développés par Vinci Immobilier.

Ont été conservés des arbres, la clinique, une bâtisse bourgeoise et la serre. Plus atypique : le château d’eau a été transformé. Avec trois lofts dans les étages, sous les poutres apparentes. Le sommet va garder sa citerne… et ses chauves-souris.

HÔPITAL DEBROUSSE

Crédit : Pierre-Antoine Pluquet

Lyon a connu trois opérations phares de reconversion, donnant naissance à des logements atypiques. La construction de l’hôpital Femme-Mère-Enfant à Bron a rendu obsolète Debrousse dans le 5e arrondissement. Érigé entre 1904 et 1909, l’hôpital a pu être inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Une reconnaissance qui a attiré les investisseurs en quête de défiscalisation.

Le site a été acquis par Vinci Immobilier qui avait réalisé un programme neuf au pied de l’auguste édifice. Il a ensuite cédé l’ancien pavillon à 6ème Sens Immobilier qui a vidé l’intérieur et revendu des plateaux. Près de 70 lots ont été créés. Les travaux ont été exécutés pour le compte des copropriétaires, regroupés en association. L’architecte de l’opération, Bruno Dumetier, souligne la singularité de l’habillage en briques du bâtiment principal (140 mètres de long), un peu à l’instar de la Manufacture des tabacs.

Les appartements épousent des formes braques. Comme ce triplex logé à l’arrière de la fameuse rosace. Ou un appartement de 240 m2 avec sa salle de réception sous une immense verrière.

L’ANTIQUAILLE

Crédit : Pierre-Antoine Pluquet

Avant Debrousse et l’Hôtel-Dieu, Lyon avait déjà reconverti un ancien hôpital : l’Antiquaille. Une nouvelle vie de plus… “Maison des champs” bâtie par Pierre Sala au milieu des vignes entre 1505 et 1514 (où il reçut François Ier), couvent des Visitandines de 1630 à 1802 puis établissement hospitalier jusqu’en 2003, le site de 3,4 hectares avait été cédé par les HCL à la SACVL. Le point de départ d’un projet protéiforme où germèrent le restaurant Têtedoie, l’espace culturel du christianisme (Ucly) contenant le caveau de saint Pothin, un hôtel de luxe, une résidence étudiante et près de 160 logements. Dont ceux réalisés par Maia, dans un bâti mélangeant les xviie, xviiie et xixe siècles. Pas loin d’une trentaine d’appartements ont été livrés en 2015, au prix moyen de 7 000 euros le mètre carré.

Pierre Neveux, alors président de Maia Immobilier, se rappelle d’un terrazzo au sol d’un appartement, de voûtes dans un autre. Ou encore ce duplex de 183 m2, doté d’une
pièce de vie de 80 m2 plongeant sur la Presqu’île et d’une chambre au sommet de la tour, avec vue panoramique de tous côtés.

LES PRISONS DE PERRACHE

Crédit : Studio Erick Saillet.

Les hôpitaux abandonnés ne sont pas les seuls à donner naissance à de grands projets urbains. La fermeture des prisons de Perrache en 2009 a constitué une opportunité pour effacer cette verrue et désenclaver (un peu) la Confluence et Sainte-Blandine de la Presqu’île historique.
Il faut dire que quand Saint-Joseph et Saint-Paul avaient été bâties au xixe siècle, la gare de Perrache n’était pas là. La ville a depuis complètement encerclé le site. Sa démolition avait été vraiment envisagée, la mairie n’ayant pas manifesté d’intérêt, c’est le préfet Jacques Gérault qui lança un appel à idées puis un cahier des charges. Le lauréat, Ogic, s’associa à l’université catholique. “Ouvrir une école, c’est fermer une prison”, prononça le recteur, Thierry Magnin, paraphrasant Victor Hugo lors de l’ouverture en 2015.

Si la Catho investit Saint-Paul, à l’ouest, les bureaux se massèrent le long de l’autoroute, côté Saint-Joseph, pour faire barrière au bruit. Et les logements en accession libre se concentrèrent au sud, le long du cours Suchet. Avec notamment une ancienne aile réhabilitée, présentant plusieurs duplex lovés dans d’anciennes cellules. Le lancement de la commercialisation avait été rendu difficile par le fait que toute visite était impossible. “On ne pouvait pas montrer un tel état de décrépitude”, grimace une connaisseuse du dossier. Les appartements s’étaient vendus à 5 000 euros le mètre carré, soit un peu moins que les programmes neufs de Confluence.

 


 

Edition Décembre 2021
NOUVEAU LYON #53

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