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Du 15 au 27 mai 2025, la Métropole de Lyon ajuste son système de production d’eau potable dans le cadre d’une opération transfrontalière de gestion des sédiments menée sur le Rhône. Le captage principal de Crépieux-Charmy, habituellement responsable de la majorité de l’approvisionnement en eau potable du territoire, voit sa production réduite de moitié. En conséquence, deux captages secondaires sont réactivés pour garantir la continuité du service.

Une opération hydraulique pilotée entre la Suisse et la France

L’origine de cette adaptation temporaire réside dans l’opération APAVER (Abaissement Partiel de la retenue de Verbois), visant à évacuer les sédiments accumulés derrière le barrage suisse de Verbois, afin de prévenir les risques d’inondation à Genève. Cette manœuvre, encadrée tous les trois à quatre ans par les autorités franco-suisses, provoque une hausse ponctuelle de la turbidité du Rhône, affectant directement le captage de Crépieux-Charmy.

Durant cette période, le Rhône pourra présenter une apparence plus foncée, similaire à celle observée lors des crues. Pour protéger les installations de traitement, Eau du Grand Lyon a mis en œuvre un protocole d’ajustement validé par les services de l’État et les collectivités concernées.

Deux captages secondaires remis en service

Pour compenser la baisse de production du site principal, deux captages secondaires sont temporairement réactivés :

  • Quatre-Chênes (Saint-Priest) : alimente Saint-Priest, Feyzin, Mions et Corbas
  • Garenne (Meyzieu) : alimente Meyzieu, Jonage, Chassieu et l’est de Décines

Le lac des Eaux Bleues vient également compléter la production. Ensemble, ces dispositifs permettent de maintenir le niveau requis de 220 000 m³ par jour pour assurer l’approvisionnement de la métropole.

Une qualité de l’eau étroitement surveillée

Les captages secondaires présentent certains dépassements ponctuels des normes de qualité. À Quatre-Chênes, des traces de piclorame (un herbicide) sont détectées à hauteur de 274 ng/L – au-dessus du seuil réglementaire de 100 ng/L, mais très en dessous de la limite sanitaire (900 000 ng/L). À Garenne, des PFAS sont relevés à 96 ng/L, proche du seuil réglementaire de 100 ng/L applicable en France depuis 2023.

Bien que ces niveaux restent sans danger à court terme, Eau du Grand Lyon assure une surveillance renforcée, avec plusieurs analyses hebdomadaires durant toute la période. Aucune restriction d’usage de l’eau n’est prévue, la situation étant sous contrôle.

Un défi révélateur des enjeux à long terme

Cette opération illustre les limites d’une gestion de l’eau essentiellement curative. Les acteurs publics de l’eau souhaitent désormais passer à une logique préventive, notamment autour des Aires d’Alimentation de Captage (AAC). Les objectifs à moyen terme sont clairs :

  • Renforcer la protection des zones de captage
  • Collaborer avec le monde agricole pour réduire l’usage de pesticides
  • Sécuriser les ressources via des solutions complémentaires comme la réhabilitation de l’usine de la Pape

Pour la Métropole de Lyon et Eau du Grand Lyon, ce type d’événement est aussi l’occasion de tester les capacités de résilience du système et d’anticiper les futures pressions sur la ressource hydrique. Un enjeu stratégique pour un territoire aussi densément peuplé qu’économiquement actif.