Stations de ski : l’emploi en Auvergne-Rhône-Alpes face aux défis de la saison estivale

Avec 183 communes concernées, l’Auvergne-Rhône-Alpes concentre la moitié des stations de ski françaises. Si la population permanente y stagne depuis la fin des années 2010, la capacité d’accueil touristique ne cesse de croître, transformant en profondeur les équilibres locaux. L’Insee dévoile une analyse des évolutions de l’emploi et des activités dans ces territoires, marqués par une saisonnalité forte et par la nécessité de se réinventer face au réchauffement climatique.
Une population stable, mais une capacité d’accueil en forte hausse
En 2022, les stations de ski d’Auvergne-Rhône-Alpes comptent un peu plus de 227 000 habitants permanents. Ce chiffre reste stable depuis le début des années 2010, contrastant avec la forte croissance observée entre 1975 et 2011 (+30 %). En revanche, la capacité d’accueil explose : en moyenne 650 lits touristiques pour 100 habitants, contre 95 dans les autres communes de montagne. Les résidences secondaires représentent 65 % des logements, un chiffre qui témoigne de l’importance de l’hébergement touristique dans ces territoires.
Une forte corrélation entre population et emploi
Les 183 stations emploient plus de 110 000 personnes au cœur de la saison hivernale 2022. Ce chiffre, légèrement en hausse depuis 2011 (+0,1 % par an), reste cependant bien inférieur à la progression enregistrée sur la période 1975-2011 (+0,9 % par an). Huit emplois sur dix appartiennent à la sphère présentielle, c’est-à-dire liés aux besoins des habitants permanents et des visiteurs. Les variations sont considérables selon les saisons : un pic à 125 200 postes le 19 février 2022, un autre à 95 600 le 26 juillet, et des creux marqués au printemps et en automne.
Une saison estivale qui se développe dans sept stations d’hiver sur dix
Parmi les 80 stations ayant une activité hivernale significative, 56 connaissent entre 2018 et 2022 une hausse de l’emploi estival (+13,7 %, soit 6 700 postes supplémentaires). Cette dynamique est portée par plusieurs secteurs : l’hébergement (+2 300 postes, +25 %), la restauration (+1 800 postes, +29 %), mais aussi les remontées mécaniques utilisées en été (+850 postes, +23 %). Les activités de location d’articles de loisirs et de sport ainsi que les emplois liés aux activités récréatives (rafting, VTT, luge d’été, gardiens de refuge…) progressent également.
Un développement contrasté selon les territoires
Si certaines communes connaissent une évolution marquée, comme Bourg-Saint-Maurice, Morzine ou Chamrousse, d’autres voient au contraire leur activité estivale stagner ou régresser. C’est le cas de 24 stations, dont certaines de renom comme Les Deux Alpes ou Courchevel, où l’altitude et la fiabilité de l’enneigement hivernal assurent encore un modèle économique centré sur l’hiver. D’autres, à l’image de Modane (Valfréjus) ou La Léchère, enregistrent une baisse globale d’activité.
Le poids du réchauffement climatique
L’Insee rappelle que le réchauffement climatique frappe plus durement les territoires de montagne que la plaine. La baisse de l’enneigement (–30 % en moyenne entre 1961-1990 et 1991-2020) et la fragilité financière de certaines stations accentuent les tensions. La fermeture de l’Alpe du Grand Serre en Isère en 2025, après plus de 85 ans d’activité, illustre cette réalité. Face à ces enjeux, la diversification estivale devient une stratégie incontournable pour assurer la viabilité économique des stations.
Entre opportunités et incertitudes
Les chiffres montrent que la région Auvergne-Rhône-Alpes, premier territoire de ski en France, vit une période de transition. L’essor des activités estivales témoigne d’une volonté d’adaptation, mais la dépendance persistante au modèle hivernal et les effets croissants du climat interrogent sur la résilience des stations. Les prochaines années diront si la diversification engagée permettra d’assurer leur équilibre économique et social.