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Une mission diplomatique aux enjeux bien plus que symboliques

À l’occasion de son Congrès régional du 20 novembre, l’Union régionale des Scop et Scic d’Auvergne–Rhône-Alpes dévoile ses orientations pour les quatre prochaines années. Dans un contexte marqué par les crises économiques, politiques et environnementales, le mouvement coopératif entend renforcer son rôle de moteur des transitions et de la croissance durable dans la région.

Un réseau en croissance continue

Avec 779 entreprises coopératives, 11 810 emplois et plus de 1,1 milliard d’euros de chiffre d’affaires, le mouvement des Scop et Scic constitue un acteur structurant de l’économie régionale. Entre 2021 et 2024, l’Union régionale a accompagné la création de 204 coopératives supplémentaires, représentant 1 383 emplois.

Près de la moitié de ces nouvelles structures (47 %) sont des créations ex nihilo, signe d’un choix assumé par de nombreux entrepreneurs pour un modèle collectif et une gouvernance partagée. Les transmissions et transformations d’entreprises constituent 46 % des nouvelles coopératives, confirmant l’intérêt du modèle comme solution de continuité économique et sociale. Enfin, 6 % des créations découlent de reprises d’entreprises en difficulté, comme Pléiades (Loire), Morassuti (Lozère), Le Crestois (Drôme) ou Cosmetosource (Haute-Loire).

À l’échelle nationale, la dynamique se confirme : en cinq ans, le mouvement coopératif a progressé de 19 %, soit 674 coopératives supplémentaires.

Une ambition : développer des entreprises robustes et durables

Les chiffres de pérennité témoignent de la solidité du modèle coopératif : en 2024, 88 % des coopératives sont encore en activité trois ans après leur création (contre 82 % pour les entreprises classiques), et 79 % à cinq ans (contre 61 %). Pour le mouvement, cette résilience illustre l’alliance réussie entre ambition sociale et soutenabilité économique.

Selon Cyril Zorman, gérant de la Scop grenobloise Probesys et président de l’Union régionale, l’enjeu des prochaines années sera de faire connaître davantage ce modèle et de le rendre plus accessible, tout en continuant à accompagner la croissance des entreprises déjà adhérentes.

Des entreprises engagées dans les transitions

Le Congrès du 20 novembre sera aussi l’occasion de présenter les axes de la feuille de route nationale, qui sera débattue en mars 2026 par les 4 500 Scop et Scic françaises. Le thème des transitions — démocratique, sociale, écologique — y occupe une place centrale.

Sur le terrain, de nombreuses coopératives de la région incarnent déjà cette dynamique :

  • Atelier Emmaüs (Villeurbanne, 69) : Scic spécialisée en mobilier et menuiserie d’agencement, engagée dans l’inclusion sociale et la valorisation de matériaux. Depuis 2017, 88 tonnes de matériaux ont été détournées de la benne. La coopérative connaît une croissance de 20 % par an et a levé 400 000 € auprès de business angels.
  • Alma (Saint-Martin-d’Hères, 38) : Scop de 186 salariés, leader dans l’édition de solutions de CFAO pour la découpe. Elle fonde sa stratégie sur une citoyenneté économique articulée autour de la démocratie interne, du partage de la valeur et de l’impact social et environnemental.
  • Combrailles Durables (Loubeyrat, 63) : Scic forte de 388 associés, spécialisée dans les centrales solaires locales. Depuis 2022, un partenariat avec Enercoop AURA a permis de lancer quatre projets photovoltaïques dans le Puy-de-Dôme.
  • Dessica (Trévoux, 01) : Groupe coopératif industriel de 34 salariés, spécialisé dans le séchage et la déshumidification. Après plusieurs acquisitions (tôlerie Bernard, Schermesser Electric Systems, AirCovery), l’entreprise renforce son modèle autour de l’économie circulaire et de la relocalisation.
  • Bâti-Nature (Chatuzange-le-Goubet, 26) : Scop experte en construction paille, rénovation biosourcée et photovoltaïque. Sa maîtrise intégrale de la chaîne de production en fait un acteur reconnu de la performance énergétique.
  • CNTSA (Villeurbanne, 69) : jeune Scop créée en 2023, engagée dans la logistique fluviale. Elle développe des solutions de transport et manutention fluviale, avec notamment le service « Parlo » destiné à la livraison urbaine décarbonée sur la métropole lyonnaise et le bassin Rhône-Saône. Une première opération est prévue le 2 décembre entre Tain l’Hermitage et Lyon, sous réserve de conditions climatiques favorables.

Un mouvement ancré dans les territoires

Réunissant 779 Scop et Scic dans les métropoles comme dans les zones rurales, le mouvement coopératif régional contribue pleinement à l’économie locale, avec des modèles d’entreprise qui conjuguent performance, gouvernance démocratique et engagements sociaux et environnementaux.

L’Union régionale des Scop et Scic d’Auvergne–Rhône-Alpes présentera ces orientations lors de son Congrès régional le 20 novembre, étape clé dans la construction de la feuille de route du mouvement pour les années à venir.