À Lyon, l’exécutif écologiste veut choisir les banques avec lesquelles il travaille, vertes de préférence : la morale au détriment de l’efficacité ?
Plus question d’emprunter de l’argent sans morale : la ville de Lyon a voté lors du dernier conseil municipal un dispositif de sélection des banques auprès desquelles elle empruntera dorénavant 400 millions d’euros.
Il faut savoir que les emprunts bancaires de la municipalité s’élèvent bon an, mal an, à quelque 400 millions d’euros.
» La Ville s’engage à emprunter auprès des banques qui ont une stratégie de limitation des impacts négatifs de leurs financements pour le climat et le vivant. » Tel est le texte de la délibération votée par la majorité écologiste et de gauche.
Comment cette décision forte qui n’est pas passée inaperçue va-t-elle se passer concrètement ?
Un questionnaire sera adressé chaque année afin que les banques désireuses de travailler avec la mairie lyonnaise déclarent leurs actions en matière de préservation de la biodiversité ou de lutte contre la déforestation, leurs soutiens au développement des énergies renouvelables, mais encore, y précisant leur stratégie de réduction d’émissions de CO2.
Ce questionnaire comprend dix-huit questions portant essentiellement sur l’action de la banque en matière de la responsabilité environnementale que notre confrère le journal « Le Monde » a pu consulter.
Exemple de question : « Votre établissement participe-t-il à des projets relevant du secteur des énergies fossiles ? »
En parallèle une question porte sur le soutien des banques aux énergies renouvelables.
Une question porte notamment sur la présence ou non de la banque dans les paradis fiscaux. Ce qui, pour cette seule question, devrait drastiquement restreindre le choix des banques si elles répondent avec sincérité, ce qu’elles auraient sans nul doute intérêt à faire…
Audrey Hénocque, 1ère adjointe chargée des finances et de la commande publique précise en effet que « les réponses seront bien vérifiées par les services… »
Ce questionnaire a été construit par deux ONG : Oxfam et Reclaim Finance.
Entre morale et efficacité, l’opposition voit dans cette démarche une « vision moralisatrice ».
« Nous préférerions vous voir négocier de bons taux, en toute impartialité », a estimé Béatrice de Montille, élue du groupe droite centre et indépendants.
Pour Georges Képénékian, le patron du groupe Progressistes et Républicains, pas de doute, « la méthode est brutale » .
Obligation verte Dernière démarche de l’exécutif écologiste, active celle-là et non défensive : la Ville de Lyon a dans le même temps décidé de lancer une « obligation verte », commercialisée par une banque… verte, selon son surnom, en l’occurrence Le Crédit Agricole destiné aux investisseurs, avec un objectif de récolter de 10 à 20 millions d’euros…
Reste à savoir si ce choix en phase avec la démarche de l’exécutif et sans nul doute cohérente, ne va pas néanmoins s’opérer au détriment des taux, ceux-ci risquant, en limitant probablement drastiquement le choix bancaire et donc limitant la concurrence, d’être plus élevé.
Entre la morale et l’efficacité, les Verts ont arbitré.