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La plateforme GreenGo, spécialisée dans les séjours écoresponsables en France, vient de publier son classement 2025 des destinations les plus prisées par les voyageurs sensibles à l’environnement. Trois départements d’Auvergne-Rhône-Alpes se distinguent dans le top 10 : l’Ardèche, qui conserve sa première place, la Drôme, en progression, et la Haute-Savoie, en nette remontée par rapport à l’an dernier. Un palmarès qui, au-delà du symbole, interroge sur les retombées économiques d’un tourisme plus sobre, plus localisé, mais de plus en plus structurant pour les territoires concernés.

L’Ardèche, locomotive du tourisme nature

En tête du classement pour la quatrième année consécutive, l’Ardèche confirme sa position de destination phare pour les voyageurs en quête de déconnexion et d’authenticité. Près de 10 000 recherches ont été enregistrées sur la plateforme GreenGo pour ce seul département en 2024, et plus de 500 réservations ont été finalisées. Des chiffres modestes à l’échelle de l’industrie touristique, mais qui traduisent une tendance profonde : celle d’une clientèle nouvelle, prête à délaisser les grandes stations balnéaires au profit de territoires moins saturés, plus engagés et mieux desservis par les mobilités douces.

Ce succès n’est pas un hasard. Depuis plusieurs années, l’Ardèche capitalise sur un tourisme rural, centré sur la valorisation de son patrimoine naturel et la montée en qualité de son offre d’hébergement. Le parc naturel régional des Monts d’Ardèche, les gorges de l’Ardèche ou encore la grotte Chauvet participent à l’attractivité du territoire. Mais ce sont aussi les petites structures, les gîtes indépendants, les producteurs locaux et les initiatives de tourisme participatif qui font la différence. L’enjeu est désormais de canaliser cette attractivité croissante sans reproduire les écueils du surtourisme que connaissent d’autres régions.

Des retombées locales, mais encore peu mesurées

L’impact économique du tourisme durable reste difficile à chiffrer précisément. Contrairement au tourisme de masse, qui s’appuie sur des flux importants concentrés sur des périodes courtes, le tourisme responsable s’étale dans le temps, privilégie les séjours hors saison et repose sur une logique de répartition des bénéfices plus horizontale. Dans un département comme la Drôme, quatrième du classement, les hébergeurs partenaires de GreenGo sont souvent de petits exploitants, situés en zone rurale, qui voient dans cette nouvelle clientèle un levier de pérennisation de leur activité.

À Die, Crest ou Nyons, les acteurs locaux témoignent d’un intérêt croissant pour ce type de tourisme, y compris du côté des collectivités. Le département a engagé plusieurs démarches pour structurer l’offre écoresponsable, notamment autour des circuits courts, du vélo-tourisme et de la mise en valeur des savoir-faire artisanaux. Les intercommunalités investissent aussi dans des infrastructures plus sobres, comme des aires d’accueil pour vans autonomes ou des stations de recharge solaire pour vélos électriques.

La Haute-Savoie, en quête d’un nouveau modèle

Septième au classement 2025, la Haute-Savoie incarne un paradoxe. Département historiquement tourné vers le tourisme de montagne et les sports d’hiver, il subit de plein fouet les conséquences du changement climatique. Moins d’enneigement, des saisons plus courtes, une pression foncière intense : autant de facteurs qui poussent à repenser le modèle touristique traditionnel. La montée dans le classement GreenGo pourrait illustrer cette transition en cours.

Certaines vallées, à l’écart des grands domaines skiables, tirent désormais leur épingle du jeu grâce à une offre orientée « quatre saisons ». Randonnées, agriculture de montagne, bains nordiques, séjours bien-être et stages de reconnexion sont devenus les nouveaux moteurs d’une attractivité plus résiliente. Pour les hébergeurs, cela se traduit par une diversification des clientèles, une réduction de la dépendance à la neige, et une meilleure répartition annuelle des revenus.

Quand la demande oriente l’offre : un effet d’entraînement sur les TPE locales

GreenGo l’affirme : les territoires où l’offre écoresponsable est la plus dense sont aussi ceux qui attirent le plus de voyageurs. Autrement dit, l’implication des hébergeurs, des restaurateurs et des prestataires de loisirs dans une démarche durable crée un cercle vertueux. C’est une réalité qui se vérifie en Auvergne-Rhône-Alpes, où plusieurs départements investissent activement dans l’accompagnement des entreprises touristiques vers la transition.

Dans l’Allier par exemple, le parc zoologique Le Pal — cité dans le communiqué — a accueilli plus de 700 000 visiteurs en 2024, en misant sur une logique pédagogique et environnementale forte. Ce type d’initiative, bien que plus proche du modèle de parc à thème, démontre qu’il est possible de concilier attractivité touristique, responsabilité écologique et retombées économiques significatives. À l’échelle des territoires, cela se traduit par de l’emploi non délocalisable, des contrats locaux, et une fidélisation de la clientèle sur le long terme.

Un marché en structuration, pas encore mature

Si la dynamique est encourageante, elle reste fragile. La majorité des hébergements référencés sur GreenGo sont de petite capacité, souvent portés par des indépendants, et reposent sur des équilibres économiques parfois précaires. Le passage à l’échelle pose question : comment conserver une exigence environnementale forte sans devenir un produit standardisé ? Quelle place accorder à ces structures dans les stratégies régionales de développement touristique, encore largement dominées par les grandes marques et offices de tourisme ?

Des initiatives voient le jour pour accompagner ce mouvement. En Auvergne-Rhône-Alpes, des programmes de formation dédiés au tourisme durable commencent à émerger, ainsi que des fonds d’aide à la rénovation écologique des hébergements touristiques. Mais le besoin d’un cadre plus lisible, plus incitatif, reste prégnant. Le secteur a besoin d’indicateurs économiques clairs, de dispositifs de financement adaptés et d’une reconnaissance institutionnelle à la hauteur des enjeux.

Vers une redéfinition de l’attractivité touristique régionale

Le classement GreenGo 2025 n’est pas une simple photographie des envies des vacanciers. Il révèle en creux une transformation plus profonde de la manière dont les territoires se rendent attractifs : moins de volume, plus de valeur ; moins de marketing, plus de sens. Pour les entreprises implantées en Auvergne-Rhône-Alpes, cette mutation représente autant un défi qu’une opportunité.

Alors que la transition écologique s’impose comme un impératif à tous les niveaux, le tourisme durable peut devenir un levier stratégique de développement local. À condition, toutefois, que les retombées soient mieux documentées, mieux redistribuées et qu’elles s’inscrivent dans une vision à long terme, partagée entre acteurs publics et privés. Car derrière les classements et les tendances se dessine une question cruciale : quelle économie du tourisme voulons-nous demain ?